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La morale mise au rang d'universel : cela a-t-il encore un sens ?

Publié le 22/02/2012

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Aujourd'hui, nombre de débats sociétaux semblent reposer sur la question de la morale : les soucis que posent les avancées en matière de génétique (notamment la bio-éthique), la sauvegarde de l'environnement, l'application effective des droits de l'homme… En outre, notre ère est marquée par un phénomène paradoxal : confrontée à l'individualisme croissant, la mondialisation pourtant s'accélère, se faisant rencontrer plus facilement les cultures, ouvrant les frontières des Etats-Nations. Il ne serait là pas pertinent de poser un jugement de valeur, mais bien de comprendre la tension inhérente à ce paradoxe, entre particulier et universel, qui sous-tend la question de la morale. En effet, l'idée d'une morale universelle peut-elle encore avoir un sens ? Tout d'abord, parler d'idée, c'est aborder le domaine de l'abstraction, si l'on considère que l'idée est une représentation de l'esprit qui peut être exprimée de façon visible, c'est quelque chose qui n'a pas encore été appliqué. Pour Platon, les Idées constituent l'essence des choses et donc précèdent la matière, et sont surtout dans leur définition déjà connotée par la recherche de caractéristiques universelles.
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« erroné dans d'autres.

Une des critiques que l'on peut formuler serait que sa politique est normative et positive,c'est-à-dire qu'elle dicte les conditions et les comportements dans un jugement de valeur.

Cependant, Aristotes'adresse à tous, l'universalité de sa philosophie est indéniable : même si subsistent des différences de modalités etdans les principes, la forme de la question éthique de la vie bonne est universelle. La définition de la vertu est donnée comme universelle, mais elle risque d'être perçue commeparticulière à un temps et à un lieu.

Si l'on veut définir la vie morale, la vertu et du bonheur à toutes contingences,il est nécessaire de neutraliser les références politiques.

Après Aristote, chez les stoïciens, l'étude éthique vise àdéterminer l'essence de la vertu sans référence politique ou sociale, perspective apolitique ; chez les stoïciens, cequi importe n'est pas la vie dans la cité, mais se reconnaître citoyen du monde : la morale est cosmopolitique, on vaalors être indifférent aux coutumes ou moeurs d'une cité.

L'acte moral sera un rapport entre l'individu et l'universel,le premier devant se conduire selon la nature. Emmanuel Kant, philosophe allemand de la fin du XVIIIe siècle, reprend d'une certaine manière le stoïcisme dans sa pensée sur la morale, présente dans deux ouvrages, Fondements de la métaphysique des moeurs (1785) et Critique de la Raison Pure (1781).

Pour lui, ce qui fait l'essence de la moralité, c'est que la règle particulière de l'action d'un individu puisse être érigée comme loi universelle de la conduite, une maxime a unevalidité morale si elle peut être tenue comme universelle ; l'exigence morale qui prend la forme d'un devoir, c'est quela particularité tende à l'universalité, ou alors que l'individualité se rende à la parfaite généralité et que laparticularité s'efface devant l'universalité.

Le débat éthique se joue donc dans le rapport entre l'individu et la loiuniverselle, ou entre la subjectivité particulière et la loi rationnelle, de telle sorte que le particulier s'efface et quel'individu se conforme à la loi : pour Kant, c'est cela fonder la moralité.

De plus, il est nécessaire de neutraliser lesinsertions sociales et historiques parce qu'elles sont particulières.

Ainsi, la loi morale ne peut être loi sociale mais loide la raison, c'est un fait de raison qui n'a rien d'empirique.

Chez Kant, il y a aussi un caractère subjectif (constitutifau sens d'une subjectivité identique en tous les êtres humains) de la morale en plus de son caractère universel etimpersonnel: si la loi est identique pour tous, elle n'a pourtant de signification humaine que si elle peut s'appliquer àchacun, sinon elle ne serait qu'une loi abstraite et vaine. C'est la loi morale toute formelle qui commande que l'individu agisse, elle est ainsi directrice de l'action correcte dansle monde concret.

Cependant, Kant ne présente pas le paradoxe entre l'individuel et l'universel dans l'acte moral.

Leparadoxe éthique, c'est que la vie morale apparaît comme une expression de la vie humaine dans les moeurscommunes d'une société, elle est extérieure et sociale, mais aussi intérieure et singulière, personnelle : laconception classique de la vie morale repose sur deux principes, la loi qui est universelle pour une société et laconscience qui est individuelle.

Ces deux éléments se relient l'un à l'autre et s'identifie dans le concept éthiqued'autonomie, c'est-à-dire l'unité de la conscience et de la loi pour la conscience morale, l'homme a unereconnaissance de ce qui est bien et cette conscience est une aptitude à juger de la valeur des actions.

Lesmoeurs recouvrent le domaine des conduites inspirées par les désirs et les inclinations, tandis que la morale renvoieà l'action qui relève de la libre volonté.

La morale, pour Kant, se contente d'expliciter les principes qui sont àl'oeuvre dans toute expérience d'ordre moral, autrement dit liée à l'observation d' impératifs catégoriques.

Lapensée de la morale chez Kant est formulée ainsi: « Agis uniquement d'après la maxime qui fait que tu peux vouloir en même temps qu'elle devienne une loi universelle » ( Fondements de la métaphysique des moeurs ).

Ma règle personnelle de comportement doit pouvoir être celle de tous les hommes sans se contredire elle-même: c'est lecritère de la moralité d'une action.

Kant s'adresse ici à tous, à l'unité fondamentale constitutive de l'être humain. On peut alors constater que dans les différentes façons d'aborder la morale, qu'elle soitchrétienne, aristotélicienne, stoïcienne ou kantienne, un point commun rassemble ces conceptions : la volonté des'adresser à tous, de manière universelle.

Certes, les modalités ne sont pas identiques, mais cette idée d'universelest prégnante : cependant, ces visions anciennes sont-elles applicables au monde d'aujourd'hui ? Entre un déclin ducatholicisme en France, un rapport entre politique et citoyen qui n'est pas toujours facile, mais aussi un apolitismequi ne peut plus exister dans notre société, on s'aperçoit que l'universalité prônée par ces philosophes est difficile àappréhender de nos jours.

Ces propositions sont liées à un contexte de création, radicalement différent de celuidans lequel on vit.

C'est pourquoi, malgré leur universalité dans l'idée au moment de leur énonciation, elles ne sontpas envisageables dans notre société contemporaine. Les prémices d'une recherche philosophique peuvent être considérées, que prend plus en comptel'individu avec René Descartes (XVIIe siècle) : il oppose morale par provision (maximes d'un particulier) et morale définitive qui serait universelle.

Une mutation s'est accomplie avec Galilée, car la notion de Kosmos comme réalitéfinie, hiérarchisée est une notion périmée.

Or une grande part de la philosophie antique reposait sur le Kosmos.

Lemonde est maintenant supposé comme indéfiniment ouvert : pour l'éthique, conséquence considérable, le point deréférence est maintenant l'homme lui-même. De nos jours, l'idée qu'une morale universelle est considérée comme tout simplement inimaginableau vu des différents clivages sociétaux, nationaux, idéologiques, culturels ou religieux qui se sont multipliés.

Ladiversité et particularité des systèmes moraux peuvent poser problème de confrontation entre ces différents. »

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