La morale est-elle une convention sociale ?

« nous montrerons les failles de cette thèse.

Enfin nous conclurons que la bonne morale dont fait l'éloge Kant n'est en réalité pas différente de la mauvaise morale populaire, qu'il critique.

Ainsi nous montrerons que la morale est effectivement liée aux sociétés dans l esquelles elle s'applique , qu'elle est une convention sociale , et non pas un ensembl e de règles élevées au rang de loi s de l'humanité toute entière.

Au XVIIIème siècle, Kant essaye de fonder rationnellement l'usage ordinaire du mot morale, c'est à dire de justifier l'universalité de cet ensemble de règles de conduite.

Il base la définition de sa morale sur la notion de devoir : pour agir moralement, on doit agir conformément à notre devoir d'homme.

Et quel est notre devoir d'homme alors ? Pour lui, une des caractéristiques fondamentales de l'homme est qu'il est un être de raison, facul té qui lui permet de distinguer le bien du mal.

Et la première règle qui s'applique à la raison est celle de la non -contradiction : on ne peut accorder des attributs contradictoires à un sujet dans le même temps et sous le même rapport.

On ne peut affirmer dans un même temps qu'une personne est grande et petite, ni qu'un objet est lourd et léger, de façon rationnelle.

Ainsi pour lui, si je vole quelqu'un alors que je ne souhaite pas que lui en fasse autant, je suis en contradiction avec cette règle car cela équivaut à attribuer deux attributs contradictoires au vol.

Et ce faisant, je suis en contradiction avec la raison, qui me caractérise, et donc ma nature d'homme .

Kant a ainsi défini un premier impératif catégorique, formel, à appliquer en toute q circonstances si l'on veut agir de façon morale : " Agis uniquement d'après la maxime qui fait que tu peux vouloir en même temps, qu'elle devienne une loi universelle " .

Toujours dans la même idée de respect envers notre nature d'homme, Kant affi rme que du fait que nous sommes des êtres rationnels, nous devons respecter certaines obligations envers nous même et les autres humains, d'où un second impératif catégorique : " Agis de telle sorte que tu traites l'humanité en toi -même et en autrui, toujou rs comme une fin et jamais comme un simple moyen ".

C'est ainsi que par exemple il condamne la prostitution et la masturbation, qui ravaleraien t l'homme au rang de simple outil du plaisir, et serai ent hautement immoral es puisqu'en contradiction avec notre statut d'être rationnel.

Ainsi le sexe ne deviendrait moral qu'au sein d'un mariage monogame et indissoluble...

Ces impératifs étant catégorique s, par définition ils doivent être appliqués sans tenir compte des circonst ances, ni des conséquences possibles.

Et étant donné que Kant fonde sa définition de la morale sur eux, il s serai ent une preu ve que la morale est universelle .. »