Devoir de Philosophie

La littérature hongroise (Exposé – Art & Littérature – Collège/Lycée)

Publié le 15/05/2016

Extrait du document

Recherche documentaire, Pistes de travail & Axes de recherches pour exposé scolaire (TPE – EPI)

L'écrasement des armées hongroises en 1849 marque le brusque déclin des espoirs romantiques. Tandis que les élites politiques entrent en résistance contre le régime répressif imposé par Vienne, les écrivains explorent de nouveaux genres.

 

La poésie lyrique cède une partie de l’espace littéraire au théâtre et au roman. La littérature hongroise voit apparaître ses tout premiers prosateurs d'envergure.

 

Plus connu pour sa carrière politique que pour ses talents littéraires, Jôzsef Eôtvôs (1813-1871) publie pourtant plusieurs romans aboutis.

 

Zsigmond Kemény (1814-1875) se distingue par la finesse de ses analyses psychologiques, mais aussi par sa vision pessimiste de l'histoire nationale.

Budapest est portée sur les fonts baptismaux en 1873 par la réunion administrative des villes de Pest, de Buda et d'Ôbuda. La cité connaît alors un essor économique et culturel sans précédent et fait très vite figure de brillante rivale de Vienne. Deux romanciers traduisent les profonds bouleversements de cette période de transition.

 

Kâlman Mikszâth (1847-1910), membre de la petite noblesse désargentée, publie des nouvelles, des romans et des chroniques où percent la critique amusée des classes dirigeantes et la nostalgie pour des traditions en voie de disparition.

 

Ce même regret pour le « monde d'hier » se retrouve dans les premiers récits de Cyula Krûdy (1878-1933), mais il prend ici une dimension poétique et une envergure le plus souvent absentes des écrits de Mikszâth.

« UNE CULTURE s'AfFIRME A partir de 1867, la Hongrie trouve un nouvel équilibre.

Cette année est en effet celle de la signature du compromis avec l'Autric he.

Aprè s plus d'une décennie de conflit politique larvé , l'empereur François-Joseph accepte- enfin­ d'accorder une large autonomie aux Hongrois, qui administrent dès lors la moitié de l'empire.

Promue au rang de capitale, Budapest est portée sur les fonts baptismaux en 1873 par la réunion administrative des villes de Pest, de Buda et d'6buda.

La cité connaît alors un essor économique et culturel sans précédent et fait très vite figure de brillante rivale de Vienne .

Deux romanciers traduisent les profonds bouleversements de cette période de transition.

• Kalman Mikszath (1847-1910), membre de la petite noblesse désargentée , publie des nouvelles , des romans et des chroniques où percent la critique amusée des classes dirigeantes et la nostalgie pour des traditions en voie de disparition.

• Ce même regret pour le " monde d'hier » se retrouve dans les premiers récits de Gyula Krûdy (1878-1933 ), mais il prend ici une dimension poétique et une envergure le plus souvent absentes des écrits de Mikszath.

l'entrée de la littérature hongroise dans le XX' siècle est dominée par le génie ombrageux d'EndreAdy (1877-19 19), premier grand poète hongrois de la modernité.

Après des études de droit, il se lance dans le journalisme et suit son amante , femme d'un riche comm erçant hongrois , à Paris , où il séjourne de 1904 à 1906.

Sans entrer en contact avec les cercles intellectuels français, il se nourrit de l'atmosphère de la Belle Époque .

Publiés à son retour en Hongrie, ses vers à l'atmosphère automnale mêlent le style hiératique des textes bibliques à celui de la poésie symboliste.

Sa perception critique de l'identité hongroise et sa vision sombre de l'amour ne sont pas toujours bien comprises de ses contemporains, mais la nouveauté de son style lui vaut la faveur des écrivains de la jeune génération.

VERS LA MODERNITt Parmi les plus fervents partisans d 'Ady se trouvent les membres de la revue Nyugat («Occident»), dont le nom révèle à lui seul le programme : il s'agit d 'ancrer la culture hongroise dans la modernité naissante .

