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La liberté n'a-t-elle aucun prix ?

Publié le 14/05/2012

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1. La liberté a une grande valeur. - a) Tout d'abord, en fait, individus et peuples la considèrent comme un bien précieux : de nombreuses guerres n'ont eu pour but que la libération de l'autorité étrangère; nous savons aussi combien nous supportons difficilement d'être sous la dépendance des autres et combien sont appréciées les professions dans lesquelles on est son maître...

 

« Ainsi il est sage de tenir à ses libertés et de les défendre contre lei empiétements des diverses autorités, qui facilement exigeraient de la part de tous les individus un conformisme absolu.

Mais pouvons-nous défendre nos libertés envers et contre tout, comme le bien des biens, comme une valeur absolue ? II.

Non, car la valeur de la liberté n'est pas absolue.

- a) Remarquons pour commencer que poser en principe la valeur absolue de la liberté entraîne une contradiction pratique.

En effet, nous vivons en société; or, dans une société, la liberté accordée aux uns restreint d'autant les libertés des autres.

Si l'on doit, au nom de la valeur absolue de la liberté, laisser à chacun la faculté de se comporter suivant son bon plaisir, ce sera l'anarchie, et 1 'anarchie entraîne, avec autrement de rapidité que les régimes les plus autoritaires, la mort de toutes les libertés, dont on recon­ naît cependant, en théorie, la valeur absolue.

b) Ensuite, la liberté, au sens que nous avons précisé, si elle est un bien, n'est pas le plus grand des biens.

Il est, en effet, des biens supé­ rieurs qui amènent l'homme raisonnable à renoncer à certaines modalités de son activité libre en vue d'un intérêt supérieur : il suffira de citer la " servitude militaire "• qui, lorsque Je salut de la patrie l'exige, devient pour celui qui la comprend et 1 'accepte, un vrai titre de " grandeur " et augmente sa valeur humaine.

N'admettons-nous pas que certains individus indignes soient déchus de leur droit d'administrer des biens qui doivent normalement être conservés pour leurs enfants? Dans ce cas, la liberté de disposer de ce qu'on possède est subordonnée aux intérêts des enfants : la liberté du propriétaire n'a donc pas une valeur absolue.

c) La liberté civile n'a même qu'une valeur Te lat ive : elle n'est pas bonne en elle-même; c'est 1 'usage qu'on en fait qui la rend bonne ou mauvaise, qui constitue toute sa valeur.

Nous admirons un chef d'entre­ prise ou un père de famille, non parce qu'ils administrent leurs affaires en toute souveraineté et indépendance, mais parce qu'il les administrent bien.

Un homme de valeur n'est point celui qui ne reconnaît d'autre règle que sa libre fantaisie : au contraire, c'est la soumission de toute sa vie à un idéal qui lui donne une valeur humaine et morale.

CoNCLUSION.

- La liberté n'a pas de valeur absolue : elle devient bonne ou mauvaise suivant l'emploi qui en est fait.

C'est pourquoi, s'il est sage de l'accorder largement à ceux qui sont capables d'en user pour leur bien et pour le bien général, il est juste de la mesurer pour ceux qui sont inca­ pables de se gouverner eux-mêmes et de se conduire en hommes.

Il ne faut donc pas viser à une défense forcenée des libertés acquises ni à la conquête de libertés nouvelles.

L'important est de se rendre digne de cette liberté, persuadé d'ailleurs qu'on peut atteindre le plus haut degré de valeur morale par le sacrifice de certaines de ces libertés.

Si nous comprenons la liberté comme 1 'entend la masse, nous pouvons faire nôtre cette condamnation d'André GmE (Journal, 66!l-670) : « Je tiens la liberté pour chose redoutable et désastreuse qu'il faut tâcher de réduire on· de supprimer chez soi d'abord - et même, si l'on peut, chez les autres.

L'effrayant, c'est 1 'esclavage non consenti, imposé; 1 'excellent, c'est celui qu'on s'impose; faute de mieux, celui auquel on se soumet.

0 servitude volontaire! >>. »

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