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La notion d'une histoire du présent est-elle contradictoire ?

Publié le 20/07/2009

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histoire

Par présent, on entend une facette du temps qui se situe entre ce qui est révolu (passé) et ce qui n’est pas encore advenu (futur). La difficulté que l’on peut éprouver à définir cette notion au demeurant familière révèle qu’il s’agit d’une réalité dans une large mesure insaisissable. Saint Augustin exprimait la nature paradoxale de cet instant fugitif en disant « le moment où je parle est déjà loin de moi «. Le présent est ce point évanescent, par lequel l’avenir s’abolit à chaque instant dans le passé. Cependant, au moyen de la mémoire (présent du passé) ou par l’attente (présent du futur) notre esprit peut se rendre présent ce qui a cessé d’exister.

En disant d’une notion qu’elle est contradictoire, nous disons qu’elle affirme d’une chose qu’elle possède simultanément deux types de propriétés qui sont incompatibles entre elles. Une notion contradictoire est donc une notion qui fait cohabiter deux types de caractéristiques en prétendant qu’elles entrent dans la définition d’une chose. A ce titre, un noir blanchâtre ou une eau solide sont des notions parfaitement contradictoires.

D'après Georges Duhamel, le roman est l'histoire du présent, tandis que l'histoire est le roman du passé. Il semble donc que la question qui nous est posée n’est pas réellement pertinente, dans la mesure où l’expression « histoire du présent « peut nous apparaitre un oxymore évident. En effet, la notion d’histoire semble être irrévocablement liée à celle du passé alors que l’évanescence du présent parait le disqualifier pour être l’objet de l’histoire. Mais nous verrons que non seulement l’histoire du présent n’est pas une notion qui implique une contradiction interne, mais qu’elle s’incarne de surcroit dans une réalité disciplinaire existante. Enfin, nous nous interrogerons sur les apports et les intérêts intrinsèques d’une histoire qui prétend faire le récit non du passé, mais de ce qui nous est contemporain.

La question au centre de notre travail sera de déterminer si l’histoire se définit comme un discours portant sur le passé, ou si elle n’est pas capable d’intégrer le présent.

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« II.

La notion d'histoire du temps présent n'est pas contradictoire, elle correspond à une réalité de ladiscipline historique a.

La naissance de l'histoire du temps présent Cependant, nous ne pouvons en rester à une telle thèse.

En effet, il faut bien voir que non seulement la notiond'histoire du temps présent n'est pas contradictoire, car elle recouvre une réalité disciplinaire, mais qu'elle est desurcroit appuyée sur de solides fondements.

L'étude de l'histoire proche par les historiens a été stimulée par ladécision du CNRS de créer en 1978 un laboratoire qui prenne, notamment, en charge le dossier de Vichy et relaie leComité d'histoire de la Seconde Guerre mondiale, dépendant des services du Premier ministre.

Ce laboratoire a prispour nom l'«Institut d'histoire du temps présent ».

Il faut bien noter la dimension polémique de cette dénominationqui affronte la définition de l'histoire comme récit portant sur le passé que nous acons précédemment rappelée.

Lechoix de cette désignation marque en effet un déplacement du centre de gravité des recherches historiques de laquête de l'origine vers « l'actualité » et la volonté de rendre le présent compréhensible.

En effet, il nous a sembléque le présent, parce que nous en faisons l'expérience directe, n'avait nul besoin de devenir l'objet de la réflexion del'historien.

Mais une telle opinion méconnait non seulement l'immensité du présent (nous n'avons l'expérience qued'une part de celui-ci) l'interconnexion des évènements du monde (pensons au début de la première guerremondiale, apparue suite à un évènement qui ne semblait nullement concerner les nations d'Europe de l'ouest :l'assassinat de l'archiduc François Ferdinand en Autriche) mais aussi son opacité constitutive.

Pour le direautrement, le présent n'est pas ce dont nous avons une connaissance approfondie et intuitive, mais ce quinécessite, au moins autant que le passé, une réflexion pour en comprendre le fonctionnement, réflexion d'autantplus urgente qu'elle porte en définitive sur notre vie, ce qui nous touche le plus directement, et non ce qui estrévolu depuis des siècles. b.

De quel présent s'agit-il de faire l'histoire ? Certes, nous venons de le voir, la notion d'histoire du présent n'est pas contradictoire puisque le présent est unobjet qui appelle la réflexion de l'historien au même titre et aussi légitimement que le passé.

Mais encore nous faut-ilvoir de quel présent il s'agit.

En effet, nous avons vu en introduction que la notion de présent est insaisissable : ils'agit du point mobile qui se situe entre le révolu et l'avenir.

Comment avoir une quelconque connaissance d'un objetaussi mouvant ? Il faut donc lui donner des bornes un peu plus étendues si nous voulons en faire un objet d'étudedigne de ce nom.

L'histoire du temps présent couvre en effet une séquence historique marquée par deux balisesmobiles.

En amont, cette séquence remonte jusqu'aux limites de la durée d'une vie humaine, soit un champ marquéd'abord et avant tout par la présence de “témoins” vivants : ces derniers sont la marque la plus visible d'une histoireencore en devenir En aval, cette séquence est délimitée par la frontière, souvent délicate à situer, entre le momentprésent – “l'actualité” – et l'instant passé ».

De ceci il sort que le présent dont il s'agit de faire l'histoire estinextricablement lié à l'existence de témoins vivants.

Ces derniers livrent un témoignage qu'il appartient auxhistoriens de considérer comme des « sources orales d'histoire », c'est-à-dire comme des matériaux dont il fautétudier non seulement le sens, mais également les circonstances de la profération : silences, pauses, retour enarrière… Nous dirons donc que l'histoire du temps présent n'est pas une notion contradictoire, car le présent n'estpas une réalité insaisissable qui ne saurait faire l'objet d'une étude quelconque.

Le présent est ce qui est marqué parl'existence de témoins vivants de sorte qu'ils puissent fournir à l'historien de ce nouveau genre un matériauexploitable. III. Quels apports nous viennent de l'histoire du présent ? a.

Défataliser l'histoire A présent que nous avons montré que la notion d'une histoire du présent n'est pas contradictoire, il nous reste àmontrer quels apports sont les siens à la discipline historique.

Pour ce faire, il faut d'abord exprimer l'une destentations dangereuses de l'historien du temps passé : considérer les évènements passés comme les étapesnécessaires menant à la réalisation du passé.

Il y a en effet chez l'historien une tentation qui consiste à fataliser. »

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