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La pensée abstraite détourne-t-elle de la réalité ?

Publié le 07/01/2004

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On dira par exemple qu'un tableau abstrait ne représente rien de connu. L'abstraction est déréalisationA force de parler d'un objet sans se référer aux propriétés sensibles qui le constituent, nous acquérons une vision déformée des choses, comme à travers un écran translucide. L'abstraction inflige une violence à la réalité dont elle ne sort pas indemne. Bergson verra dans l'intelligence et dans le langage des facultés masquant la réalité vivante et bigarrée des choses. "Quelle est la fonction primitive du langage ? C'est d'établir une communication en vue d'une coopération. Le langage transmet des ordres ou des avertissements. Il prescrit ou il décrit. Dans le premier cas, c'est l'appel à l'action immédiate ; dans le second, c'est le signalement de la chose ou de quelqu'une de ses propriétés, en vue de l'action future. Mais, dans un cas comme dans l'autre, la fonction est industrielle, commerciale, militaire, toujours sociale.

La réalité, communément définie comme « ce qui est «, ou « ce qui est réel « (et non imaginaire), désigne ainsi tout fait observable par les sens, tous les phénomènes (physique, organique, chimique etc.) et l’ensemble des choses qui structurent le monde. La philosophie est elle-même née d’une réflexion sur la réalité, puisque l’homme, soucieux de saisir le sens des phénomènes qui se présentaient à lui, et décidé à porter moins de crédit aux mythes dont les explications pouvaient s’avérer pour le moins douteuses, s’employait à déterminer les lois rendant possibles tel type de phénomène, lois découlant du constat d’une certaine régularité à l’œuvre dans la nature. L’homme s’évertua alors à définir la structure du réel, ce qui la rend intelligible, c’est-à-dire compréhensible pour une conscience humaine. Et dès l’Antiquité, les philosophes donnèrent à cet agencement harmonieux qu’est la nature le terme de « Logos «. C’est de là que provient le logique proprement dit, puisqu’il doit être le reflet de la raison à l’œuvre dans la connaissance des principes. Mais un débat capital s’est élevé dans l’histoire de la philosophie, puisque les avis divergeaient sur ce qui pouvait permettre de comprendre le réel, sur le véritable lieu de sa logicité : c’est le débat entre rationalisme et empirisme. Pour le premier, l’homme peut connaître la structure de la réalité à partir de la seule pensée et de ses principes (Descartes, Spinoza, Leibniz) ; pour le second, le fondement de la connaissance se trouve dans l’expérience sensible (Locke, Hume etc.). Peut-on ainsi dépasser cette alternative et montrer que la réalité n’est logique qu’au regard d’un rapport sujet/objet où aucun des termes n’est lésé ?

  • I) L'abstraction nous détourne de la réalité.

a) L'abstraction est un langage purement formel. b) L'abstraction est irrationnelle. c) L'abstraction falsifie la réalité.

  • II) L'abstraction ne nous détourne pas de la réalité.

a) L'abstraction est la pensée en oeuvre. b) L'abstraction saisit les causes des objets. c) L'abstraction est une connaissance du réel.

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« La philosophie n'est que le développement de cette intuition ou « attention que l'esprit se prête à lui-même ».Or tout le problème est de savoir d'où vient le langage : est-il de par sa nature instrument de l'intelligence ouauxiliaire de l'intuition ? Et si la première hypothèse est la bonne, comment le philosophe pourra-t-il encoreuser du langage ? b) Mouvement du texte.• 1 er moment (- « les origines du mot et de l'idée ») : hypothèses sur l'origine du langage.

Le langage, quiest naturel à l'homme, est originairement destiné à rendre plus aisée la vie pratique, et donc essentiellementla manipulation et la transformation des choses matérielles extérieures.

La formation et l'évolution des languesauront ainsi été ordonnées à la satisfaction de fins utilitaires.• 2e moment (de « L'un et l'autre ont sans doute » jusqu'à la fin) : ce qui a changé et ce qui n'a pas changédans le langage.

Le développement des deux facultés fondamentales de l'esprit (intelligence 'et intuition) a-t-ilimprimé au langage sa marque ? Oui, souligne Bergson, pour ce qui est de la science.

Mais celle-ci se situedans la continuité de la vie pratique naturelle : elle ne fait que développer et rendre plus précise l'attentionque l'esprit porte à la matière.

Dépositaires d'une pensée sociale qui tend surtout (au même titre que lesinstitutions politiques) à la stabilité, les mots ne se prêtent toujours pas aisément à l'effort du philosophe pourcoller au jaillissement continu d'imprévisible nouveauté que sont la durée pure et la vie même. c) Conclusion.

Le philosophe devra donc pour retourner aux choses elles-mêmes, pour en retrouver lesarticulations naturelles, se dégager des mots.

Au langage abstrait de la science il devra préférer un langageimagé, qui au moins ne l'invitera pas à se représenter l'esprit sur le modèle de la matière.

« Comparaisons etmétaphores suggéreront ce qu'on n'arrivera pas à exprimer ». [L'abstraction n'est abstraite qu'en apparence.A y regarder de plus près, elle tente de saisir le concret de l'intérieur.

L'abstraction ne nous éloigne pas de la réalité.

Elle est la pensée par excellence,celle qui ne se contente pas de s'en remettre au bon sens populaire.

Si elle s'éloigne de la réalité, c'est pour mieux y revenir.] L'abstraction est la pensée en oeuvreL'abstraction est la pensée qui s'efforce, non pas d'admettre une réalité immédiate, mais de la comprendre au sensstrict.

Elle ne considère pas des formes séparées de leurs objets, mais séparément, pour les réunir ensuite.

PourMarx, la définition de termes abstraits («marché», «offre»...) permet de reconstituer leurs relations et de donner untableau de ce qui se passe dans la réalité. L'abstraction saisit les causes des objetsL'abstraction constitue à elle seule une méthode proprement scientifique.

Elle dégage ce qui est universel au seinde l'expérience et qui n'apparaît pas à première vue.

L'attitude scientifique apparaît alors comme une rupture avecl'attitude naturelle.

La science, bien loin de prolonger la vision spontanée que nous avons de l'univers, la transformeradicalement.

Aux faits « colorés et divers » de la perception commune elle substitue un univers de quantitésabstraites : à la place du sensible sonore et coloré elle découvre des vibrations dont on peut mesurer longueurd'ondes et fréquence : à la diversité empirique elle substitue l'unification rationnelle : non seulement, pour lachimie, les corps infiniment divers se ramènent à une centaine de corps simples, mais encore ceux-ci sont-ilscomposés d'atomes, d'électrons : là où la perception immédiate voit des êtres, la science ne connaît que desrapports ; toutes les propriétés apparentes des choses se ramènent à des relations avec d'autres choses ; lachaleur apparente d'un corps s'explique par sa « conductibilité », le poids dépend du champ de gravitation , lacouleur d'un objet de la lumière qu'il réfléchit. L'abstraction est une connaissance du réelTraiter les objets isolément permet de distinguer une chose d'une autre.

C'est grâce à l'abstraction que nous neconfondons pas tout.

Nous connaissons les choses de leur intérieur, c'est-à-dire ce qui est propre à chacune.

PourLeibniz, «chaque idée abstraite est distincte, en sorte que de deux, l'une ne peut jamais être l'autre» (NouveauxEssais sur l'entendement humain).. »

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