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La philosophie de Friedrich von Schelling

Publié le 22/02/2012

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Fils d'un professeur de religion, Schelling fut élève d'un séminaire de théologie où il eut pour condisciples Hegel et le poète Hölderlin. Il partagea avec ce dernier le même enthousiasme révolutionnaire et romantique. Il étudia ensuite à l'université d'Iéna, où se retrouvaient à l'époque tous les poètes et philosophes romantiques, et où il fut plus tard un extraordinaire professeur de philosophie. Après son mariage avec une divorcée, femme d'un ex-ami, Schelling dut partir à Munich. Il revint enseigner à Berlin en 1841 à la demande du prince Frédéric-Guillaume IV. Ami de Goethe et admirateur de Fichte, Schelling formula une philosophie marquée par le romantisme, où la nature est considérée comme un Esprit universel qui se manifeste telle une volonté. L'histoire montre le triomphe de la volonté universelle rationnelle de l'homme sur sa volonté individuelle irrationnelle. Le chemin de la connaissance de soi est également un chemin d'ordre moral et politique. La philosophie de Schelling fut décrite comme positive parce qu'elle confirmait le contenu rationnel de la réalité, donnant forme aux pensées de Dieu. Schelling cherchait la connaissance de Dieu dans l'histoire des religions. La forme finale et définitive de sa pensée apparut dans une série de conférences qu'il fit à Berlin. Elles n'eurent que peu d'impact à l'époque et touchèrent un public limité, jusqu'à leur publication posthume. Un grand nombre de ses idées se retrouvent chez Schopenhauer et dans l'existentialisme.
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« De cette idée accessoire, Schelling fait le thème central de sa pensée.

Il était philosophe de la liberté ; il devientphilosophe de la nature.

L'intuition intellectuelle n'apporte plus seulement au Moi la conscience de sa production etl'image de celle-ci sous forme d'objet.

Mais l'objet se trouve comme pénétré par l'activité de l'inconditionné.

Il cessede refléter passivement le mouvement insaisissable de la liberté ; il la figure dans la nature elle-même, et il ne peutla figurer véritablement que s'il incarne une force productrice qui soit la fidèle image de la liberté. Une telle philosophie de la nature ne saurait donc confondre ses méthodes avec celles des sciences de la vie,lorsqu'elles classent leurs objets par ressemblances et différences en genres et en espèces.

La classification nesaisit que des produits conditionnés, quand l'intuition intellectuelle recherche la nature comme inconditionnée, leprincipe constructeur et infini qui agit sans trêve derrière toutes les formes déterminées.

" Quant à la nature quin'est qu'un simple produit (natura naturata) nous la nommons la nature comme objet ; c'est d'elle seule ques'occupe l'expérience.

Mais la nature qui est productivité (natura naturans) mérite le nom de nature comme sujet ;c'est d'elle seule que s'occupe la théorie.

Puisque l'objet n'est jamais inconditionné, il faut poser dans la naturequelque chose qui soit absolument non-objectif, et ce quelque chose est justement la productivité originaire de lanature.

Dans l'intuition vulgaire, elle disparaît dans le produit ; dans l'intuition philosophique, au contraire, c'est leproduit qui disparaît dans la productivité.

" Par ce biais, la nouvelle philosophie de la nature reprend l'opposition entre le Moi et l'objet, qu'elle avait héritée de latradition morale fichtéenne.

Mais tandis que le Moi moral demeurait étranger à toute réalité et se réduisait à lasimple idée du devoir, la nature subjective et productrice que le philosophe devine sous les genres et sous lesespèces est véritablement incarnée, et elle est ce qu'il y a de réel dans le monde. Pour représenter la dynamique infinie de cette nature, Schelling emprunte à Kant la catégorie de réalité.

Est réel cequi est l'objet possible d'une sensation, et peut donc recevoir un degré déterminé ou intensité.

