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La morale doit-elle se soucier d'être utile ?

Publié le 16/03/2009

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morale

La morale doit-elle se soucier d'être utile ?

La moralité peut se définir comme l’obéissance au devoir. Donc obéir au devoir c’est obéir à la loi morale. En ce sens, la moralité d’une action dépend de la volonté qui l’accomplit. Mais plus simplement, par moralité on peut entendre tout ce qui a un caractère morale dans l’extériorité, c’est-à-dire d’effectif dans la sphère de l’action. Ainsi, la moralité peut se décliner en respect de la personne, en politesse etc. Dès lors, il semble que la moralité soit utile au moins dans la création et la conservation du lien social, mais aussi dans mon propre intérêt afin d’éviter tout conflit. L’utilité en effet a une valeur d’intérêt, or l’intérêt peut être privé ou public et dans ce cas, il est possible de voir un conflit avec la moralité. Une action que j’accomplis dans mon propre intérêt n’est pas toujours morale et cela l’expérience nous en fournit maintes exemples. Mais quand bien même l’utilité ne serait pas toujours morale, ne pourrait pas aller plus dans la critique voire jusqu’à une position radicale ? Effectivement, voir un lien moralité et utilité, n’est-ce pas méconnaître l’essence même de la morale ? Faire dépendre la morale d’autre chose que l’idée de devoir pourrait conduire au relativisme en morale donc ruiner toute entreprise de fonder universellement des principes en morale.

Ainsi, si dans un premier temps, nous essaierons de voir en quoi on peut observer un lien de correspondance entre moralité et utilité (1ère partie), nous serons amenés à limiter voire à critiquer ce lien au nom de l’essence même de la morale et du devoir (2nd partie). Mais face à un tel conflit, peut-être pourra-t-on trouver un moyen de dépasser ce conflit en réinterrogeant généalogiquement le concept de moralité à travers le prisme de l’utilité (3ème partie).

I – L’utilité est une doctrine morale

II – La moralité n’est pas de l’ordre de l’utile (exclusion conceptuelle)

 

III – Dépassement du conflit moralité – utilité : généalogie du concept

morale

« nécessaires.

Pourtant, le devoir idéal de la raison pure et une valeur a priori.

Il commande absolument et ne peutpas être relatif à une maxime hétéronomique, c'est-à-dire d'un mouvement pathologique de la volonté soumises auxpassions extérieurs ou à l'intérêt, même commun.

Le devoir commande absolument.

Cette exigence ne découle pasde l'empirie.

Si nous voulions fonder la morale sur l'utile, elle serait rapidement ruinée.

Le devoir, loin d'être uneréalité, représente une norme de la raison, valable pour tous les êtres raisonnables.

En ce sens, le pur devoir a prioricommande catégoriquement.

Et l'impératif catégorique est le seul purement moral.

L'obéissance au devoir doit doncse faire non pas par devoir, ce qui serait une contrainte, mais pour le devoir lui-même.b) Le devoir est donc sans condition, ni de l'utile ni du bonheur, et exprime l'autonomie de la volonté face auxpassions et tendances pathologiques ; et c'est en ce sens que l'impératif catégorique s'exprime suivant la formule :« Agis comme si la maxime de ton action devait être érigée par ta volonté comme loi universelle.

» ( Fondements de la Métaphysique des Mœurs ) En ce sens, faire accompagner l'obéissance au devoir, donc la morale de l'utile c'est faire un contresens sur le sens même de la morale et du devoir.

En effet, comme le remarque Kant dans la Critique de la raison pratique : « Devoir ! Nom sublime et grand, toi qui renferme rien en toi d'agréable… ».

Et c'est bien ce que Kant prouve dans l'exemple sur le mensonge, et son interdiction catégorique, comme on peut le voir dans Sur le droit de mentir en vertu même de l'idée de devoir.

Plus simplement, l'obéissance du devoir se montre avec l'exemple de Régulus qui est renvoyé à Rome depuis les geôles des Carthaginois pour négocier la paix, mais qui revient seconstituer prisonnier, et mourir, pour respect sa parole, et l'obéissance au devoir.

Cet exemple montre donc bien leconflit qu'il peut y avoir entre l'utilité et la moralité.c) Au demeurant, même avec la morale kantien on peut pourtant voir un certain rapport entre l'utile et la morale.

Eneffet, comme on le voit dans les Fondements de la Métaphysique des Mœurs de Kant , par la purgation des passions que peut constituer le respect de la loi morale, la moralité devient utile à la société, comme on peut le voir avec lecas de la vengeance ou du meurtre.

