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La foi s'oppose-t-elle à la raison ?

Publié le 16/03/2004

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■ Comme son étymologie (le latin fides) l'indique, la foi est « confiance « : le fidèle (littéralement « celui qui a la foi «) s'en remet à Dieu parce qu'il se sait borné, fini, et que Dieu est puissance infinie. La foi est alors une conviction qui engage tout l'individu, une adhésion totale à ce qui reste pour lui un mystère indéchiffrable et qui peut être vécue, comme l'a montré Kierkegaard, dans l'angoisse.  ■ Se pose alors le problème des rapports entre la foi et la raison c'est-à-dire entre la religion et la philosophie. L'acte de foi a rapport à des vérités jugées essentielles, mais mystérieuses, situées au-delà de ce que la raison peut saisir, et qui sont l'objet d'une révélation et non d'une compréhension. Pascal les appelait, pour les distinguer des vérités de raison, des « vérités du cœur «.  ■ Est-ce à dire que les deux domaines de la foi et de la raison sont totalement séparés ? Les rapports entre la philosophie et la religion ont toujours été complexes. Dès le Moyen Âge, certains philosophes théologiens (Anselme de Canterbury, Thomas d'Aquin...) ont affirmé le principe d'une collaboration entre la foi et la raison en cherchant à mettre la philosophie « au service de la théologie «. Mais il reste que du point de vue religieux,  ■ « c'est incontestablement sur la faiblesse de la raison que se fonde la nécessité de la foi. Les religieux peuvent ainsi voir un risque de profanation dans la prétention de la philosophie à discourir sur Dieu, sur l'origine du monde ou sur l'âme, qui relèvent des mystères de la révélation. Inversement, la philosophie a eu à secouer le joug que les siècles religieux du Moyen Âge ont fait peser sur elle, et à revendiquer son autonomie, c'est-à-dire le droit de la raison à réfléchir librement, sans être limitée ni contrainte par les dogmes religieux.

  • I) La foi s'oppose à la raison.

a) La foi est irrationnelle. b) La foi rassure, la raison inquiète. c) La foi est divine, la raison n'est qu'humaine.

  • II) La foi ne s'oppose pas à la raison.

a) Certains philosophes avaient la foi. b) La raison peut s'unir à la foi. c) La croyance en la raison est un acte de foi.

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« C'est sur le terrain de la raison que la raison a raison et, s'il n'y a rien endehors d'elle, elle est réponse à tout (« Tout le réel est rationnel et toutle rationnel est réel »).

A tel point qu'elle ne pourrait tenter de se nierqu'en s'affirmant.

Mais peut-elle rendre raison d'elle-même ? Le croireserait s'engager dans un processus de régression à l'infini, dont on nepeut sortir que par un saut hors de la raison...

un acte de foi dans laraison...

tout à fait irrationnel.

Il n'y a pas de raison de la raison.

Et si laraison trouve sa limite dans une réflexion sur son fondement, elle enrencontre une autre en se heurtant à l'existence.

Kant avait bien montréque l'existence, absolue position d'une chose, échappe à toutedémonstration, mais il persistait à aligner l'existence du sujet éthiquesous l'universalité de la raison pratique (le devoir).

Le sujet, deDescartes à Hegel, n'est qu'une abstraction qui ôte à l'existence sonexistence : tel est le point de départ de la révolte de Kierkegaard contrele rationalisme.

La conversion à l'existence est l'acte par lequel le peseursubjectif se détourne de l'universalité des règles de la raisonuniformisant les règles de vie, pour se penser comme individu, « êtreparticulier existant, qui prend la décision absolue sur le plan del'existence » (« Post-Scriptum...

»).

La vérité de l'existence humaine esttoute entière dans le sens que lui assigne le choix subjectif de l'individu.Si chez l'animal, l'espèce est plus importante que l'individu, car celle-ciimpose en quelque sorte à celui-là ses règles.

Chez l'être humain, l'individu prévaut sur l'espèce qui ne décide pas pour lui.

L'individu doit choisir pour son propre compte sanspouvoir se dérober.

L ‘homme n'a donc pas un existence spéculative mais concrète et c'est dans et par cetteconfrontation concrète aux « possibles » que l'homme donne forme à sa singularité et devient par là même un «individu ».

Mais l'individu paie cette liberté du choix par l' « angoisse » qui est sentiment de malaise devantl'inconnue de la possibilité.

L'existence est possibilité cad « angoisse ».

Et c'est cette vérité subjective querecherche Kierkegaard dans les « Etapes sur le chemin de la vie ».

Or la leçon que donne l'existence de laraison est qu'elle ne se plie pas à ses exigences.