La revue parait pour la première fois en 1908 .

• Le succès de cet équivalent hongrois de la NRF doit beaucoup au flair de son rédacteur en chef , Erna Osvat (1877- 1929 ).

Il ouvre largement ses colonnes à la poésie .

Outre les œuvres d'Ady, Osvat publie les vers de nouveaux talents comme Mih6/y Babils (1883- 1941 ) ou Dezso Kosztolanyi (1885-1936) .

La prose aussi a droit de cité, avec les romans sociaux de Zsigmond M6ria ( 1879- 1942 ) -une nouveauté en Hongrie .

• En dépit d'inégalités sociales criantes et de menaces de guerre de plus en plus précise s, la Hongrie vit un nouvel âge d'or culturel.

Théâtre , architecture et musique accompagnent cet élan.

La littérature témoigne aussi de l'influence de la psychanalyse , dont Budapest devient la capitale , après Vienne , sous l'impulsion de Sândor Ferenai (1873- 1933 ), disc iple de Sigmund Freud.

D 'UNE GUERRE l'AUTRE l'AVANT·GARDE La guerre mondiale bouleverse l'équilibre politique de la monarchie austro -hongroise .

En 1918 , les peuples s'émancipent les uns après les autres.

Les Hongrois proclament la république fin octobre , mais sont confrontés à la sécessio n des Slovaques, Roumains , Serbes , Croate s et Ukrain iens, qu'ils administraient jusqu'alors.

Ne pouvant empêcher le dépeçage du pays, le régime s'effondre , en mars 1919 , e t laisse la place à une éphémè re république des Conseils, avec le communiste Béla Kun à sa tête.

Ces bouleversements accompagnent et nourrissent les expériences de l'avant-garde hongroi se.

• Poète, peintre et théoricien, Lajos Kassak (1887-1967 ) en est le principal inspirateur .

li fonde la revue moderni ste Tett («l'Action »)en 1915, remplacée l'année suiva nte par Ma («Aujourd 'hui» ).

L:activisme hongrois se situe à la croisée du marxisme , du surréalisme et de l'expressionnisme .

l'expérience est assez limit ée dans le temps .

Déjà trait é de décadent par Béla Kun , Kassak doit fuir le pays après l 'effondrement du pouvoir communiste .

DERNIERS FEUX La république des Conseils s'effondre à son tour en août 1919.

Soutenues par les Alliés , inquiets de la contagion communiste , les anciennes classes dirigea ntes reprennent le pouvoir .

La Hon grie rede vient une monarchie , avec à sa tête le régent Horthy , qui institue un régime autoritaire où l'oppositio n dispose néanmoins d'une certaine liberté d 'expression.

Au traité de Trianon , en 1920 , le pays doit céder les deux tiers de son territoire d'avant 1918 .

En littérature , les talents qui avaient fait leurs premiers pas avant-guerre assurent la continuité avec l'éclosion culturelle des années 1910 .

• Krûdy tisse son œuvre nostal gique à travers le destin d'un héros voyageur dont le nom , Szindbad (Sindbad ), est emprunté aux Mille et Une Nuits.

• La revue Nyugat poursuit sa brillante destinée .

En publiant coup sur coup Alouette (1924) et Anna la Douce (1926) , Kosztolanyi signe deux chefs ­ d'œuvre du roman hongrois.

D 'autres talents se distinguent , dont Frigyes Karinthy (1887-1938 ) chroniqueur et romancier à l'humour ravageur , et Milan Füst (1888 -1967), poète adepte du vers libre, dont le théâtre et les œuvres en prose ne seront reconnues que quarante ans plus tard.

• Avec la Légende de Pendragon et le Voyageur au clair de lune, Antal Szerb (1901-1945) teinte sa prose d'onirisme .

• Au même moment, Sandor Marai (1900-1989 ) recu eille ses premiers succès avec des romans classiques , mais teintés de critique sociale.