Mais il n'en reste pas moins que cet effet n'est que dérivé et que la morale telleque la propose Kant n'a pas à s'en soucier.

L'action morale recherche la coïncidence avec la pureté du devoir, etcela notamment dans l'intention, et dans une moindre mesure dans l'effectivité de cette action.

Ainsi, il y a bien unconflit entre la morale et l'utilité mais qu'accidentellement et de manière extérieure la morale soit utile à la viesociale mais simplement en supplément du droit.

Transition : En ce sens, on peut donc voir l'émergence d'un conflit entre moralité et utilité.

Celui-ci vient de l'essence même apriori de la moralité qui ne peut contenir qu'en elle l'obéissance au devoir donc l'autonomie de la volonté.

Or fairecorrespondre utilité et moralité ce serait justement soumettre la volonté à des maximes hétéronomiques etpathologiques ce qui aurait pour effet de ruiner toute morale, dans son fondement même.

Pourtant, en étudiant lagénéalogie du concept même de moralité, on peut se demander si l'on ne pourrait pas dépasser ce conflit.

III – Dépassement du conflit moralité – utilité : généalogie du concept a) En effet, par une étude du concept de moralité, on peut voir que l'obéissance au devoir est non pas uneexigence de la raison, mais généalogique, la loi morale c'est « la société qui parle à travers moi » comme le préciseDurkheim dans l' Education morale .

Le devoir est l'ensemble des attendus, des règles de la société intériorisée. « Quand notre conscience parle, c'est la société qui nous parle.

» Les commandements moraux, l'obéissance audevoir, sont imposés aux individus par la vie sociale de telle sorte qu'ils assimilent, les intègrent jusqu'à avoir l'illusionde les trouver en soi.

Dès lors, il faut voir que ces règles sont mises en place justement en raison de leur utilité pourconserver le lien social.

Généalogiquement donc il n'y a pas de conflit entre la moralité et l'utilité.

C'est ce que l'onpeut observer dans le cas de l'interdit de l'inceste ou encore dans le respect de la propriété d'autrui.

Toutes cesrègles sont utiles, particulièrement à la société, et elles sont aussi en accord avec le principe d'utilité millien et ladéfinition kantienne de la moralité.b) Au demeurant, Durkheim nous montre dans le même texte, l'Education morale , que la conscience du devoir, et son obéissance qui dicte des impératifs n'est que l'indice d'une profonde assimilation des impératifs sociaux, d'unemoralisation si réussie qu'elle se passe d'autre chose.

Donc, l'obéissance au devoir est une obéissance aux loissociales.

L'impératif catégorique est donc un fait social total.

D'où l'importance de l'éducation, de coutumes commeautant de cadres à la vie sociale.

C'est en effet à travers l'éducation principalement que sont assimilés ces codes etrègles de conduite ; se transmettant de génération en génération.c) En fait, on peut voir le lien entre moralité et utilité à travers la définition que Durkheim donne de la société dans le Dictionnaire philosophique de Lalande .

En effet, la grande différence entre les sociétés animales et les sociétés humaines est que, dans les premières, « l'individu est gouverné exclusivement du dedans, par les instincts… tandisque les sociétés humaines présentent un phénomène nouveau, d'une nature spéciale, qui consiste en ce quecertaines manières d'agir sont imposées ou du moins proposées du dehors à l'individu et se surajoutent à sa naturepropre » ; et tel est le caractère des « institutions », au sens large du mot.

On peut dire que la moralité estl'obéissance aux règles profondes de la société.

Or c'est bien dans ce cadre que je peux développer des relationsavec autrui.

Donc la moralité est aussi utilité.

Et dans la mesure où la société se définit comme le cadre permettantla vie et la poursuite de ses propres buts tant qu'ils n'entrent pas en conflit avec l'ordre social, alors on peut direque la moralité est compatible avec l'utilité.

Conclusion : Ainsi, n'y a-t-il nécessaire conflit entre la moralité et l'utilité dans la mesure où par une étude généalogique duconcept de moralité on peut voir à la base de celui-ci une utilité pour la société ayant crée ces règles et ses codespour pallier l'absence d'instinct en vue de la conservation de l'espèce et de la vie en communauté, dont le vecteurprincipal est l'éducation.

En ce sens, si la morale ne doit pas être soumise à des objets extérieurs, il n'en reste pas. »

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