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LA FORMATION DE BLAISE PASCAL

Publié le 04/04/2011

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Avant de devenir l'adversaire acharné de Montaigne, Pascal a reçu une éducation qui suit, dans l'ensemble, les préceptes fameux du chapitre de l'Institution des Enfants.    D'après le récit de Gilberte Périer, nous pouvons dégager les caractères essentiels de cette éducation :    • individuelle et permanente, elle est donnée par un précepteur, en l'occurrence Etienne Pascal, qui s'y consacre tout entier et la poursuit à toute heure du jour, même à table.    • soigneusement adaptée a l'enfant, qui est sans cesse tenu au-dessus de son ouvrage afin de n'être jamais dépassé par les difficultés, elle ne cherche pas pour autant la facilité en flattant ses goûts. Pour éviter que son fils ne soit accaparé par les sciences, car la mathématique est une chose qui remplit et qui satisfait beaucoup l'esprit, E. Pascal lui fait d'abord apprendre le latin et le grec.

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« # peut-être aussi le désir de ne rien ignorer de ce qui touche l'homme et de briller dans le monde des honnêtes genscomme il brillait déjà dans celui des savants. Il est probable que Pascal a fréquenté les salons les plus cotés et sans doute l'Hôtel de Rambouillet où la préciositén'était pas encore morte.

En tout cas, si d'abord il se montre gauche et emprunté, il ne tarde pas à faire desprogrès remarquables et bientôt, dans ce domaine encore, ses maîtres n'ont plus rien à lui enseigner. Que va-t-il apprendre? # à pratiquer cette règle essentielle de la politesse qui veut que l'on se mette toujours à la place des autres sanschercher à imposer sa propre personnalité.

Les Provinciales montreront bientôt à quel degré de maîtrise il estparvenu dans cet art; # à connaître l'homme en général et les passions qui le font agir.

Surtout il fréquente les « libertins », mondains ouesprits forts.

Il écoute leurs arguments, il lit les livres qui leur plaisent : Montaigne, le grand maître des sceptiquesqui cherchent à bien vivre; Epictète, celui des néo-stoïciens, admirateurs de la morale antique ; # à découvrir les secrets d'un art de persuader, bien différent de la démonstration géométrique.

Les gens du mondesont rebelles à l'enchaînement rigoureux des propositions; cette rigueur pesante les rebute.

Ils ont d'ailleurs unautre instrument pour connaître la vérité : c'est l'intuition : Y esprit de finesse qui d'un seul regard leur permet desaisir une multitude d'objets.

Quand Pascal préparera son Apologie de la religion, il n'oubliera pas qu'à côté de l'artde convaincre, il existe l'art d'agréer. On parle souvent de conversion à propos de la vie spirituelle de Pascal; mais il faut se garder de désigner par ce motun passage plus ou moins brutal de l'incrédulité à la foi (comme l'on parle de la conversion de Félix ou de Paulinedans Polyeucte) : il s'agit essentiellement d'un élan nouveau que reçoit une foi jusqu'alors un peu tiède; désormais,Dieu envahit tout dans une vie qui se contentait auparavant de lui faire sa part à côté de celle du monde. Il y a dans ce sens DEUX conversions de Pascal : • la première à Rouen (1646), sous l'influence de deux gentilshommes, jansénistes et médecins amateurs, quisoignent Etienne Pascal, victime d'un accident.

Mais, après avoir converti toute sa famille et obtenu unerétractation officielle d'un capucin, le frère Saint-Ange, dont les sermons ne lui paraissaient pas orthodoxes, Pascal,semble-t-il, laisse sa foi s'assoupir peu à peu. • La seconde, en revanche, sera définitive (1654).

Elle est déterminée beaucoup moins sans doute par l'accident devoiture du pont de Neuilly 1 que par l'exemple et les prières de Jacqueline, entraînant une âme que ni la science ni lemonde n'avaient pu satisfaire. Pendant la nuit du 23 au 24 novembre, Pascal connaît, deux heures durant, une véritable extase.

Il est envahi par lacertitude et la joie.

Il pleure et décide de renoncer au monde, de se soumettre entièrement à Jésus-Christ et à sondirecteur.

Il rédige un mémorial de ces instants et le gardera toute sa vie, cousu dans la doublure de son habit.Désormais, il va participer pleinement à l'activité religieuse de Port-Royal. Port-Royal est alors le foyer officiel du jansénisme. Etudiant de très près saint Augustin, Jansen, évêque d'Ypres, venait de donner dans un gros ouvrage, l'Augustinus(1640), une interprétation exagérément pessimiste du dogme (c'est-à-dire de la doctrine tirée de l'Evangile et descommentaires des Pères de l'Eglise1). Selon l'interprétation optimiste, défendue par saint François de Sales et par les Jésuites, particulièrement parl'espagnol Molina, Dieu est vraiment notre père : il est prêt à pardonner nos fautes si nous en avons le repentir, et ilnous donne à tous la grâce suffisante, qui doit nous permettre de résister à chaque tentation.

L'homme est capablede faire le bien; et il peut participer à son salut en rendant efficace la grâce suffisante.

Jésus-Christ est lemédiateur entre l'homme et Dieu.

Il est venu parmi les hommes, Il leur a donné ses enseignements, Il s'est sacrifiépour aider au rachat de tous. Mais, si nous croyons les pessimistes, Dieu, courroucé par la désobéissance du premier homme, devrait punir tousles hommes.

Sa bonté fait cependant qu'il en sauve quelques-uns, en donnant à ces prédestinés une grâcedirectement efficace.

L'homme, créature déchue, est incapable de faire le bien; comme une source empoisonnée quine peut plus désormais donner d'eau pure, notre nature, viciée par le péché, ne peut accomplir que des actionscorrompues.

Jésus-Christ n'est donc pas mort pour tous les hommes, mais seulement pour le petit nombre desprédestinés. Cette doctrine austère aurait pu conduire à une sorte de fatalisme et à l'abandon total des pratiques religieuses.Pourtant l'ignorance où nous nous trouvons en face de notre destinée ne peut rien ôter à la grandeur de Dieu et à lavaleur de ses commandements.

Adorer Dieu, prier pour l'humanité, faire le bien en appliquant les préceptes del'Evangile, n'est-ce pas la meilleure manière d'employer sa vie? C'est ce que soutiennent les âmes d'élite quiembrassent le Jansénisme, et elles ne sont pas rares au XVIIe siècle.. »

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