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La mémoire

Publié le 16/10/2014

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La mémoire peut-elle nous empêcher d'être heureux ? L'Homme, à tout instant, sollicite naturellement sa mémoire qu'elle soit visuelle, olfactive, sonore, linguistique, sensorielle mais également événementielle. Cette capacité qu'à un individu, ou un groupe humain, à sa souvenir de faits passés et de lui-même tient un rôle primordial dans sa vie tout comme la recherche du bonheur. Mais le fait de se remémorer des évènements passés peut-il nuire à cette jouissance ? La mémoire peut-elle être un obstacle à l'accomplissement de cette quête ? Notre mémoire est difficilement contrôlable. Elle s'impose à nous et selon ce qu'elle évoque elle peut faire obstacle à un objectif que l'on se serait fixé et ainsi nuire à notre bonheur. Cette mémoire, qui peut s'avérer omniprésente et dévastatrice, est à la fois de nature collective et individuelle. Il est vrai que l'ensemble des faits du passé peut avoir pour effet de structurer l'identité d'un groupe et que le partage de cette mémoire commune peut permettre la cohésion de ce groupe. Cette mémoire est bien sûr celle de notre famille mais également celle que nous étudions à l'école dans nos cours d'Histoire, ces souvenirs communs à tout un peuple ou bien à l'Humanité toute entière. Outre les drames familiaux qui nous touchent au plus près, elle fait référence aux guerres, aux génocides, aux catastrophes naturelles. Ces évènements, tous de nature traumatisante, laissent des cicatrices indélébiles nous empêchant d'avancer vers quelque chose de plus positif et d'atteindre de ce fait le bonheur. Ce peut être le cas des juifs, des vétérans de la guerre 39-45, des orphelins de guerre ou bien encore des survivants de catastrophes naturelles. Même si tous individuellement cherchent l'oubli, ils ne peuvent rien contre la puissance de la mémoire collective. Tout d'abord, celle de leur p...

« de nous fermer à tout jamais la porte du bonheur.

Et cela quelque que soit leur nature.

Qu'elles soient graves comme un viol ou un abandon ou, à priori, moindres comme des moqueries à l'école ou des humiliations, elles ont toutes la même portée à nos yeux.

La charge émotionnelle à l'évocation de ces souvenirs reste toujours la même.

Rien ne peut y faire, ni la raison ni le temps qui passe.

La mémoire est dans certains cas plus fort que tout, plus fort que le bonheur.

Ainsi, dans l'idéal, il suffirait de cesser de se souvenir pour être heureux ou du moins pour cesser d'être malheureux comme le pense le philosophe Nietzsche.

Il voit, en effet, dans l'exaltation de la mémoire un poison qui est l'objet de notre malheur et prône la capacité d'oubli.

Mais cela n'est pas si simple dans la mesure où il n'y a pas de pensée sans mémoire puisque penser n'est finalement que se souvenir.

Or, l'Homme ne peut s'empêcher de réfléchir, de s'interroger continuellement.

Mais il n'y a pas que le souvenir de souffrances passées qui peut nous empêcher d'être heureux.

Il peut également y avoir le bonheur lui-même.

Un bonheur absolu que nous avons eu la chance de connaître et que nous avons perdu.

Ce souvenir de perfection absolu que nous plaçons au-dessus de tout et que nous ne voulons en aucun cas effacer, oublier.

Pour cela, nous l'entretenons, nous le remémorons encore et encore.

Petit à petit, nous acquérons la certitude que rien ne pourra jamais l'égaler et vivons dans ce souvenir en occultant complètement le fait que nous pourrions conquérir un nouveau bonheur tout aussi absolu.

Ainsi, comme l'a écrit André Gide "rien n'empêche le bonheur comme le souvenir du bonheur". L'Homme a certainement conscience que la mémoire peut être un obstacle capital à son accession au bonheur.

Mais cette quête pour lui est essentielle.

Aussi, il n'hésite pas à composer avec elle afin d'acquérir une identité propre lui permettant d'être heureux. La mémoire de l'être humain est phénoménale.

Elle enregistre le moindre détail de sa vie, la moindre parcelle de son existence, les bons comme les moins bons côtés.

Aussi, il est dans l'obligation, consciemment ou inconsciemment, de procéder à un tri qui valorise généralement les bons souvenirs au détriment des mauvais.

Il triche donc volontiers avec ses souvenirs et par conséquent avec la réalité, en privilégiant voire en enjolivant les bons souvenirs, et en minimisant ceux qui le perturbent dans le seul but de se préserver afin d’améliorer ses chances de bonheur.

Ainsi, il n'est pas rare, dans le cadre d'une séparation amoureuse, pour ne pas sombrer, de se convaincre que l'on est bien plus heureux seul et pour cela nous n'hésitons pas à accentuer les mauvais côtés et toutes les erreurs commises par l'ex conjoint.

Finalement, la mémoire tangue entre le devoir de restituer la réalité des événements passés et notre désir de connaître le bonheur. Pour notre confort, notre mémoire peut même aller jusqu’à occulter certains souvenirs soit parce qu’ils sont moralement insoutenables, soit parce qu’ils sont signes d’opprobre et ternissent notre image.

Nous allons, en effet, pouvoir refouler nos traumatismes ou nos moments de honte intense comme une sorte d’autodéfense que nous poursuivrons tout au long de notre vie.

Cependant, selon Freud, c es souvenirs que nous mettons volontiers de côté, ne sont pas pour autant complètement abandonnés ; certains subsistent encore dans notre inconscient, dans notre « mémoire de l’oubli » et peuvent être déterminants dans la construction de notre identité au même titre que ceux dont nous sommes conscients.. »

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