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La liberté se définit-elle comme un pouvoir de refuser ?

Publié le 05/02/2004

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C'est ainsi que Calliclès dans le Gorgias identifie la liberté naturelle de l'individu à l'épanouissement sans restriction des passions humaines. « Comment en effet un homme pourrait-il être heureux, s'il est esclave de quelqu'un. Mais voici ce qui est beau et juste suivant la nature, je te le dis en toute franchise, c'est que, pour bien vivre, il faut laisser prendre à ses passions tout l'accroissement possible, au lieu de les réprimer, et, quand elles ont atteint toute leur force, être capable de leur donner satisfaction par son courage et son intelligence et de remplir tous ses désirs à mesure qu'ils éclosent. «  Dans ce contexte le pouvoir de refuser consisterait à ne pas vouloir réfréner ses penchants dans la mesure où cela contredirait la liberté humaine. En laissant ses désirs s'exprimer librement l'homme ne ressent pas de contraintes extérieures. Nous pouvons prendre l'exemple de l'enfant qui se sentira libre dès lors qu'il déjouera l'autorité parentale. Cette analyse est proche de celle que nous offre Rousseau dans le Contrat social au sujet de la liberté naturelle. « Ce que l'homme perd par le contrat social, c'est sa liberté naturelle et un droit illimité à tout ce qui le tente et qu'il peut atteindre. « La liberté est dite naturelle ici dans la mesure où il est question de l'homme dans l'état de nature. Il n'est pas alors question de lois extérieures obligeant l'individu à suivre un certain code de conduite.

Vouloir connaître la liberté pour savoir quand elle est implique de pouvoir la définir. La définition de la liberté est le thème de cet énoncé. D’une manière plus, précise, l’énoncé s’interroge sur la pertinence et la validité d’une définition négative de la liberté. Définition négative exprimée par la notion de refus. Car le refus se caractérise par un acte de négation, un acte d’opposition contre qui est répulsion. Ainsi explicité, le problème majeur de l’énoncé consiste dans la détermination de l’insuffisance ou, au contraire, de la suffisance d’une détermination purement négative de la liberté : en quel sens une liberté définie par la négative peut-elle satisfaire l’essence de ce qu’on se figure être la liberté ? Dès lors, il s’agit de questionner le statut de la liberté comme pouvoir (le pouvoir du refus est-il nécessaire et/ou suffisant à la définition de la liberté ?) pour en circonscrire la teneur.

« Dans ce passage du Contrat social l'idée même de limitation est appliquée à la liberté sans pour autant que cela soit contradictoire.

Cette limitation positivenous permet de souligner le danger éventuel qu'il y aurait à associerstrictement la liberté au le pouvoir de refuser.

L'extrême voulant que la libertérefuse toute forme de contrainte.

La liberté civile remet en cause cette formede liberté illimitée qui peut être préjudiciable.

Il n'y a pas que la liberté civilequi remet en cause la définition de la liberté comme un pouvoir de refuser.

Eneffet un peu plus loin dans le texte Rousseau parle de liberté morale.

« On pourrait sur ce qui précède ajouter à l'acquis de l'état civil la liberté morale,qui seule rend l'homme vraiment maître de lui ; car l'impulsion du seulappétit est esclavage, et l'obéissance à la loi qu'on s'est prescrite estliberté.

» Il n'y a pas que la contrainte externe qui soit compatible avec la liberté, la contrainte interne l'est également.

D'autre part ce dernier extraitcontredit l'argument de Calliclès selon lequel la liberté résiderait dansl'assouvissement de tous nos désirs.

En effet bien loin d'être l'expression denotre liberté, cet assouvissement engendre notre esclavage, nous ne sommesplus alors maîtres de nos désirs ni de nous-mêmes. La démarche kantienne dans la Doctrine de la vertu va plus loin puisqu'il s'agit, non plus seulement concilier la liberté et les contraintes, maisde rendre nécessaire leur relation.

Il n'y aurait donc pas de liberté sanscontrainte.

« Que la contrainte externe, comme étant une résistance aux obstacles qui s'opposent à la liberté externe comprise comme s'accordantavec elle-même d'après des lois universelles (donc comme un obstacle opposé aux obstacles de la liberté), puisses'accorder avec des fins en général, c'est là ce qui est clair d'après le principe de contradiction et pour l'apercevoiril m'est inutile de sortir du concept de liberté.

» Les obstacles à notre liberté sont, selon Kant, les penchants qui peuvent nous faire dévier de la loi morale.

La liberté ne se réalise que parce qu'il existe des contraintes, celles-ci lafondent en quelque sorte. La liberté n'est pas une faculté aveugle.

Pour bien agir l'homme doit être éclairé.

Or l'entendement peut jouer ce rôle d'éclaireur.

C'est en tous les cas l'idée que l'on retrouve sous la plume cartésienne.

« Car si je connaissais toujours clairement ce qui est vrai et ce qui est bon, je ne serais jamais en peine de délibérer quel jugement etquel choix je devrais faire ; et ainsi je serais entièrement libre, sans jamais être indifférent.

» Dans cette quatrième méditation Descartes nous dévoile sa conception de la liberté et nous enseigne que l'entendement et la volonté nesont pas séparés, au contraire le premier a pour tâche d'éclairer la seconde ; même celle-ci s'avère plus étendue, ilest plus prudent pour l'homme de suivre ce que son entendement lui dicte sans quoi l'erreur devient possible.

Celane signifie pas pour autant que l'entendement contraint la volonté humaine, la liberté n'est pas remise en cause parson exercice. Un autre problème émerge qui est celui de la conciliation entre les différentes formes de liberté que sont la liberté naturelle, la liberté civile et la liberté morale. Troisième partie : Peut-on refuser de suivre ce que la liberté politique nous dicte de faire ? Les rapports entre la liberté politique et la liberté morale ne sont pas simples.

La première peut être remise en cause par la seconde.

Nous pouvons prendre l'exemple du soldat qui en temps de guerre a le droit de tuer l'ennemi,acte qui selon sa morale peut être jugé condamnable.

Pour que les lois civiles soient appliquées il faut les respecter.Or c'est la vertu qui légitime le droit ou la morale le politique pour prendre le point de vue kantien.

« Aussi peut-on nommer vertu la faculté morale d'exercer une contrainte sur soi, et action morale (éthique) l'action qui résulted'une telle intention (du respect pour la loi), même si la loi exprime un devoir de droit.

C'est en effet la doctrine dela vertu qui commande de tenir pour sacré le droit des hommes.

» Ce que nous retirons de cette citation est l'idée selon laquelle c'est la vertu qui fonde le droit et non l'inverse, ce qui signifie que le respect de la loi découle de lamorale.

Ce qui aurait pour conséquence d'admettre une possible résistance morale vis-à-vis d'une action politique.. »

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