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LA PENSÉE SOCIALE AU XVIIIe SIÈCLE - Les armes du sentiment de Jean-Jacques Rousseau

Publié le 21/11/2011

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JEAN-JACQUES ROUSSEAU

L'écrivain le plus considérable du xviiie siècle, puisque sa leçon hardie remue encore le monde moderne, Jean-Jacques RoussEAu (1712-1778), détonne parmi les autres Encyclopédistes. Les « Philosophes « ont des idées sur tout, mais point de doctrine : Jean-Jacques apporte un système, à la fois révolutionnaire et constructif. Ils croient au progrès matériel : il condamne la civilisation. Mais surtout Voltaire et ses amis, à l'exception du très sensible Diderot, sont des néo-classiques au coeur sec, tandis que Rousseau, rêveur impénitent, ouvre toutes grandes les écluses d'une sensibilité qui va inonder la littérature. Jean-Jacques Rousseau ne fut pas un écrivain précoce. Il avait trente-sept ans quand il conçut son premier ouvrage. Mais il était déjà riche d'expérience, et d'une expérience amère. Comment se fait-il qu'elle ait fait de lui le plus audacieux utopiste des temps modernes ?

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« L'Emile condamné à peine paru, Rousseau prend peur et gagne la Suisse.

Mais dans sa patrie même, il se sent bientôt indésirable.

Alors commence une lamentable vie errante .

Parfois, il s'habille en Arménien pour n'être pas reconnu .

Il est malade, irritable, il soup­ çonne un traître en chaque ami.

Il revient enfin à Paris où il passera les dernières années de sa vie rue de la Plâtrière.

Sa consolation est de se 'promener dans les bois des environs de la capitale.

C'est là qu'il achève de méditer ses Confessions; histoire sans fard mais non sans coquetterie de sa vie, de ses idées et de ses sentiments.

C'est là qu'il concoit ses délicieuses Rêveries d'un promeneur solitaire, où il a dit et chanté l'amour le plus pur dont il ait été capable, celui que lui inspira toujours la nature .

Que l'on condamne ou non la philosophie de Jean-Jacques Rousseau, on doit s'incliner devant la profondeur et la force de son génie.

Ceux qui le tiennent pour un des plus néfastes écri­ vains qui aient existé reconnaissent par là même la puissance de son art, la vigueur de son raisonnement, l'éloquence de sa prose et sa musique.

LE ROMAN Le roman d'effusion sentimentale Jean-Jacques Rousseau est de toute évidence le père nourricier du romantisme.

Il a libéré l'imagination et la sensibilité des entraves où le néo-classicisme de Voltaire tentait de les en­ fermer.

II n'a inventé ni l'amour de la nature, ni le goftt de la solitude, ni le penchant à la rêverie, mais on peut dire qu'il les a introduits dans nos lettres.

La littérature contemporaine lui doit peut ­ être plus encore que la génération romantique.

Le goftt de l'analyse individuelle, aujourd'hui si répandu, vient tout droit des Confessions.

Ce livre dont Rousseau assurait qu'ii n'aurait « point d'imitateurs » en trouve aujourd'hui tous les jours, d'un André Gide qui écrit son Journal jusqu'à sa mort au potache qui rédige son journal intime avant même d'avoir vécu.

Dans le roman du XVIII" siècle, l'influence de Rousseau fut déjà très grande.

Il faut considérer BERNARDIN DE SAINT-PIERRE comme son premier disciple.

Officier d'artillerie démissionnaire, Bernardin de Saint-Pierre se mit à parcourir l'Europe et alla jusqu'en Amé­ rique tâchant d'assouvir ainsi une humeur in­ quiète et vagabonde.

A bien des égards, Paul et Virginie sont les enfants de La Nouvelle Héloïse.

Plus heureux que Julie et Saint-Preux, ils réalisent l'utopie de l'état de nature dans une île des Tropiques .

En un sens, on peut dire que l'inoffensif Bernardin de Saint-Pierre est allé plus loin que son maître.

Il a découvert l'exotisme, ouvrant ainsi un nouveau monde à l'imagination des conteurs.

Les théories philosophiques et sociales qu'il exposait un peu fumeusement dans L'Arcadie et dans ses Etudes de la Nature sont oubliées depuis longtemps, mais son génie descriptif a fécondé les lettres modernes.

Quant à l'ABBÉ PRÉVOST, c'e~t un précurseur de l'auteur de J,a Nouvelle Héloïse qu'il faut voir en lui, puisque le roman de Rousseau est postérieur d'une trentaine d'année à Manon Lescaut.

Ce bijou de notre littér ature passion­ nelle lui est d'ailleurs supérieur : par l a vérité psychologique d'abord, car la puissance de la passion nous est ici montrée sans fard aucun; ensuite par le naturel et la concision du style, non sans doute d'une pureté parfaite, mais d'une transparence et d'une concision qui furent rarement surpassées.

Cette confession déchi­ rante, transposition d 'un épisode de la vie agitée de l'auteur.

n'est d'ailleurs qu'un cha­ pitre d'un ensemble assez considérable.

Les Mémoires d' un homme de qualité.

Feuilletoniste intempérant, Prévost est l'auteur d'innombra­ bles volumes, Histoire d'une Grecque mod erne, Cleveland, Le Doyen de Killerine qui n'ont pas, il s'en faut , la valeur de Manon.

A un autre titre, cependant, il intéresse l'histoire littéraire : L'Abbé Prévost fut l'introducteur des romans de Richardson en France, où Clarisse Harlowe devait exercer une si vive influence.

Faut-il considérer Jean-Pierre CLARIS DE FLO­ IUAN comme un élève de Rousseau ? II avait son goftt du monde végétal, il partageait son amour un peu déclamatoire de la vertu, qu 'il se plaisait à faire fleurir dans ses fables et ses romans pastoraux.

Mais en fait « Florianet », comme on le nommait de son temps, fut plutôt l'imitateur d'un nommé Gessner, un libraire de Zurich qui venait de lancer avec succès cette mode édifiante.

Livres enfantins dans tous l es sens du mot.

Comme devait l'écrire drôlement Sainte-Beuve : « Il faut lire Estelle à quatorze ans et demi ! A quinze ans, il est déjà trop tard.

» Parmi les sentimentaux, il faut citer encore Mme DE GRAFFIGNY, pour ses l,ettres d'une Péru­ vienne, d'une psychologie bien fine; DucLos, pour ses Confessions du comte de ...

, où toute une génération vit un guide de vie amoureuse: et enfin MARMONTEL pour ses Contes moraux qui connurent un succès considérable , grâce à un mélange habilement dosé de sentiment, de sen­ sualité, de morale et d'optimisme .

Lui aussi, Marmontel croyait, ou feignait de croire à la bonté naturelle du cœur humain.

Le roman réaliste A côté du roman d'effusion sentimentale et sans rien subir de sa contagion, le roman réaliste a trouvé sa place au siècle de Jean­ Jacques.

Il eut un très grand maître en la personne d'Alain-René LESAGE (1668-1747).

L'œuvre de ce Breton qui n'avait rien de mystique est celle d'un authentique observateur des hommes.

Lesage commença par étudier le monde sans se presser d'écrire; mais quand il se sentit en pos­ session d'un certain bagage d'expériences hu­ maines il s'enferma dans son cabinet et y vé­ cut, ac'cumulant romans et comédies jusqu'à. »

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