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La lucidité conduit-elle nécessairement au pessimisme ?

Publié le 02/10/2005

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Les signes de cette ambivalence marquent profondément toutes les religions [...]. Et quand l'enfant, en grandissant, voit qu'il est destiné à rester à jamais un enfant, qu'il ne pourra jamais se passer de protection contre des puissances souveraines et inconnues, alors il prête à celles-ci les traits de la figure paternelle, il se crée des Dieux, dont il a peur, qu'il cherche à se rendre propices et auxquels il attribue cependant la tâche de le protéger. Ainsi la nostalgie qu'a de son père l'enfant coïncide avec le besoin de protection qu'il éprouve en vertu de la faiblesse humaine ; la réaction défensive de l'enfant contre son sentiment de détresse prête à la réaction au sentiment de détresse que l'adulte éprouve à son tour, et qui engendre la religion, ses traits caractéristiques. »Freud. La religion n'est pas l'objet central de l'investigation Freudienne : l'auteur étend à ce champ du réel les conséquences de son interprétation des maladies psychiques et du fonctionnement de l'inconscient. C'est ainsi que la religion se trouve englobée dans sa théorie du déterminisme psychique. Freud lui consacre tout de même trois ouvrages, dont deux, « Totem & Tabou » et « Moise & le monothéisme », développent une hypothèse, aujourd'hui fort contestée, de la genèse du phénomène religieux : à l'origine de l'humanité, le meurtre du père par ses fils aurait fait naître chez ceux-ci un sentiment de culpabilité, qui n'aurait trouvé d'issue que dans le culte voué au père défunt, et divinisé. Le troisième livre de Freud, « L'avenir d'une illusion », porte, comme son titre l'indique, un double regard, synchronique et diachronique, sur la nature de la religion, et sur son destin historique.Freud conçoit la religion comme une illusion, cad comme une croyance fondée sur la réalisation d'un désir (et non sur la connaissance objective de la réalité).

« Pourquoi l'ascétisme et pas le suicide ? Parce que le suicide est encore une illusion.

Cioran dit que seuls les optimistes se suicident.

Pour Schopenhauer , le suicide est la négation de la vie mais non du « vouloir-vivre », dont il est, au contraire, l'affirmation passionnée : « Celui qui se donne la mort voudrait vivre ; il n'est mécontent que des conditions dans lesquelles la vie lui est échue. » Le suicide, c'est le « vouloir-vivre » retourné contre soi-même.

Il est protestation plus qu'indifférence.

On pourrait dire que, relativement à la vie, suicide et ascétisme sont dans le même rapport respectif qu'athéisme etmatérialisme, eu égard à Dieu.

Seul l'ascétisme est véritable extinction de la volonté, et c'est l'ennui qui y prépare,car l'ennui est la meilleure école de la désillusion. L'ennui, en effet, nous libère des actions particulières qui exigent autant de motifs, autant d'illusions.

L'ennui nousarrache de la volonté et nous met en condition de nous représenter la vérité de la volonté, sa généralité et sonabsurdité.

Et connaître la vérité sur la volonté revient à se soustraire à son emprise.

Pour Schopenhauer , la philosophie de la lucidité est exercice de désillusion.

Mais, dans ce cas, ne faut-il pas préférer l'illusion réconfortantà une lucidité blessante ? II) L'illusion réconfortante De son côté, l'illusion peut apparaître comme satisfaisante pour celui qui préfère se dissimuler la réalité de sasituation — qu'il s'agisse de sa situation personnelle ou de sa situation d'homme en général, comme mortel.

L'illusionrassure parce que, tant qu'elle dure, elle ne fait que confirmer l'interprétation habituelle du monde.

C'est bienpourquoi elle constitue, du point de vue de Bachelard, un important obstacle épistémologique.C'est que l'illusion prend son origine dans un besoin fondamental de quiétude et dans les désirs.

