La moquerie peut-elle se justifier ?
Publié le 27/02/2008
Extrait du document
cit., « Des grands », §53). Or, le mépris n?est-il pas,
comme l?affirmait Albert Camus (dans les Inactuelles) « la plus grande
faute en politique » ? Montesquieu recommande ainsi au monarque de s?abstenir de
railler le peuple (in De l?esprit des lois, t. 1, livre II, chap. XXVIII,
« Des égards que le monarque doit à leurs sujets).
Deuxième
partie
Ne doit-on pas changer de perspective si l?on veut pouvoir
justifier la moquerie dans certains cas, et considérer plus attentivement les
motifs qui ont conduit les moralistes à cette condamnation quasi-unanime ?
- D?abord, si la raillerie a été autant condamnée, n?est-ce pas
parce qu?elle attente au principe d?honneur qui fonde la hiérarchie sociale, en
particulier dans les régimes aristocratiques ? La moquerie joue ainsi un rôle
distinct selon la perspective adoptée : exercée du haut vers le bas, elle
confirme la prééminence sociale et consolide les relations de domination, tandis
qu?adressée du bas vers le haut, elle remet en cause l?ordre social. Appelons
« raillerie » celle-ci et « moquerie » celle-là : on dira alors que l?une est
une affection aristocratique, tandis que l?autre est au contraire une affection
démocratique, liée à la liberté de pensée et d?expression.
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