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La liberté de penser se réduit-elle à la liberté d'expression ?

Publié le 29/09/2005

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    II. La liberté de penser s'expérimente dans le fait de pouvoir penser par soi-même, donc la liberté d'expression ne suffit pas à garantir la liberté de penser (elle n'est pas une condition suffisante de la liberté de penser)               Réduire la liberté de penser à la liberté d'expression, c'est considérer que la pensée est en quelque sorte à la disposition de chaque sujet, et que si nulle interdiction sur le plan politique ou juridique ne l'empêche de s'en servir, il pourra le faire. Mais si l'on entend la liberté de penser comme la liberté de la pensée elle-même, c'est-à-dire comme la liberté de penser par soi-même, alors la liberté d'expression  (ne pas être contraint de l'extérieur dans l'exercice de sa propre pensée) ne suffit plus à garantir la liberté de penser. Dans Alcibiade, Platon met en scène Socrate et Alcibiade. Alcibiade veut faire de la politique, et en tant que citoyen athénien il est tout à fait libre de s'exprimer. Mais Socrate lui montre qu'il ne se connaît pas lui-même, parce qu'il ignore que son moi profond est constitué par son âme, c'est-à-dire principalement par sa capacité de penser, d'interroger par lui-même le sens de notions comme le juste ou l'injuste. Alcibiade doit donc apprendre à penser par lui-même, et c'est à cette condition seulement qu'il sera libre de penser. On voit donc que la liberté de penser est le produit d'un travail du sujet sur lui-même, que ce n'est pas du tout quelque chose de donné mais quelque chose à conquérir, et dans ce sens la liberté d'expression ne suffit pas du tout à la garantir.   III. La liberté de penser peut parfois surmonter l'absence de liberté d'expression               On peut se demander si la liberté de penser au sens positif de capacité à penser par soi-même, ne peut pas dans certains cas être une arme pour surmonter une situation où la liberté de penser au sens négatif (liberté d'expression), n'est pas assurée.

La liberté de penser peut s’entendre en deux sens différent. On peut désigner tout d’abord par là le fait de ne pas être empêché par une contrainte extérieure dans l’exercice de sa propre pensée. Il s’agit donc d’une liberté négative : ne pas être empêché de penser. Or dans ce premier sens il semble bien que la liberté de penser se réduise à la liberté d’expression, puisque si l’on n’interdit pas à quelqu’un de s’exprimer, comment lui interdire de penser ? En effet la pensée ne devient visible pour les autres, et donc susceptible d’être contrainte par eux, que lorsqu’elle s’incarne dans l’expression. Dès lors, si on lui accorde le droit de s’exprimer, on n’a plus aucun moyen de contraindre sa pensée. Mais la liberté de penser peut aussi s’entendre en un sens positif, comme la liberté de la pensée elle-même. On désigne par là la capacité qu’a un sujet à penser par lui-même, à ne pas adopter sans examen les opinions des autres ou les idées toutes faites. Cette liberté de penser par soi-même ne se réduit pas à la liberté d’expression, car on peut avoir le droit de s’exprimer sans pour autant être capable de penser par soi-même, parce que l’on n’a pas encore pris conscience que l’on peut évaluer soi-même la vérité ou la fausseté de certains jugements en usant de sa propre raison. Cette liberté de penser par soi-même ne peut jamais être assurée seulement par un droit négatif (ne pas être empêché de s’exprimer), mais doit se conquérir par le sujet lui-même.

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