Sa dénonciationrisque en conséquence d'être peu efficace.

Si l'on admet, à la suite de Marx et de Freud, que la croyance religieusene repose sur rien d'autre que sur un désir de compensation face aux misères réelles ou une demande de protectiond'origine infantile, force est de constater que ce repérage de ses sources ne suffit aucunement à la faire disparaître.L'illusion nous est peut-être d'autant plus « naturelle » qu'elle correspond à notre fonctionnement psychique normal,c'est-à-dire à la façon dont notre conscience nous trompe sur nos déterminations en censurant nos pulsions et lesreprésentations de notre inconscient.

Lorsque Freud a entrepris de diffuser ses théories, ce fut en affirmant qu'ellesétaient sans doute ce à quoi l'homme était le moins préparé, ou ce qu'il admettrait le plus difficilement, précisémentparce que les « vérités » qu'il affirmait venaient contredire la confiance traditionnellement accordée à notreconscience.

Notre existence quotidienne ne peut, par exemple, se dérouler sans trop de heurts qu'à la condition quenous « oubliions » l'importance de la sexualité.

L'illusion est ainsi quotidiennement vitale, parce qu'elle nous permetd'avoir des relations normales avec les autres et d'obéir aux principes de notre environnement.Toutefois, vient toujours un moment où l'illusion est dénoncée comme telle : ce fut le travail de Freud, et c'est, plusgénéralement, la tâche de toute démarche philosophique ou scientifique.

Lorsque Marx dénonce les effets del'idéologie bourgeoise sur la conscience même de la classe ouvrière, que tente-t-il d'autre que d'ôter à cettedernière ses illusions ? Vient toujours un moment où « le roi est nu ».

Il semble ainsi que l'auto-aveuglement, malgréle confort qu'il peut m'apporter, doit avoir une fin ; et il apparaît semblablement, du point de vue collectif, que lamentalitéest bien obligée, même contre son gré, de tenir compte peu à peu, malgré l'inquiétude que cela peut susciter enelle, des avancées scientifiques. Un exemple d'illusion réconfortante: la religion pour Freud Pour Freud , la religion ‘est pas la compensation illusoire de la misère économique et sociale, mais de la misère psychologique.

Dans « L'avenir d'une illusion », Freud montre que les exigences répressives de la « civilisation » entrent en conflit avec les instincts, les désirs sexuels et agressifs qui caractérisent la « constitution animale » de l'homme.

Le « secret » de la force des « illusions religieuses » tient précisément à la force de ces désirs frustrés.

La religion a une fonction consolante parce qu'elle offre laperspective d'un au-delà dans lequel le désir trouvera sa satisfaction.

Mais elle répond aussi au besoinde protection et d'amour de l'homme par l'image d'une Providence bienveillante sous la forme de Dieu le Père : « Nous le savons déjà : l'impression terrifiante de la détresse infantile avait éveillé le besoin d'être protégé –protégé en étant aimé- besoin auquel le père a satisfait : la reconnaissance du fait quel'homme s'est cramponné à un père, à un père cette fois plus puissant.

L'angoisse humaine en face desdangers de la vie s'apaise à la pensée du règne bienveillant de la Providence divine. » Ainsi, donc, pour Freud , la religion est une illusion engendrée par le désir et c'est de l'image paternelle que provient l'idée de Dieu . « Représentons-nous la vie psychique du petit enfant.

[...] La libido suit la voie desbesoins narcissiques et s'attache aux objets qui assurent leur satisfaction.

Ainsi lamère, qui satisfait la faim, devient le premier objet d'amour et certes de plus lapremière protection contre tous les dangers indéterminés qui menacent l'enfant dansle monde extérieur ; elle devient, peut-on dire, la première protection contrel'angoisse.La mère est bientôt remplacée dans ce rôle par le père plus fort, et ce rôle restedévolu au père durant tout le cours de l'enfance.

Cependant la relation au père est. »

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