Devoir de Philosophie

La loi est-elle un obstacle à la liberté ?

Publié le 01/04/2009

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La première réponse qui vient à l'esprit (la doxa) est affirmative. En effet, la loi est un ensemble de règles, de normes: des interdits qui nous empêchent de faire ce dont nous voulons, quand nous en avons envie et comme nous en avons envie ou des obligations qui nous conduisent à faire ce dont nous n'avons aucune envie ! Pourtant, si j' y réfléchis un peu plus profondément, il semble que sans la loi, il n'y aurait pas liberté: ce serait, au plan social, le désordre, la domination des plus forts sur les plus faibles (le loi de la jungle), des conflits incessants d'intérêts et de volontés. Et même dans ma vie personnelle? Deviendrai-je, par exemple, le sportif de haut niveau que je veux devenir, si je ne vais pas à l' entraînement quand je n'en ai pas envie, si je fume ou je bois quand j'en ai envie etc.. Bref, ne faut-il pas, pour réaliser les buts qu'on se propose, se donner des règles, obéir à des lois qu'on se prescrit soi-même? Ainsi la loi apparaît, maintenant, comme la condition de la liberté. Parvenu à ce stade de ma réflexion, je me trouve devant un paradoxe: la loi apparaît à la fois comme un obstacle à la liberté et comme la condition de la liberté. Je ne peux pourtant soutenir en même temps une chose et son contraire. Comment sortir de cette contradiction?

 

1) Dans une première partie, il faudra montrer que la loi est un obstacle à la liberté. 2) Dans la deuxième partie, qu' elle apparaît pourtant aussi comme une condition de la liberté. 3) Dans la troisième partie, il faudra analyser et surmonter la contradiction apparente des deux premières parties en distinguant deux définitions possibles de la liberté et deux formes de la loi.

 

« déterminent. b) Les lois morales et politiques• Si l'on considère l'individu comme un être qui vit nécessairement à l'intérieur d'une culture, d'une société, onsoulignera que sa liberté «s'arrête où commence celle des autres.

Cette limite à l'exercice de la liberté individuelleest fixée par des règles morales et/ou juridiques, sous forme d'impératifs, de devoirs, d'obligations, d'interdictions,etc.• Schopenhauer pouvait donc écrire : "On n'est libre qu'étant seul.

Les lois de la société, quelle qu'en soit la forme,circonscrivent ma liberté : je n'ai pas le droit de faire tout ce que je serais capable de faire si j'en décidais seul".• Ces perspectives sont proches de celles de l'opinion.

Ne sont-elles pas contestables, malgré leur apparenteévidence ? 2.

Les lois, moyens de réaliser la liberté a) Les lois scientifiques Spinoza• Pour ce philosophe, être libre, c'est agir selon les lois de la nature.

La libertéd'affirmer ou de nier est une fiction : -Les hommes se trompent en ce qu'ilspensent être libres, et cette opinion consiste uniquement pour eux à êtreconscients de leurs actions et ignorants des causes par lesquelles ils sontdéterminés.

L'idée de leur liberté, c'est donc qu'ils ne connaissent aucunecause à leurs actions.

Car il disent que les actions humaines dépendent de lavolonté, mais ce sont des mots, qui ne correspondent à aucune idée".(Éthique, II, 25, scol.) La liberté authentique se donne comme l'intériorisationde la nécessité.• D'autre part, la connaissance des lois de la nature, parce qu'elle rendpossible une prévision rationnelle, ne permet-elle pas de construire destechniques qui en sont l'application et qui peuvent être libératrices ? Ainsipeut-on d'autant mieux prévenir ou guérir une maladie, donc s'en libérer,qu'on en connaît mieux les mécanismes et les lois. b) Les lois morales et politiques Rousseau• Si l'homme naturel parait plus libreque l'homme qui vit en société, il est en fait comme un animal soumis à"l'impulsion du seul appétit".

(Contrat social, 1, 8).

Seule l'existence socialerend possible intelligence, maîtrise de soi et donc liberté authentique.• Dans un État idéal, la volonté individuelle ne serait pas simplement limitéepar les volontés des autres individus.

Chaque individu a en effet la capacitéet l'intelligence de vouloir le bien commun ; obéir à des lois qui seraientl'expression de la Volonté générale, ce serait donc obéir à sa propre volontébien comprise et ainsi être libre.

Dans ce que nous pouvons nommer unedémocratie idéale, il n'y aurait plus incompatibilité entre une liberté essentielleà l'humanité et une solidarité non moins vitale.

Les lois seraient ce par quois'accomplit la liberté des hommes.• Cet idéal politique est inséparable d'une problématique morale.

Ainsi selonKant : le Devoir authentique est l'obéissance à la loi que pose la raison ; faireson devoir, c'est être autonome et donc libre. Hegel• «Le système du droit est l'empire de la liberté réalisée”.

(Principes,Introduction, 4).

Autrement dit, le sujet de la locution «être libre» n'est qu'enapparence la volonté particulière de l'individu ; plus profondément, c'est l'Étatet ses lois. • Pour Hegel, l'histoire universelle est la réalisation de cette liberté, à travers les États qui se sont succédé, enparticulier à travers l'État oriental, où "la liberté n'est que caprice", puis à travers les lois de la Cité antique, quidécouvre que "quelques-uns sont libres, non l'homme en tant que tel", enfin à travers l'État moderne, qui affirme etréalise progressivement la liberté de tous les hommes (cf.

La Raison dans l'Histoire).• La soumission aux lois de l'État n'apparaîtrait donc comme contradictoire avec la liberté qu'à des penseurssuperficiels, incapables de comprendre la rationalité plus riche qu'exprime et incarne la loi de l'État.

"Le droit, l'ordreéthique, l'État, constituent la seule réalité positive et la seule satisfaction de la liberté.

La seule liberté qui setrouve réellement brimée est l'arbitraire qui ne concerne d'ailleurs que la particularité des besoins".

(ibid., 10-18, pp.135-6). Conclusion Les lois ne constituent pas que des limites pour la liberté de l'homme : elles peuvent lui donner les moyens de laréaliser.

Sur le plan scientifique, d'abord, la connaissance des mécanismes naturels fait que l'homme peut chercher àse rendre "maître et possesseur de la nature".

(Descartes).

Sur le plan politique, au sens large, et sur le plan moral,. »

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