Ses Confessions d 'un bourgeois , premier d'une longue série autobiographique , paraissent en 1934 .

• Avec ses essais Prae et Vers l'unique métaphore , Mikl6s Szentkuthy (1908- 1988) inaugure une œuvre inclassable , vaste réflexion philosophique sur l'histoire.

NÉPIES ET URBANUS En marge de cette floraison de talents se développe un nouveau courant littéraire et intellectuel , qualifié de népies ou« populiste » (nép s ignifie "peuple »).

Il prétend retrouver et défendre les valeurs de la Hongrie « authentique » -celle du peuple des campagnes -, contre la Hon grie supposée " d énaturée » par le mode de vie urbain (urbànu s).

Cette opposition née du climat tendu des année s 1930 perdure aujourd'hui .

• La défense de la Hon grie traditionnelle a pour tribune la revue Valasz (« Répon se»), où s'exprime nt des écrivain s de talent comme Gyula Illyés (1902-1983) et Lâszl6 Németh (1901 - 1975 ).

Illyé s fait sensation en publiant, en 1936 , Ceux des Pusztas , description de la vie rude des métayers qu'il a côtoyés dans son enfance .

Dan s ses romans , où il critique la société des campagnes , Németh se démarque quant à lui de ses prises de position politiques .

UN MÉTÉORE Mais l'époque est domin ée par l'œuv re d 'un des plus grand s poète s hongro is du xX' siècle, Attila J6zsef (1905 -1937 ).

l'enfance difficile de J6zsef va déterminer son tempérament mélancolique et sa sensibilité très marqu ée pour les souffrance s des plus humble s.

Dès son premier recueil poétique , publié en 1922 sou s le titre Le Mendiant de la beauté, il s'impose par sa virtuosité.

Son œuvre verra se succéder vers libres et décamètres antiques , visions surréalistes et ballades populaires , chansons et chœurs parlés .

Dans les années 1930 , c'est l'inspiration sociale qui prend le dessus.

Elle vaudra au poète d'être, malgré lui, inclu s dans le panthéon des artistes mar xistes, après 1945.

Dans les dernières années , Jôzsef se bat contre ses démons intérieurs .

Il entreprend une analyse , dont son recueil Cela fait mal (1936 ) est le douloureux écho .

Il tombe dans la dépression et se suicide en 1937.

LE NAUFRAGE D'UN MONDE Dès la fin des années 1930 , les plus grandes figures de la géné ration Nyugat s 'éteignent une à une.

La revue cesse sa parution en 1941 , année de la mort de son dernier directeur, Mihaly Babils , et de l'entrée en guerre de la Hongri e contre l 'URSS .

En effet , dans l'espoir de récupérer les territoires perdus en 1920 , le régent Horthy s'est rangé aux côté s de l'Allemagne nazie .

Ce choix fatal va précipiter le pays dans le chaos.

Le génocide des juifs hongrois va marquer le point culmin ant du cataclysme.

Le poète d 'origine juive Mikl6s Radn6ti (1909-1944 ) est la figure emblématique de cette période som bre.

Il meurt au cours d'une marche forcée, organisée par les SS pour évacuer le camp de Yougoslavie où il a été déporté .

Plusieurs chefs­ d'œuvre , retrouvés sur sa dépouille dans un petit carnet , datent de cette période de captivité .

•Imre Kertész (né en 1929) est déport é en 1944 à Auschwit z.

Il fera de cette terrible expérience la matièr e de son œuvre littéraire, à partir des années 1970.

• En 1945 , Antal Szerb meurt en déportation .

DERRIÉRE LE RIDEAU DE FER CENSURE ET COMPROMIS Après le terrible siège de Budapest , durant l'hiver 1944-1945 , le pays détruit est occupé par les Soviétiques.

Le court intermède démocratique qui s'ouvre alors va constituer une page sing ulièrement féconde de la vie poét ique hongroi se.

