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La perception ne nous permet-elle que d'atteindre des apparences ?

Publié le 06/10/2005

Extrait du document

perception
L'homme ne peut accéder au monde extérieur que par l'entremise des sens. Le phénomène psychologique provoqué par l'excitation des organes sensoriels se nomme couramment sensation. On peut d'emblée la distinguer de la perception, qui a un sens plus complexe. En effet, elle suppose une activité de l'esprit qui organise les données sensorielles, alors que la sensation est purement passive, puisqu'elle ne fait que les recevoir. Cependant, la perception est toujours subordonnée aux données externes de la sensation. La philosophie moderne peut ainsi l'opposer à l'aperception, c'est-à-dire à la perception interne ou à la conscience, dont l'objet peut être imaginaire ou idéel. Percevoir, c'est donc se représenter un objet par l'intermédiaire des sens.      Notre problème concerne le statut ontologique de l'objet perçu. En effet, on peut considérer que la perception ne nous donne qu'une image sensorielle de la réalité, et non la réalité telle qu'elle est en soi, c'est-à-dire indépendamment de l'acte de percevoir. Au contraire, l'objet perçu peut être compris comme la réalité même, par opposition à un objet simplement imaginaire ou fictif. Ce problème est d'autant plus aigu que la perception est souvent sujette à l'illusion. Par exemple, une hallucination visuelle, un mirage dans le désert, un trompe-l'oeil dessiné par une peintre, sont autant d'objets perçus, mais irréelles. Par conséquent, si la perception n'atteint que des apparences, elle est fondamentalement trompeuse et illusoire, car elle manque la réalité en soi de l'objet.
perception

« matérialiste, de même que celle de Platon.

Pour ce faire, il utilise l'argument suivant : nous ne pouvons affirmerla réalité d'un être qui n'est pas perçu.

Puis, il en tire la conclusion : être, c'est donc être perçu ( esse est percipi ). a. Berkeley : « Etre, c'est être perçu » Cette formule de Berkeley peut sembler surprenante puisqu'elle consiste à n'accorder de réalité qu'à ce que nouspercevons.

Dire « Etre c'est être perçu », c'est affirmer que rien n'existe en dehors de l'esprit, que toute réalité estun esprit qui perçoit.

Nous avons commencé par noter que la perception est cette activité de l'esprit qui rassemble,qui collecte, or c'est justement la raison pour laquelle Berkeley ne va accorder de réalité qu'à ce qui est perçu.

Eneffet, il est impossible de séparer, d'isoler une idée des sensations que nous éprouvons.

Par exemple, on ne peut pasparvenir à se représenter l'étendue (ce qu'on se représente étendu dans l'espace) dépourvue de couleur, de mêmenous ne pouvons pas nous représenter la matière indépendamment d'une certaine forme, d'une certaine étendue,d'une certaine figure.

Tous les éléments qui composent notre univers, que l'on pense à la couleur, la saveur,l'étendue, le mouvement…n'ont aucune existence en dehors de la perception que nous en avons.

L'étendue n'est nigrande ni petite, le mouvement n'est ni lent, ni rapide, ils ne sont donc rien ; de même je ne puis former l'idée d'uncorps étendu qui est en mouvement sans lui donner aussi une couleur.

Quand nous pensons que la matière oul'étendue existent seules, nous nous laissons abuser par les mots, par le langage.

Berkeley va répondre à unproblème (le problème de Molyneux), qui a suscité de nombreux débats, et qui consistait à se demander si unaveugle né, recouvrant subitement la vue, pourrait discerner visuellement le cube et la sphère qu'il sait déjàdiscerner par le toucher.

Or, ceci serait possible si notre perception nous livrait l'étendue géométrique abstraite,mais une description des processus de la vision montre qu'il n'en est rien, car nous éprouvons à tout instantl'incommunicabilité des idées visuelles et des idées tactiles.

L'illusion selon laquelle il y aurait une idée commune à lavue et au toucher, une idée abstraite d'étendue vient de l'emploi de mots.

Le langage nous fait croire, à tort, àl'existence d'entités abstraites, mais il n'y a pas de réalité en dehors de la perception.

Mais alors, si la matièrecomme substrat, comme réalité indépendante, est une pure illusion, qu'est-ce qui fait que les objets qui tombentsous nos sens demeurent là, même quand nous fermons les yeux, même quand nous ne sommes plus là ? Berkeley vaalors faire appel à l'existence de Dieu, c'est-à-dire un esprit qui soutient le tout, et qui permet de penser l'unité dumonde.

Dès lors, il peut entreprendre une double réfutation : 1/ du matérialisme : les chos es sont des collections d'idées, unies par l'habitude, auxquelles on donne un nom (par exemple, les qualités d'une pomme, unies dansl'observation, forment une chose distincte signifiée par le mot « pomme », 2/ du platonisme : une idée ne peutressembler qu'à une autre idée (une couleur à une couleur, une figure à une figure), si bien qu'il n'y a pas demodèles en dehors des idées. a. L'objet perçu n'a pas de réalité matérielle, et ne renvoie pas non plus à une Idée dont il ne serait que la copie.Nous devons le concevoir comme une réalité idéelle.

Par conséquent, la perception ne peut atteindre ni lamatière, ni une réalité transcendante, mais elle atteint bien la réalité, et non de simples apparences. b. Conclusion En conclusion, la perception nous semble le lieu d'un paradoxe qui a traversé toute l'histoire de la philosophie : on donne de la réalité à son objet en l'assimilant à la matière, mais on ne comprend plus dès lors comment uneconscience peut se le représenter ; ou bien, on l'assimile à l'apparence, et l'on ne voit pas comment la conscienceaurait accès à la réalité.

La solution berkeleyenne a ceci de séduisant qu'elle fait de l'objet perçu à la fois une idéeet une réalité.

Cependant, elle ne peut faire l'économie d'un principe transcendant (en l'occurrence Dieu), pour nousexpliquer la cause de telles idées, si ce n'est pas une réalité extérieure à nous.

Le criticisme kantien dépasse cesdébats métaphysiques, en assimilant l'objet de la perception à un phénomène, qui ne se réduit pas à une apparence,mais consiste plutôt dans un apparaître.

Il ouvrira ainsi la voie à une phénoménologie de la perception, où chacundes objets perçus présentera une esquisse de l'être.. »

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