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La négation n’est-elle qu’une suppression ?

Publié le 02/12/2013

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               La négation, à première vue, semble caractériser le fait de nier une affirmation. Autrement dit, la négation serait ce qui introduit du « ne pas être « dans une proposition affirmative où était posé de l’être. Ainsi, s’interroger sur le statut de la négation nous amènera à questionner la relation de l’être et du non-être, ainsi que leurs statuts respectifs.

 

               Littéralement, il apparait évident que la négation soit une suppression : celle de l’affirmation. Pourquoi alors se demander si la négation est autre chose qu’une suppression ? Car si la question « la négation n’est-elle qu’une suppression ? « est posée, c’est bien qu’une autre réponse que celle qui semble être la plus évidente est envisageable. Mais se questionner sur l’ontologie de la négation pose problème : comment s’interroger sur le statut, l’être de quelque chose dont l’existence semble justement reposer sur le fait de n’être pas ? Autrement dit, comment ce qui n’est pas pourrait-il être quelque chose, du moins quelque chose d’autre que de la suppression ? Comment la négation pourrait-elle avoir « plus à offrir « que de la suppression ?

« Dans un premier temps, nous allons voir comment la négation peut apparaitre comme une suppression, une néantisation, et comment elle peut devenir ainsi paralysante et source d’angoisse.

Comme le dit Aristote dans De l’interprétation (II, 6 -12), à toute affirmation correspond une affirmation contraire.

Par ailleurs, l’application de la négation ne concerne ni le sujet, ni le prédicat, mais le verbe.

Appliquer l’apophase, c’est -à -dire la négation , à un sujet ou à un prédicat implique u ne indétermination .

Selon Aristote ( De l’interprétation , chap.6, 17a, 25-26), « une affirmation est la déclaration qu’une chose se rapporte à une autre chose ; une négation est la déclaration qu’une chose est séparée d’une autre chose ».

L’affirmation détermine, elle est ainsi plus riche que la négation, qui elle créé un clivage, une scission dans l’être.

Dire « Socrate est un philosophe » détermine ce qu’est Socrate, mais dire « Socrate n’est pas un philosophe » nous laisse dans l’indétermination, car si S ocrate n’est pas un philosophe, il peut être bon nombre d’autres choses.

Au niveau logique, la négation est donc inférieure car elle s’ajoute à l’affirmation.

Cela va avoir une répercussion sur le plan métaphysique : la négation est postérieure à l’affirm ation sans laquelle elle ne peut être connue ( Analytique, II, 1, 25, 86b, 33- 36).

Ainsi, la négation ne tient pas toute seule.

Cela la fixe conséquemment au plus bas degré de la présence.

Aristote distingue alors la privation ( stérêsis) et l a négation.

La strérêsis est le fait qu’une chose n’ait pas ce qu’il serait naturel pour elle de posséder ( Métaphysique, Δ, 22), il y a donc ici un léger écho à la présence (présence d’une absence : on enlève un prédicat qui devrait normalement appartenir au sujet naturellement ).

La négation, elle, ne nous renvoie à rien, à aucune présence.

Elle est inconsistante , stérile.

C’est la conscience qui opère des séparations, des différenciations entre les choses .

C’est la conscience qui nie .

Mais quel effet risque alors d’avoir la négation si elle est considérée comme suppression, indétermination ? La négation, en tant qu’inconsistante, indéterminée et stérile peut être considérée comme une sorte de néantisation.

Autrement dit, la négation nous laisserait entrevoir le néant et « c’est elle [l’idée de néant] qui pousse en avant, droit sous le regard de la conscience, les pensées angoissantes », comme le dit Bergson dans le chapitre IV de l’Evolution créatrice (page 728, éd.

du centenaire).

La négation provoque ainsi une sorte de malaise qui va faire naitre des questions existentielles : Pourquoi existons -nous ? Pourquoi l’Univers est ? Pourquoi le principe de la création plutôt que rien ? La contingence du monde apparait alors comme dramatique : nous sommes entourés de né ant et pouvons y verser à tout moment.

Cette indétermination devient proprement angoissante , et la négation comme suppression devient alors une sorte d’ouverture sur le vide.

La négation va alors devenir l’épreuve du non -sens.

Ce que Bataille appelle « supplication » ( L’Expérience intérieure , II, Le supplice III, à propos de Hegel ) est l’épreuve physique et intellectuelle de ce non -sens.

Le risque est que le clivage opéré par la conscience quand elle différencie, quand elle nie, soit paralysant.

Ainsi, la négation, en ce qu’elle est, contrairement à l’affirmation, indétermination, nous plonge dans une sorte de non -sens.

Mais la négation n’est -elle qu’une suppression du sens, de l’être ? Ne peut -elle rien faire d’autre que nous paralyser dans l’angoisse du néant ? Comment « sauver les phénomènes » (ςωζειν θα φαινόμενα ) ?. »

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