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La notion de BONHEUR dans l'Antiquité

Publié le 10/09/2018

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La problématique du bonheur dans l’Antiquité

La République de Platon jette les bases de la problématique du bonheur pour toute l’Antiquité, voire au-delà. Le bonheur est une question d’organisation : comment permettre à chaque partie de l’homme de remplir correctement son rôle, de manière à sauvegarder la bonne vie (eu zein, en grec) de l’ensemble ? La solution passe par une délimitation naturelle de chacune des facultés humaines : intellect, passions, appétits, etc. Il faut que chaque chose soit à sa place et conserve sa mesure propre. << Rien de trop >>, disait un proverbe grec, également considéré comme une maxime de sagesse*. Cet idéal de mesure, de proportion et de hiérarchie naturelles définit une vision classique du bonheur qui perdurera bien au-delà de l’Antiquité (voir l’illustration de Matisse, Le Bonheur de vivre, p. 16).

Les hommes et les dieux (Antiquité)

Les Anciens avaient coutume de réserver l’usage du terme « félicité » au seul bonheur des dieux. Mais « bonheur » se dit aussi en grec eudaimonia, littéralement un cadeau des dieux. Ainsi, dès l’Antiquité grecque, le bonheur humain semble relever d’un horizon impossible à atteindre pour les hommes.

 

A. Platon : un ordre naturel et vrai

Si Platon n’emploie guère le terme « bonheur», il pose néanmoins les fondements d’une réflexion sur ce sujet qui va influencer l’ensemble de la pensée occidentale. C’est surtout dans la République, son dialogue le plus célèbre, que l’on trouve une théorie de ce que ses successeurs nommeront le bonheur, mais qui s’appelle encore chez lui la justice.

 

Pour une oreille moderne, la question que recouvre chez Platon le concept de justice sonne étrangement : comment organiser l’âme et la cité pour vivre bien ? Pour Platon, la bonne organisation est en effet la même dans la vie individuelle et dans la vie sociale. Le schéma tripartite de la cité juste est le suivant : les rois commandent aux guerriers, et ceux-ci aux paysans et aux artisans qui nourrissent les deux premiers groupes. De même dans l’âme juste, l’intellect commande aux passions, qui commandent aux besoins.

1. La notion de fonction propre

 

Fort bien, mais quel est le rapport entre l’âme et la cité ? entre les passions et les guerriers ? La conception platonicienne de la justice ne se fonde en fait ni sur la nature de l’âme, ni sur celle de la cité; le concept fondamental est la notion de fonction ou de rôle (en grec, ergon : la fonction propre à une chose). Le bon fonctionnement d’un tout composé de parties, quel qu’il soit, dépend du rôle que remplit chacune de ces parties. Ainsi dans l’âme, le rôle de l’intellect, jugement ou réflexion, est-il identique à celui des chefs de la cité : l’intellect et le roi décident pour le tout auquel chacun appartient, l’âme ou la cité. De la même façon, le bon fonctionnement des passions forme un dispositif analogue à des guerriers en bon ordre de marche : il s’agit, dans les deux cas, de combattre les menaces extérieures, et de maintenir la paix à l’intérieur.

Les stoïciens : une recherche de l’absolu

Les stoïciens, dont Sénèque est l’un des grands représentants, sont beaucoup plus exigeants que leurs adversaires épicuriens sur la définition du bonheur. Ils soutiennent qu’il n’y a de bien qu’absolu et sans mélange : de même que le chaud ne peut se mêler au froid, le bien ne peut se mêler d’imperfection ou de mal. Une vie vraiment bonne, vraiment réussie, c’est une vie sans aucun défaut. Par conséquent, le bonheur c’est la vertu, et non le plaisir. Le plaisir est par essence imparfait, car il ne concerne que l’individu et ne le satisfait jamais qu’un temps ; non, le vrai bonheur humain est celui des dieux. L'incarnation du bien, pour le philosophe stoïcien, c’est le sage, qui jouit d’une impassibilité et d’une ata-raxie parfaites, comme les dieux.

 

Tout en étant extrêmement exigeants sur le bonheur, les stoïciens sont plutôt pessimistes sur la nature humaine : la vraie plénitude n’est pas à sa portée. Être vertueux n’est plus seulement, comme pour Aristote, réaliser les capacités humaines et donner l’image d’un être humain épanoui. Pour les stoïciens, l’homme fait partie d’un tout plus vaste qui l’englobe, et qui est le seul être vraiment parfait : le monde entier, qui pour eux est un être vivant, un véritable dieu - en fait le seul vrai Dieu. On retrouve ici la même exigence peut-être démesurée de perfection absolue, mais cette fois dans le domaine de la physique : le monde est un vivant entièrement rationnel et parfait, où tout est à sa place, et qui réalise le bien absolu. Alors pourquoi le mal, pourquoi l’imperfection ? Cela vient uniquement de nos limites, du fait que nous ne sommes qu’une partie de ce tout parfait : ce qui est bon pour le tout peut être mauvais pour une de ses parties. Ainsi la vertu n’est plus tant le moyen de réaliser le plein épanouissement de l’homme que la volonté de se soumettre à un ordre total qui nous dépasse. Seul pourra être heureux l’homme qui dit < oui » au destin, qui acquiesce à cet ordre du monde qu’il ne maîtrise pas.

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