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La liberté - cours de philosophie

Publié le 10/08/2014

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philosophie

 

En agissant, nous nous croyons libres ; en pensant notre action, nous la tenons pour déterminée. De même tout acte humain nous paraît à la fois émaner d'une libre décision et résulter d'un caractère. Faut-il donc, dans le monde des phénomènes, faire une part au déterminisme, une autre à la liberté ? Faut-il supposer, au-delà du déter­minisme des phénomènes, une liberté métaphysique ? On peut en effet concevoir, au sein même de la nature, une liberté se confondant avec l'absence de déterminisme et, hors de la nature, une liberté posant le déterminisme, liberté qui serait le propre de l'esprit. User de la première, c'est, pour l'homme, abandonner ses jugements à l'indif­férence, à la contingence, à l'erreur. Vouloir atteindre la seconde, c'est découvrir en soi l'esprit, et faire effort pour s'y soumettre tout entier.

A. — Liberté et nécessité

a) Comme le remarque RENOUVIER, « l'homme se croit libre : en d'autres termes, il s'emploie à diriger son activité comme si les mouvements de sa conscience et, par suite, les actes qui en dépendent... pouvaient varier par l'effet de quelque chose qui est en lui et que rien, non pas même ce que

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lui-même est avant le dernier moment qui précède l'action, ne

prédétermine «.

Notre croyance en la liberté repose :

1.Sur une sorte d'expérience intérieure que nous en avons (nos actes volontaires nous apparaissent en effet comme libres). Certains philosophes, tel DESCARTES, ont considéré cette expérience intérieure comme suffisant à établir notre liberté.

2.Sur les nécessités de l'action (nous ne pouvons agir qu'en nous croyant libres).

3.Sur les exigences de la morale. Si l'homme n'est pas libre en effet, comment parler de devoir, de responsabi­lité ?

Mais dire qu'un homme est libre, c'est déclarer que, ayant eu, par exemple, à choisir entre deux décisions et ayant pris l'une d'elles, il aurait pu ne pas prendre la décision qu'il a prise. La liberté implique la contingence. Autrement dit elle suppose que certains faits, certains actes auraient pu ne pas être, ou être autres que ce qu'ils sont.

b) Or, comme le remarque SPINOZA, «il est de la nature de la raison de concevoir les choses non comme contingentes, mais comme nécessaires «. Placés devant un fait quel­conque, nous affirmons qu'il a une raison d'être, qu'il est nécessaire, qu'il n'aurait pas pu être autre que ce

qu'il est. Et l'on sait que la science affirme que la nature est soumise au déterminisme le plus strict.

Comment donc concevoir le rapport de la liberté (dont notre conscience nous donne l'expérience et qu'exige la morale) et de la nécessité universelle qu'exige notre rai­son ? On voit la difficulté du problème. L'affirmation de la liberté et celle du déterminisme semblent l'une et l'au­tre s'imposer, et pourtant s'opposer et s'exclure. Faut-il donc choisir entre elles ? Peut-on parvenir à les concilier ? Il importe, pour examiner cette question, de définir avec précision la liberté qu'exige notre conscience, et la portée du déterminisme qu'affirment la science et la raison.

B. — Formes de la liberté

La liberté est le plus souvent définie négativement, et par l'indépendance à l'égard d'une contrainte. Ainsi, l'homme libre est celui qui n'est pas esclave, ou prison­nier. Mais cette définition négative suppose toujours quelque pouvoir, quelque réalité positive, que l'on tient pour le siège de la liberté.

a) Ainsi, la liberté physique et la liberté politique se définissent par l'indépendance de l'individu vis-à-vis du milieu dans lequel il se trouve. Mais elles n'ont de sens que parce qu'on suppose que l'individu a des tendances et des désirs. L'homme libre est ici celui qui a le pouvoir de faire ce qui lui plaît. Sa liberté est celle de son désir par rapport aux contraintes extérieures.

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b) La notion de liberté psychologique semble résulter de l'intériorisation de ce rapport. Ici notre liberté ne se définit plus par rapport au monde, mais par rapport à nous-mêmes. Elle a trait non à nos actes, mais à nos décisions. L'homme, en effet, trouve en lui des forces qui lui paraissent étrangères, qui peuvent déterminer des actes dont il ne se sent pas véritablement l'auteur. Ces forces, il les nomme passions, instincts ou impul­sions : le premier moment du processus volontaire est de les inhiber. Alors l'homme se retourne vers soi, essaie de se penser dans le futur, d'apercevoir ses désirs les plus profonds, ses tendances les plus durables. Et l'acte volon­taire sera accompli selon le moi total, présent et futur. La volonté apparaît donc comme libre par rapport à nos tendances.

On voit que notre liberté consiste ici dans le fait que nos actes sont déterminés, non par des tendances incons­cientes et partielles, mais par la volonté, celle-ci étant considérée comme un effort pour réaliser, grâce à la cons­cience, la synthèse de nos tendances et pour choisir, entre plusieurs actes possibles, le plus propre à satisfaire et à exprimer notre moi. L'acte libre est celui qui émane, non d'une partie de nous-mêmes, mais de notre moi total et unifié. C'est en ce sens que l'on a pu dire que la liberté était non une donnée, mais un idéal, et le fruit d'une pénible conquête.

La notion de volonté est cependant moins claire que d'abord il ne semble. La psychologie, qui se place au point de vue de la science, l'analyse et y fait la part de l'imagination, des tendances, de la raison. Mais n'est-ce

 

pas là la réduire au déterminisme ? Et tout ne résulte-t-il pas, en dernière analyse, des forces en présence ? Sans doute le déterminisme psychologique n'est-il pas un déroulement aveugle de causes et d'effets. La prise de conscience des tendances, des motifs et des mobiles, l'ef­fort de réflexion fait pour concilier les forces contradic­toires qui se trouvent en nous, pour découvrir l'acte qui satisfera le plus grand nombre de nos tendances, ou les plus profondes d'entre elles, tout cela joue, dans le pro­cessus volontaire, un rôle déterminant. Mais l'acte volon­taire est bien « causé « par ces facteurs et, en dernière analyse, par nos tendances.

philosophie

« 88 PLANS DE PHILOSOPHIE GÉNÉRALE lui-même est avant le dernier moment qui précède l'action, ne prédétermine».

Notre croyance en la liberté repose: 1.

Sur une sorte d'expérience intérieure que nous en avons (nos actes volontaires nous apparaissent en effet comme libres).

Certains philosophes, tel DESCARTES, ont considéré cette expérience intérieure comme suffisant à établir notre liberté.

2.

Sur les nécessités de l'action (nous ne pouvons agir qu'en nous croyant libres).

3.

Sur les exigences de la morale.

Si l'homme n'est pas libre en effet, comment parler de devoir, de responsabi­ lité? Mais dire qu'un homme est libre, c'est déclarer que, ayant eu, par exemple, à choisir entre deux décisions et ayant pris l'une d'elles, il aurait pu ne pas prendre la décision qu'il a prise.

La liberté implique la contingence.

Autrement dit elle suppose que certains faits, certains actes auraient pu ne pas être, ou être autres que ce qu'ils sont.

b) Or, comme le remarque SPINOZA, «Ü est de la nature de la raison de concevoir les choses non comme contingentes, mais comme nécessaires».

Placés devant un fait quel­ conque, nous affirmons qu'il a une raison d'être, qu'il est nécessaire, qu'il n'aurait pas pu être autre que ce. »

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