Elle est par essence paradoxale, car chaque véritéexistentielle a sa contrevérité, non moins vraie qu'elle .

Ainsi, l'homme esthétique qui a choisi l'aventure, lajouissance instantanée fera l'amère expérience de l'insatisfaction.

Pour avoir placé le définitif dans l'instant, savie ne sera qu'un temps vide, car il faut que l'instant meure pour que l'instant naisse.

Avec le juif errant etFaust, Don Juan sera la figure de l'existence esthétique oscillant entre le plaisir immédiat et le désespoir.

Pouravoir choisi de ne pas s'attacher, Don Juan, de conquête en conquête, ne connaîtra que des échecs, savictime se dérobe au moment même où elle s'abandonne et la femme en soi n'est jamais possédée.

Pour lui,chaque femme représente une possibilité d'existence.

Mais il choisit de ne pas choisir et reste suspendu entretoutes les possibilités qu'offrent ses conquêtes.

A les vouloir toutes, Don Juan sombre dans l'angoisse du riendu tout, de la vacuité.

Puisque l'instant est son plaisir, son plaisir ne dure qu'un instant.

Vivant en prédateur etnon en constructeur, Don Juan ne peut jouir que dans l'instant et le particulier et non dans le général et ledurable.

A courir trop de proies, le chasseur ne revient qu'avec l'ombre.

L'ironie –présence implicite de l'éthiquedans l'esthétique- peut permettre à l'individu d'échapper à cette existence inconsistante pour se convertir àl'existence éthique.

L'ironie, définie comme la plaisanterie derrière le sérieux, lui fera prendre conscience que laliberté du vide n'est qu'un vide de liberté.

Et que le choix est nécessaire, car il est le facteur le plus puissantd'individualisation de sa personnalité.

La volonté de l'homme éthique pose le bien et le mal en s'opposant à lavelléité de l'homme esthétique.

L'instant qui représentait tout pour l'esthète n'était rien puisqu'il ne servait pasà faire un choix essentiel, existentiel et décisif mais à maintenir l'individu entre différents possibles.

L'éthicien,homme de bonne volonté, soumet l'existence à l'unité de la règle (le devoir dans la vie conjugale, familiale,professionnelle, confessionnelle, la vie éthique selon Hegel).

Continuité du devoir, fidélité à lui-même et auxautres, il se conforme à l'universel et vit dans la durée.

Si la figure de la vie esthétique est celle du séducteur,celle de la vie éthique prend les traits de l'époux, de l'homme marié.

Passage de l'homme à femmes à l'hommed'une femme.

Mais, ce dernier peut bien y trouver quelque joie mais il lui échappe que l'existence est rebelle àl'alignement.

Ainsi à vouloir pérenniser l'amour dans l'institution du mariage, l'homme éthique met en place lesconditions du désamour (édulcoration du sentiment dans la routine).

D'une manière ou d'une autre l'existencerappelle l'homme éthique à sa contingence : l'erreur, la trahison, la souffrance, la maladie, la mort...

rompent lebel édifice de l'existence éthique.

On le verra avec encore plus d'acuité dans la troisième et dernière sphère, lareligieuse : exister, n'est pas naviguer sur un long fleuve tranquille ! Mais affronter les tempêtes.

Toutes lestempêtes ! Par l'humour, l'individu peut prendre ses distances par rapport à la dérision de l'existence éthiqueL'humoriste s'élève au-dessus de tout et de lui-même, il prend conscience de son néant.

Il Sa révision desvaleurs est plus complète que celle de l'ironiste qui jamais ne doutait de son moi et en voulait faire la normeabsolue du monde.

L'ironie voulait marquer la domination absolue de la subjectivité, du moi, ce que ne veut pasl'humour qui rit là où attendait des larmes (le sérieux derrière la plaisanterie).L'humour est une prise de conscience de la limite de la condition humaine, de la rencontre entre notre finitudeet la conscience de notre éternité.

L'humoriste est celui qui est conscient de l'infirmité de la raison, del'insuffisante du général pour réaliser toutes les aspiration de l'individu.La foi est le saut qualitatif qui introduit et constitue l'existence religieuse.

Le paradigme de la foi est le dramed'Abraham qui reçut de Dieu l'ordre d'immoler son fils Isaac sur une montagne de Moriyya (« Crainte &Tremblement »).

Scandale absolu.

Injustifiable par la théologie rationnelle, car toute tentative de justificationfait de Dieu un donneur de leçon soumettant la foi à l'épreuve, et d'Abraham un ratiocineur spéculant sur lesintentions divines.

Le sens de la foi est d'être une obéissance sans condition, envers et contre les certitudes. »

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