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La liberté humaine est-elle limitée par la nécessité de travailler ?

Publié le 17/01/2022

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Qui peut affirmer ne s'être jamais laissé aller à dire, étant enfant, 'maman, je n'ai pas envie d'aller à l'école; ou de répondre adulte 'moi non plus, je ne veux pas travailler mais il le faut!'. La nécessité du travail semble donc parfois très contraignante et s'oppose à nos désirs. Cela nous permet-il de dire que la liberté humaine est limitée par la nécessité de travailler ? Pourquoi l'homme doit-il travailler ? En quoi, à première vue la nécessité du travail semble-t-elle limiter la liberté ? Cette nécessité qui s'impose à nous n'est-elle pas au contraire une chance de libération à plus long terme ? Ce conflit entre liberté et travail ne montre-t-il pas la puissance de la conscience humaine ?  

Se fatiguant à la tâche, les hommes rêvent souvent de loisir, de temps libre et éprouvent le travail, dont ils ont besoin pour vivre, comme un poids, une contrainte; on peut se demander s'il en est nécessairement ainsi et si la nécessité de travailler constitue une limitation de la liberté humaine. Nous verrons que, si elle constitue une limitation de la liberté naturelle, la nécessité de travailler peut être une dimension importante de la liberté proprement humaine, à condition de ne pas se transformer en aliénation de l'homme par l'homme.

 

 

  • I. LA SPÉCIFICITÉ DU TRAVAIL HUMAIN
  • II. La nécessité de travailler : une limitation de la liberté naturelle...
  • III.... mais risque d'aboutir à l'aliénation de l'homme par l'homme.

 

« subvenir à leurs besoins. • Une contrainte renforcée par la division du travail.Dans la « République », Platon affirme que c'est « l'impuissance ù se trouvechaque homme de se satisfaire à lui-même et le besoin qu'il éprouve d'unemultitude de choses.

» (Livre II) qui donne naissance à une cité.

Il y a troisbesoins fondamentaux : la nourriture, l'habitation, le vêtement.

A ces troisbesoins correspondent trois travailleurs, « le laboureur, le maçon et letisserand », auxquels « nous pouvons ajouter le cordonnier » par souci desymétrie puisqu'il s'agit d'une reconstruction intellectuelle et non historique.

Apartir de là, Platon affirme que deux solutions sont possibles :• Soit ces quatre activités sont confiées à chaque travailleur qui partagerason temps de travail en quatre.

C'est ce qui se passe dans les communautésagraires « primitives ».• Soit chaque travailleurs se spécialise dans une des quatre activités et yconsacre la totalité de son temps de travail.

C'est ce qui existe dans lessociétés actuelles.

C'est ce qu'on appelle la division sociale du travail . D'abord elle correspond à la différence entre les aptitudes naturelles qui rendles hommes complémentaires les uns des autres.

Ensuite la spécialisation dansune activité déterminée y produit une plus grande habileté.

Enfin laspécialisation fait l'économie des pertes de temps qu'occasionne le passaged'un travail à un autre.

De plus il y a pour toute activité une saison.Abordons le problème de la division du travail, cad la répartition des tâchesnécessaires et le problème général des conditions de travail.On peut considérer la division du travail du point de vue de son efficacité pour la production des biens nécessaires àla société, donc de son utilité économique.

Mais il faut aussi considérer les conséquences de la division du travailsur la personne du travailleur.L'utilité économique de la division en métiers paraît évidente : elle est la condition d'une production diversifiée et dela satisfaction de besoins variés.

Considérée du point de vue du travailleur, elle implique un développement del'habileté individuelle et un perfectionnement des capacités.

La maîtrise d'un métier, qu'il soit manuel ou intellectuel,permet une réalisation de soi et une reconnaissance sociale (ainsi, l'admiration pour le professionnalisme).

Aussil'ambition d'avoir un métier et d'y réussir est-elle autre chose que la volonté de gagner sa vie, même si laspécialisation dans un métier, en interdisant par définition les autres, peut apparaître comme un enfermement dansun seul domaine.En revanche, la division du travail qui s'est imposée avec le développement de la grande industrie, et qui caractériseencore aujourd'hui nombre d'entreprises a vu son utilité très vite contestée.Des premières manufactures aux usines modernes, la division technique du travail s'est en effet accentuée jusqu'àl'extrême parcellisation.

Tant que le travail est divisé en métiers différents, chaque homme de métier peut réaliser unproduit dans son ensemble, et même s'il existe une coopération, chacun est capable d'accomplir toutes les tâchesnécessaires à la réalisation du produit (au Moyen âge par exemple, la fin de l'apprentissage est symbolisée par laréalisation d'un chef-d'oeuvre).

Avec les manufactures cette capacité à réaliser le produit en entier se perd et, dansla grande industrie, avec le machinisme, elle disparaît totalement. A la fin du XVIII ième siècle, l'économiste Smith souligne l'accroissement de productivité apporté par la division dutravail, telle qu'elle se développe dans les manufactures lors de la première révolution industrielle.« Prenons un exemple dans ne manufacture de la plus petite importance, mais où la division du travail s'est faitsouvent remarquer : une manufacture d'épingles.Un homme qui ne serait pas façonné à ce genre d'ouvrage, dont la division du travail a fait un métier particulier, niaccoutumé à se servir des instruments qui y sont en usage, dont l'invention est probablement due encore à ladivision du travail –cet ouvrier, quelque adroit qu'il fût, pourrait peut-être à peine faire une épingle dans toute sajournée, et certainement il n'en ferait pas une vingtaine.

Mais de la manière dont cette industrie et maintenantconduite, non seulement l'ouvrage entier forme un métier particulier, mais même cet ouvrage est divisé en un grandnombre de branches, dont la plupart constituent autant de métiers particuliers.

Un ouvrier tire le fil à la bobine, unautre le dresse, un troisième coupe la dressée, un quatrième empointe, un cinquième est employé à émoudre le boutqui doit recevoir la tête.

Cette tête est elle-même l'objet de deux ou trois opérations séparées : la frapper est unebesogne particulière ; blanchir les épingles en est une autre ; c'est même un métier distinct et séparé que de piquerles papiers et d'y bouter les épingles ; enfin l'important travail de faire une épingle est divisé en dix-huit opérationsdistinctes ou à peu près qui, dans certaines fabriques sont remplies par autant de mains différentes, quoique dansd'autres le même ouvrier en remplisse deux ou trois.

J'ai vu une petite manufacture de ce genre qui n'employait quedix ouvriers, et où , par conséquent, quelqu'uns d'eux étaient chargés de deux ou trois opérations.

Mais quoique lafabrique fût fort pauvre et pour cette raison, mal outillée, cependant quand ils se mettaient en train, ils mettaient àbout de faire entre eux environ douze livres d'épingles par jour ; or, chaque livre contient au-delà de quatre milleépingles de taille moyenne [...].

Mais s'ils avaient tous travaillé à part et indépendamment les uns des autres, et s'ilsn'avaient pas été façonnés à cette besogne particulière, chacun d'eux assurément n'eût pas fait vingt épingles,peut-être pas une seule, dans sa journée, cad pas, à coup sûr, la deux cent quarantième partie, et pas peut-être laquatre mille huit centième partie de ce qu'ils sont maintenant en état de faire, en conséquence d'une division etd'une combinaison convenables de leurs différentes opérations.

». »

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