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La pensée sociale au XVIIIe siècle. Les armes de la raison : Montesquieu

Publié le 18/10/2011

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montesquieu

Une satire politique : contre la Monarchie, telle cette lettre XXIV : « ... Le Roi de France est le plus puissant prince de l'Europe. Il n'a point de mines d'or comme le Roi d'Espagne, son voisin; mais il a plus de richesses que lui, parce qu'il les tire de la vanité de ses sujets, plus inépuisable que les mines... D'ailleurs ce roi est un grand magicien : il exerce son empire sur l'esprit même de ses sujets; il les fait penser comme il veut... Il va même jusqu'à leur faire croire qu'il les guérit de toutes sortes de maux en les touchant, tant est grande la force et la puissance qu'il a sur les esprits, contre la politique financière, contre la prodigalité de l'Etat, etc.

montesquieu

« veillent les eunuques, de l'autre le monde occidental tel qu'il apparaît à ces deux Orientaux.

Ces lettres présentent, on s'en doute, un intérêt multiple.

On y trouve : Une peinture des mœurs du règne de Louis XIV et de la Régence, des portraits piquants : le Fermier général, l'Abbé mon­ dain, le Poète parasite, le Vieux Guerrier, le Grand Seigneur impertinent, le Décision­ naire universel; des croquis pittoresques de la vie parisienne : cafés littéraires, curiosité des badauds, etc.

Une satire politique : contre la Monar­ chie, telle cette lettre XXIV : « ...

Le Roi de France est lc plus puissant prince de l'Eu­ rope.

Il n'a point de mines d'or comme le Roi d'Espagne, son voisin; mais il a plus de richesses que lui, parce qu'il les tire de la vanité de ses sujets, plus inépuisable que les mines...

D'ailleurs ce roi est un grand magicien : il exerce son empire sur l'esprit même de ses sujets; il les fait pen­ ser comme il veut.. .

Il va même jusqu'à leur faire croire qu'il les guérit de toutes sortes de maux en les touchant, tant est grande la force et la puissance qu'il a sur les esprits :t, contre la politique financière, contre la prodigalité de l'Etat, etc.

Une satire religieuse : contre le Pape, le dogme et les évêques : « Le Pape est le chef des Chrétiens .

C'est une vieille idole qu'on encense par habitude ...

Il se dit successeur d'un des premiers Chrétiens, qu'on appelle Saint Pierre, et c'est certainement une riche succession car il a des trésors immenses et un grand pays sous sa domination ~.

(Lettre XXIX).

Mais il s'en prend aussi à la tiédeur des chrétiens; oppose leur légèreté, leur dilet­ tantisme à l'ardeur sacrée des Musulmans.

Il fait parler Usbek : «Il faut que je te l'avoue : je n'ai pOint remarqué chez les Chrétiens cette persuasion vive de leur reli­ gion qui se trouve parmi les Musulmans.

Il y a bien loin chez eux de la profession à la croyance, de la croyance ·à la convic­ tion, de la conviction à la pratique :t.

Et ceci qui vise les théologiens : « La religion est moins un sujet de sanctification qu'un sujet de disputes ~.

A ce propos , notons en passant que la religion n'est pour Montes­ quiett, qu'une institution parmi d'autres .

Elle ne fonde pas la vie sociale mais y contribue par son action morale.

«On dis­ pute sur le Dogme, et on ne pratique point la Morale.

C'est qu'il est difficile de prati­ quer la Morale et très aisé de discuter sur le Dogme~ (Mes Pensées).

Il la voit sous une forme morale ou juridique.

Il n'a pas au sens traditionnel du mot l'esprit religieux; disons plutôt qu'il n'a pas l'esprit d'église car il n'est pas athée, il est philosophe et anticlérical mais il n'est pas matérialiste : «Je cherche l'immortalité, et elle est dans moi-même.

Mon âme, agrandissez-vous ! Précipitez-vous dans l'immensité ! Rentrez dans le Grand Etre !.

..

(Mes Pensées).

Et s'il en veut à l'Eglise de son temps, c'est qu'elle se mêle du monde temporel dans un sens qui ne lui parait pa" être celui de la Justice.

Il s'exprime nettement à ee sujet : « On ne doit point statuer par les lois divines ee qui doit l'être par les lois humaines, ni ré­ gler par les lois humaines ce qui doit l'être par 1es lois divines» (Esprit des Lois, XXVI).

« Le bien de l'Eglise est un mot équivoque.

Autrefois, il exprimait la sainteté des mœurs.

Aujourd'hui, il ne signifie autre chose que la prospérité de certaines gens et l'augmentation de leurs privilèges ou de leur revenu» (Mes Pensées).

Pour ce qui est de son attitude intime, disons qu'il a une vue personnelle et déiste de l'Univers : un grand principe naturel qui n'a pas besoin d'Eglise.

Une satire sociale très violente, très âpre, court dans les Lettres Persanes, elle fait en quelque sorte trembler l'œuvre entière, c'est son ton grave.

Tout le régime est mis en procès , le Roi, les courtisans, les finan­ ciers, les magistrats...

c'est une suite de portraits brossés avec une verve destruc­ trice, implacable.

Les mots les plus durs vont à Louis XIV qu'il déteste, aux courti­ sans qu'il méprise, à la religion qu'il ignore .

C'est l'occasion pour Montesquieu d'affirmer déjà des conceptions sociales qu'il développera plus tard dans sa grande œu­ vre : l'Esprit des Lois.

Il est pour la liberté, pour la solidarité économique, pour les vertus domestiques, pour la Vertu tout court dont il fait le principe idéal d'une républi­ que parfaite , république qu'il nous dépeint longuement dans un épisode allégorique : les Troglodytes.

Il se souvient alors des allé­ gories du Télémaque de Fénelon qu'il regar­ dait comme « l'ouvrage divin du siècle ~.

Peinture de mœurs, satire politique, sa­ tire religieuse, satire sociale, les Lettres Per­ sanes sont tout cela, mais elles ont ce mé­ rite de rester une œuvre légère écrite dans une langue rapide, faite de saillies, de pitto-. »

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