Or, dès l'Essai pourintroduire en philosophie les grandeurs négatives, Kant avait opposé aux optimistes que la limitation ou le degré nepeut provenir simplement d'un moindre être dans les choses, mais requiert à son principe l'opposition de deux réalitéscontraires qui se bornent réciproquement.

En mécanique, il faut que deux forces contraires, l'attraction et larépulsion, se limitent l'une l'autre pour qu'existent des objets déterminés ou phénomènes. En morale, un mal radical doit être supposé à l'origine de la liberté, pour expliquer que le devoir heurte notre natureet se présente à notre conscience sous la forme d'un impératif. Il est remarquable que Schelling ait consacré sa thèse de doctorat, dès 1792, à ce problème de la négation.

Elles'intitule : Essai critique pour expliquer le plus ancien philosophème concernant l'origine première des maux. Or, là où l'intuition vulgaire aperçoit des objets en repos, l'intuition intellectuelle retrouve le conflit de forces duquelnaissent les apparences objectives.

L'opposition entre l'attraction et la répulsion est la première image où seprojette la tension entre le Moi infini de la nature subjective et son autolimitation nécessaire dans les objets.

Maiscette opposition resterait purement formelle, si le rapport quantitatif de ces deux forces fondamentales nes'exprimait pas dans le degré qualitatif de la sensation.

Schelling décrit cet approfondissement du conflit propre à lanature subjective au niveau de la sensibilité et du magnétisme, de l'irritabilité et de l'électricité, de la tendanceproductrice et de la chimie.

A son tour, la vie, dans laquelle se réfléchit la matière, et la moralité, dans laquelle laréflexion se pose elle-même, manifestent à la conscience philosophique la construction dynamique de l'Absolu. C'est ici qu'apparaît la différence entre Schelling et Kant.

Pour Kant, le conflit de forces n'est qu'une condition quipermet de connaître l'objet physique ; sans elle, le monde de Newton serait détruit.

Pour Schelling, au contraire, cemême conflit révèle la dynamique de l'inconditionné.

La Critique de la raison pure conduisait la réflexion philosophiqueaux objets et aux méthodes de la Mécanique newtonienne.

Mais le Système de l'idéalisme transcendantal conduit àla nature selon Goethe et à l'éloge des beaux-arts. " L'art, dit Schelling, est pour le philosophe l'instance suprême, car il lui ouvre pour ainsi dire le Saint des Saints où,éternellement et originellement uni dans une flamme unique, brûle tout ce qui est séparé dans la nature et dansl'histoire, tout ce qui est soumis à la dispersion tant dans la vie et l'action que dans la pensée.

L'idée que lephilosophe de la nature acquiert artificiellement est, pour l'art, originelle et naturelle.

Ce que nous nommons natureest un poème que renferme un écrit secret et merveilleux.

Cependant si l'énigme pouvait se dévoiler, elle nousconterait l'odyssée de l'esprit, merveilleusement illusionné, et qui se cherche en se fuyant.

" La philosophie de la nature conduit naturellement à la philosophie de l'art.

La création esthétique réfléchitintentionnellement les productions spontanées de la vie. Sans doute Kant avait, lui aussi, lié les deux problèmes.

Mais l'intuition esthétique devient, chez Schelling, l'organeet la méthode suprême de la philosophie.

Elle révèle l'être. Dans la Critique du jugement, Kant analyse les instruments dont se serviraient idéalement la biologie et la critiqued'art.

Celle-là classe les êtres vivants en genres et en espèces.

Celle-ci provoque un plaisir désintéressé qui résultedu libre jeu de nos facultés.

Schelling, au contraire, rejette ces méthodes qui isolent le vivant et prétendentl'analyser ; connaître la vie, c'est saisir le procès " subjectif " qui rend chaque organisme à l'unité de l'élan vitalcommun à tous les êtres.

De même, l'art n'a pas pour fonction de plaire en libérant, mais de supprimer les limites dela connaissance théorique et de permettre à l'homme l'accès à l'absolu.. »

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