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Peut-on réduire l'exigence morale a une simple convention sociale ?

Publié le 22/12/2005

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morale
C'est la société qui nous forme moralement" " Notre conscience morale est son oeuvre et l'exprime; quand notre conscience parle, c'est la société qui parle en nous." (L'éducation morale) De plus, cette voix a un ton de commandement et la morale est vécue comme autorité à laquelle on ne peut échapper. Mais si les règles qui régissent l'exigence morale, les notions de bien et de mal sont relatives alors comment les hommes de différentes cultures peuvent-ils s'entendre? La morale a-t-elle encore un sens ?   L'exigence morale comme donnée de la raison "Je dis que le respect de la vie d'autrui n'est pas un devoir social, attendu qu'il existe indépendamment de l'existence ou de la nature d'une société quelconque. " Alain. Il existerait au contraire certaines exigences morales qui sont indépendantes de toutes cultures et applicables en tout temps et en tout lieu. Prenant cette réflexion comme point de départ, Kant va chercher à déterminer s'il n'existe pas une loi morale a priori, c'est-à-dire qui ne serait pas apprise par l'expérience ou par la société.  Il formule alors ce qu'il nomme l'impératif catégorique, c'est-à-dire un impératif qui se vaut par lui-même, indépendamment de nos désirs et de toutes choses extérieures. Voici sa première formulation : " Agis comme si la maxime de ton action pouvait être érigée par ta volonté en loi universelle de la nature ".

Étymologiquement, le terme « morale « vient du latin mores qui signifie "relatif au moeurs". La morale telle qu'elle se définit traditionnellement est un ensemble de règles de conduite et de valeurs au sein d'une société ou d'un groupe. L'exigence morale détermine ce que l'on doit faire. Mais peut-on néanmoins réduire toute moralité à une convention, à une dimension relative? Ne peut-il y avoir des règles de morale universelles?

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« seul impératif catégorique d'où tous les impératifs du devoir peuvent être dérivés et que Kant énonce ainsi : « Agisuniquement d'après la maxime qui fait que tu peux vouloir en même temps qu'elle devienne une loi universelle ».

Decette formule, Kant en déduit trois autres :• « Agis comme si la maxime de ton action devait être érigée par ta volonté en loi universelle de la nature.

»• « Agis de telle sorte que tu traites l'humanité, aussi bien dans ta personne que dans la personne de tout autre,toujours en même temps comme une fin, et jamais simplement comme un moyen.

»• « Agis toujours de telle sorte que tu puisses te considérer comme législateur et comme sujet dans un règne desfins rendu possible par la liberté de la volonté.

» Cet impératif est présent dans la raison de tout homme et est universel.

Il existe bel et bien une exigence morale quine soit pas dictée par la société mais par la nature de l'homme, par sa raison. Mais cette règle répond à un critère formel et rend difficile la pratique, en effet, elle ne dit aucunement que fairedans les situations particulières. Une exigence morale comme réflexion personnelle Pour pouvoir en toutes circonstances, décider de ce qu'il faut faire, l'homme peut et doit se créer une propreexigence morale.

En effet, si la société influence les règles de conduite, la réflexion et la connaissance peuventpermettre à l'homme de prendre de la distance vis-à-vis de celles-ci et se construire son propre système dejugement.

On pourrait alors parler plutôt d'exigence éthique, qui prendrait naissance non dans les moeurs d'unesociété mais dans une décision rationnelle. " Toute la moralité de nos actions est dans le jugement que nous en portons nous-mêmes." Rousseau De même, Alain fait valoir que l'exigence morale que met en place la société n'est rien, chaque homme se fait sapropre morale.

"je m'interdis de voler qui que ce soit ; j'ai la ferme volonté d'être juste et charitable envers messemblables, et non pas seulement envers mes concitoyens [...] La société n'a donc rien à faire ici ; elle ne doit pasêtre considérée.

" Alain ( Propos ) Pour Sartre, s'il n'y a pas de valeurs morales préétablies et universelles, c'est donc à l'homme de se les créer.

" Cequ'il y a de commun à l'art et à la morale, c'est que, dans les deux cas, nous avons création et invention.

Nous nepouvons pas décider a priori ce qu'il a à faire." L'existentialisme est un humanisme. Qu'il soit facile de savoir où est son devoir n'exclut pas toujours la nécessité de la délibération.

Des situationspeuvent, en effet, se présenter où le sujet voit s'opposer deux règles.

Sartre , dans « L'existentialisme est un humanisme » cite le cas d'un jeune homme qui doit choisir entre le devoir patriotique qui lui commande de partir en Angleterre et s'engager dans lesForces Françaises Libres , et le devoir filial qui lui commande de rester auprès de sa mère souffrante et l'aider à vivre.

Ce jeune homme peut se direque sa mère ne vit que par lui et que son départ, et peut-être sa mort, laplongerait dans le désespoir ; Il peut aussi se rendre compte que partir etcombattre est un acte ambigu qui pourrait ne servir à rien si, par exemple,passant par l'Espagne, il restait bloqué dans un camp espagnol.

Suite à unetelle délibération, il choisirait de rester auprès de sa mère.

Mais les devoirsfondamentaux exigés par la situation sont probablement qu'il devrait accompliret son devoir filial et son devoir patriotique.

Entre ces deux impératifs, il n'y apas d'incohérence de nature.

Le conflit vient de ce que, les choses étant cequ'elles sont, il n'y a pas moyen de faire les deux actions en même temps.Autrement dit, s'il reste auprès de sa mère, le jeune homme ne peut pas direqu'il se trompait en pensant que s'engager dans les Forces Françaises Libres était une chose qu'il devait faire.

Il peut même continuer à penser cela rétrospectivement et, partant, avoir des regrets. Suivre un des devoirs, dans un conflit moral, n'entraîne pas que l'autre devoirn'a aucune pertinence. L'homme doit donc prendre conscience que la société détermine en grandepartie son exigence morale et sa conduite puis y réfléchir.

Mais de ce fait, il se doit de prendre une distance critiquevis-à-vis de celle-ci et régler lui-même l'usage qu'il fait de sa propre liberté.

Même si la loi morale kantienne estcomplexe à appliquer dans la vie quotidienne, elle donne l'occasion à l'individu de prendre conscience que son actionne peut être réglée que sur son intérêt privé et a des conséquences pour l'ensemble des hommes.

Personne d'autreque moi-même ne peut décider si mon action répond à l'exigence morale et n'est pas mauvaise.

Parce quel'inconscience revient à autoriser à faire le pire, l'indispensable est de peser nos décisions dans notre conscience etd'inventer sa propre règle d'action, redonnant ainsi à l'homme une liberté et une responsabilité salvatrices .. »

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