La Justice en philosophie
Publié le 15/07/2025
Extrait du document
«
La loi comme fondement de la vie juste en société
La fonction première de la loi est d’établir un cadre commun, stable et applicable à tous.
Elle rend
possible une coexistence pacifique, en définissant ce qui est autorisé et ce qui ne l’est pas.
En ce
sens, elle vise à prévenir l’arbitraire et à garantir l’égalité formelle entre les citoyens .
Chez Aristote , dans Éthique à Nicomaque , la justice légale correspond à la conformité aux lois de
la cité ( polis ).
Il en souligne l’importance pour l’harmonie collective, tout en reconnaissant qu’une
loi générale peut être inadaptée à certaines situations particulières.
Il introduit alors la notion
d’ équité ( epieikeia ), qui consiste à corriger la loi en fonction du cas concret, pour se rapprocher
davantage de la justice véritable.
Chez Platon , dans Les Lois , le droit ne repose pas sur un accord entre citoyens, mais sur une
vision rationnelle du bien.
Il s’agit d’ orienter les âmes vers l’ordre et la vertu , grâce à une
législation qui exerce à la fois une fonction disciplinaire et éducative.
Toutefois, Platon ne renonce
pas à toute forme de participation : son régime reste partiellement mixte , associant institutions
hiérarchisées et formes de persuasion civique, même s’il ne repose pas sur un fondement
démocratique.
Dans les sociétés modernes, le droit vise aussi à traduire certains idéaux moraux.
Ainsi, le droit du
travail , en limitant la durée du temps de travail ou en encadrant les licenciements, protège la
dignité des salariés.
De même, les lois interdisant les discriminations sexuelles, raciales ou
religieuses s’efforcent d’incarner un principe d’égalité morale .
Le droit cherche donc à représenter des valeurs partagées et à garantir un minimum de justice
dans les relations sociales.
La loi peut s’écarter de la justice morale
Mais il ne suffit pas qu’une loi soit adoptée selon des procédures légales pour qu’elle soit juste.
L’histoire montre que des lois peuvent être parfaitement légales, mais profondément
immorales : les lois raciales aux États-Unis, les lois de ségrégation en Afrique du Sud ou les
législations autorisant la torture ou la censure dans certains régimes autoritaires.
Saint Augustin , dans La Cité de Dieu , formule une distinction décisive : Lex iniusta non est
lex — « une loi injuste n’est pas une loi ».
Il ne nie pas la validité juridique de la règle — qui
peut être effectivement appliquée — mais son lien à la justice véritable , qu’il fonde dans l’ordre
divin.
Ainsi, la légalité n’est pas un critère suffisant de légitimité : une loi n’est juste que si elle
participe à un ordre moral supérieur.
La figure de Socrate illustre cette tension.
Dans L’Apologie , il affirme qu’il continuerait à
philosopher même si la cité lui ordonnait de se taire, car il obéit à une exigence morale
supérieure .
Mais dans Criton , il refuse de fuir sa condamnation, par respect pour les lois de la
cité auxquelles il a consenti en vivant à Athènes.
Cette position n’exprime pas une hiérarchie
simple, mais une tension interprétative : Socrate semble osciller entre le respect du droit établi et
la fidélité à sa conscience.
Il incarne ainsi le conflit possible entre obligation légale et exigence
éthique .
Cette question devient centrale chez Hannah Arendt , dans Eichmann à Jérusalem .
Elle analyse
le cas d’un fonctionnaire nazi qui applique les lois de son pays sans les remettre en question.
Arendt montre que l’obéissance légale peut dissimuler une abdication du jugement moral .
Ce
qu’elle appelle la « banalité du mal », c’est justement cette capacité à faire le mal sans haine,....
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