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La nature de l'homme c'est l'artifice

Publié le 05/04/2005

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C'est aussi le signe par lequel l'homme tout étant un animal naturel se détache de son environnement immédiat. Cette double nature de l'homme, il faut l'approfondir davantage encore afin de montrer comment à la fois le côté naturel et le côté artificiel chez l'homme lui permettent de créer une société et dans celle-ci d'apporter certaines richesses matérielles qui n'existaient pas auparavant. Schopenhauer :  « L'être humain est, au fond, un animal sauvage et effroyable. Nous le connaissons seulement dompté et apprivoisé par ce que nous appelons la civilisation ».   Deuxième partie : nature et art.   "Par "culture" nous entendons l'ensemble des formes acquises de comportements qu'un groupe d'individus, unis par une tradition commune, transmettent à leurs enfants. Ce mot désigne donc, non seulement les traditions artistiques, scientifiques, religieuses et philosophiques d'une société, mais encore ses techniques propres, ses coutumes politiques et les mille usages qui caractérisent sa vie quotidienne." M. Mead, Sociétés, traditions et techniques. Nous prenons le mot art dans un sens très général, tel que les Grecs le pensaient sous le nom de technè.

La représentation commune qu’on a de l’homme est floue, elle est à la fois création et animalité. C’est-à-dire que l’homme semble à la fois relever d’une force supérieure, et participer de la nature  (en tant que tel, il est un animal comme un autre) ; il y a donc en lui la nature et la culture. C’est précisément en vue de préciser la vraie nature de l’homme qu’il est nécessaire d’interroger cette vision floue et imprécise en vue de lui apporter une réflexion pertinente. Car comment faut-il penser la double nature de l’homme ? Quelle est la part de culturel et la part d’artifice que l’on peut subsumer  chez l’être humain ?

« Il semble que nous puissions diviser le monde en deux sphères: à l'une, composée de choses et d'êtres vivants, nousdonnons le nom de «nature»; nous définissons l'autre, celle des objets que nous fabriquons, comme le monde de latechnique, de la culture, de l'artifice.

Mais où passe exactement la frontière? Quelle distinction?L'homme crée des objets qui, sans lui, n'existeraient pas.

Dans l'Éthique à Nicomaque, Aristote donne l'exemple del'architecture.

Elle témoigne d'un pouvoir, proprement humain, de mettre au monde des oeuvres que nous créons parla pensée et que nous réalisons par des procédés techniques.

De telles oeuvres sont dites « artificielles » parceque, au lieu d'être le résultat d'une nécessité naturelle ou d'une puissance propre d'exister, elles sont le fruit denotre art, les effets de notre volonté consciente.

La distinction paraît claire.

Pourtant, face à un objet inconnu, unarchéologue peut avoir du mal à déterminer qui, de la nature ou de l'homme, en a été l'auteur.

De même, peut-onvraiment différencier de nos fabrications la formation par l'eau des stalactites dans les grottes, ou la constructionde nids par les oiseaux, dans la mesure où toutes ces productions nécessitent une action, obéissent à un plan,répondent à une utilité directe ou indirecte ? L'homme demeure un être naturel.

Il ne fabrique rien de toutes pièces :ni le schéma de ses inventions, ni les matériaux dont elles sont faites, ni le milieu où elles apparaissent.

Il n'estmême jamais plus fier que lorsque ses artifices (fleurs ou...

intelligence « artificielles ») deviennent indiscernablesdes oeuvres naturelles.

D'un autre côté, l'humanité perçoit les créations de la nature à travers son expérience de latechnique et ne se les explique qu'en y projetant ses propres procédés.

L'idée d'une productivité naturelle qui seraitradicalement différente de la sienne lui demeure aussi bien inaccessible. Le pouvoir de l'homme sur la natureEn réalité, l'enjeu de la distinction entre le naturel et l'artificiel renvoie au pouvoir que nous désirons exercer sur leschoses.

Celle-ci nous retient de nous attribuer un pouvoir illimité, en imagination ou dans la réalité.

Mis en présencede la capacité humaine de créer des choses que la nature ne produit pas spontanément et serait même dansl'incapacité de produire seule, confrontés à l'exaltation de cette capacité par le mouvement de pensée dessophistes, les hommes de l'Antiquité prêchent la prudence et la modération.

Surmontant la crainte que leur inspirentmalgré tout les épidémies, les éruptions volcaniques ou les tremblements de terre, ils réaffirment que les réalitésfondées en nature présentent une stabilité plus forte et une valeur plus grande que les créations humaines.

Cetteattitude conduit Platon, fer de lance de la lutte contre les sophistes, à dévaloriser, au livre X de sa République,l'artisan, comme créateur de second ordre, et plus encore l'artiste, comme créateur de troisième ordre.

La capacitétechnique des hommes est ramenée à un règne s'exerçant seulement sur un univers d'artifices ou sur un monded'apparences.

L'essor des sciences à l'âge moderne réhabilite La technique.

C'est en comparant la nature à unegrande horloge, et donc en faisant fi de la distinction, qu'au XVIIe siècle Descartes forme le projet d'une dominationtotale de l'homme sur son environnement naturel.

Marx parachève cette vision après la révolution industrielle endécrivant le travail et l'industrie comme un pouvoir des hommes non seulement de façonner un monde à leur mesure,mais même de transformer leur propre nature et de se faire des êtres essentiellement historiques.

C'est auxcontemporains, par exemple à Heidegger, dans la Question de la technique (1953), qu'il reviendra de mettre engarde contre une volonté de puissance qui enlève à la nature son statut de partenaire face auquel l'humanitééprouve sa liberté.

Lorsque toutes choses sont comprises comme un fonds inépuisable au service des humains,l'homme se perd, et confond sa libertéavec sa toute-puissance.. »

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