·Sandor Wetires (1912-1989) témoigne des espoirs nés de la fin de la guerre.

• lanas Pilin szky (1921-1981 ) et Agne s Nemes Nagy (1921-1991 ) publient leurs premiers poèmes, en privil égiant l'interrogation métaphysique et les formes courtes.

Mais , aprè s 1948 , la chape de plomb du stalinisme s'abat sur le pays.

Plusieurs écrivains , tel Sandor Marai , choisis sent l'exil.

Les autres se taisent ou se plient aux exigences du réalisme socialiste , dont J6zsef Révai (1898-1959 ) est le théoricien .

Son étroites se d 'esprit contraste avec la pensée du philo sophe mar xiste Cyiirgy Luk6cs (1885-1971 ), progres sivement mis à l'écart par le régime .

Mais, sous l'étouffoir , la révolte gronde.

La révolut ion d e 1956 secoue l'édifice et, malgré l'écraseme nt des insurgés par l'armée soviétique, le régime finit par se libérali ser.

Mnos Kadar, nouveau « maitre » du pays, conclut un compromis tacite avec les intellectuels et les artistes : moyennant le respect de certains tabous , la liberté de création est tolér é e.

• Gyula Illyés, personnalité majeure du mouvement populiste, et Tibor Déry (1894 -1977 ), surréaliste rallié au socia lisme, font alors figure d'écrivains officiels .

• Magda Szab6 (née en 1917 ) tisse son œuvre de romancière , à la psychologie travaillée .

• lstvan Orkény (1912 -1979) , maitre de l'absurde , Ottlik G éza (1912 -1990), initiateur d'une forme de" nouveau roman », et Mikl6 s Mésztily (1921 - 2001) , chantre de l'individu seul face au monde, témoignent des nouvelles tendances de la pros e.

JEUNES TALENTS Les dern ières décenn ies du régime Kildar voient l'émerg ence de jeunes talents .

• Gytirgy Konrad (né e n 1933) publie en 1969 son roman Le Visiteur , critique à peine voilée du système socialiste .

Passé franchement à la dissidence , il sera interdit de publication de 1978 à 1988 .

• Cons idéré comme l e représentant emblématique du mouvement postmoderne , Péter Esterhazy (né en 1950) se distin gue par sa langue , où se m êlent avec brio jeux de mots , allusions et calembours , parfoi s empruntés à l'argot des villes.

• Avec son Livre des mémoires , Péter N6das (né en 1942) signe en 1986 une œuvre étonnante à trois voies ou se mêlent thèmes historique s, réflexion sur l'écriture et autobiographie .

En Hon grie, la transition va s 'opérer sans heurts , avec la contribution active des intellectuels.

Le régime socia liste s 'autodissout , et un vent de liberté souffle sur le pays.

On peut à nouveau lire les auteurs mis à l'index comme Marai ou Konrad.

Mai s la disparition des anciennes structu res d 'État désorganise la vie culturelle.

Le monde de l'édition ne retrouve une certaine stabili té qu'au milieu des années 1990 .

l'ouverture des fronti ères assure une meilleure diffusion de la littérature hongroise à l'étranger .

• Avec s a fresque autobiographique , Harm onia Ciflestis , P éter Esterhazy conquiert un nouveau public en Europe .

• Magda Szab6 connaît un regain de succès en France.

Son roman La Porte lui vaut ainsi le prix Femina étranger en 2003 .

• À peine un an plus tô t, Imre Kertész reçoit le prix Nobel d e littérature pour l'ensemble de son œuvre .

Être sans destin , récit de sa déportation , est porté à l'écran en 2005 .

PROSODIE LATINE l'existence en hongrois de voyelles longues (accentuées) et courtes (sans accents) permet aux poètes magyars de reproduire exactement le rythme scandé (prosodie) propre aux vers latins.

D'abord utilisées en traduction , ces formes très anciennes se sont perpétuées jusque dans la poèsie contemporaine ; on en trouve notamment des exemples chez Attila J6zsef .. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles