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La philosophie de Plotin

Publié le 22/02/2012

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On ne sait rien des origines de Plotin et ce que nous connaissons de sa vie et de ses écrits nous vient de l'un de ses élèves, Porphyre, qui, après sa mort, rassembla ses oeuvres en six groupes de neuf traités, Les Ennéades. Il étudia à Alexandrie pendant plus de onze ans. Il s'était engagé dans une campagne militaire romaine dans l'espoir d'aller découvrir les philosophies de la Perse et de l'Inde. Cette campagne fut interrompue, et vers quarante ans, il était à Rome. Jouissant de la faveur impériale, il y passa le restant de ses jours à enseigner et à écrire. Le philosophie de Plotin a été définie comme néoplatonicienne car elle modifiait la pensée platonicienne pour l'adapter aux idées dérivées d'Aristote et des stoïciens. Pour Plotin, l'être se compose de plusieurs sphères interdépendantes. La sphère la plus extérieure est celle des choses matérielles. Les plus importantes, l'intellect et l'âme, émanent du centre même de la bonté, l'Un. La vertu humaine consiste à contempler les niveaux les plus élevés de la réalité et à y participer. On ne peut connaître l'Un, mais une union mystique avec lui est possible. Rare, et difficile à atteindre, cette union est le but de l'existence humaine. Plotin et le néoplatonisme ont influencé les penseurs chrétiens qui ont affirmé après lui, que l'on peut dire ce que Dieu n'est pas, mais non pas ce qu'est Dieu. On peut connaître Dieu en devenant un avec lui, mais on ne peut rien savoir de Dieu.
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« Tel est le chapitre de la Morale à Nicomaque, dont les Ennéades constituent l'interminable développement : car nulphilosophe plus que Plotin n'est proprement l'homme théorique.

C'est assurément contre les contemplatifs qu'il écritqu'il faut savoir se défendre, et que " mieux vaut être mort, que d'être de ceux qui vivent, comme les lois du mondene veulent pas qu'on vive ", et c'est là reprendre, en ses termes mêmes, la brutale affirmation du politique Calliclès :" Ce n'est pas d'un homme, cette soumission de subir l'injustice, mais plutôt d'un esclave, pour lequel mieux vaudraitêtre mort que vivant.

" Mais dans les Ennéades un tel langage reçoit de son contexte un sens contraire à celui quesemble lui donner sa littéralité, puisque Plotin, prenant le contre-pied de Platon, se refuse à toute politique, parceque " ce n'est pas à l'homme supérieur à commander aux autres ", et même n'élabore à proprement parler nullemorale, puisque par morale nous entendons la discipline qui légifère sur la pratique.

Il semble bien qu'il y ait iciquelque contradiction, entre l'adhésion à la loi du monde et le refus de l'action.

En fait il n'y en a point du moinsdepuis que le Phédon a donné le sens de la mort de Socrate, qui est qu'il est meilleur d'être mort. Qu'est-ce que la vie pour le Phédon ? Agitations du désir, recherche des richesses, dangers et labeurs, guerres,trêves et à nouveau combats, c'est-à-dire " préoccupation ", " tumulte ", " désordre ", " étourdissement " et de toutcela le philosophe se retire.

" Mais à ce compte ! crie Calliclès, les pierres et les morts seraient plus heureux ! "Socrate et Platon répondent par les beaux contes du pays des morts, où les êtres se montrent, transparentscomme l'émeraude, dans l'éclat du soleil souverain ce qui ne veut rien dire, sinon que le philosophe ne vit que depenser le monde, et que tout est mort en lui, sauf le regard, mais qu'il y a plus de génie en cette seule force duvoir, que dans tout le remuement des hommes d'action.

Et ainsi quand Plotin reprend les paroles de Calliclès, cen'est pas pour signifier qu'il faut se jeter dans tous les désordres de l'action, mais au contraire que le meilleur estd'être mort au monde, et que ceux qui trouvent à redire au monde comme il va ne se sont pas assez réduits à n'êtresur lui qu'un regard, et à ne le considérer que comme un spectacle. Le complémentaire de l'action, c'est la passion, qui est le nom latin de la souffrance : cela fait mal de vivre, et ceuxqui souffrent prennent au sérieux la vie, parce que la douleur est à l'opposé du rire.

Mais, dit Plotin, rien ici n'est àprendre au sérieux.

L'extrême de la dureté, n'est-ce pas la guerre ? Et pourtant, n'est-ce pas " un beau spectacle "? Ses figures de stratégie ne sont-elles pas figures de ballet ? Il n'y a rien là qu'une danse guerrière, une " pyrrhique" sanglante.

Et si la guerre même n'est qu'un divertissement cruel, cela ne signifie-t-il pas que toute la vie n'estqu'un jeu ? " Le siècle est un enfant qui joue, dit Héraclite, qui joue au trictrac : royaume d'enfant.

" " Certes, ditAntiphon le sophiste, mais nul ne peut, comme au trictrac, jouer à nouveau sa vie.

" Platon lui répond, à la fin de saRépublique, quand il soutient la fable que les morts peuvent plusieurs fois tenter le sort d'une nouvelle vie.

De cela,Plotin donne le sens.

Qu'est-ce que mourir ? C'est " quitter la scène ", " pour y bientôt revenir ".

Et qu'est-ce quevivre ? C'est tenir des jeux du hasard un nouveau costume, un nouveau personnage.

La vie est un jeu, mais ce jeuest spectacle : il est donc jeu de scène, et vivre c'est jouer, mais jouer un rôle. Ainsi, quand la philosophie se fait théorie, le monde lui devient " théâtre ".

Qu'est-ce en effet que le théâtre, sinonle lieu visionnaire et spectaculaire, où l'on ne va que pour voir, et pour être vu ? O race des hommescombien je compte votre vie égale au rien !qui oui qui des hommes jamais plus loina porté le géniequ'autant qu'il en faut pour paraîtreet ayant paru décliner ? Ainsi le chœur parle d'Œdipe roi, " paradigme de l'homme ".

Comme le soleil, l'homme paraît et décline, et paraître,ici, c'est se montrer dans tout son éclat.

Le vrai nom d'un tel paraître, c'est la gloire.

Ainsi le génie de l'homme est-ilthéâtral, ou spectaculaire.

Pourtant Œdipe échappe au regard : il s'aveugle.

Le soleil aussi décline, et disparaît.Comme lui l'homme doit vouloir, tel Œdipe, son déclin, et même, comme Antigone, sa passion souterraine, qui lemène au monde d'en bas, chez les morts invisibles et sans regard.

Sa tragédie est autre chose que spectacle, elleest ce que nomme Aristote en sa Poétique : " drame ", c'est-à-dire action. " Les Athéniens prennent leurs jeux bien au sérieux " ; ainsi parlait le Spartiate de Plutarque, comptant que lethéâtre coûtait à Athènes aussi cher qu'une flotte.

Mais que la tragédie soit un jeu ne l'empêche pas d'être undrame, celui où l'homme prend des libertés avec le destin du même geste qu'il l'assume, parce qu'il n'est pas defaçon plus libre d'agir, qu'en se jouant.

" En tout homme véritable est un enfant caché, qui veut jouer " ; ainsiparlait Zarathoustra.

Ce que veut au plus secret l'homme, c'est jouer : et si celui qui règne résume en lui toutvouloir, il est bien la vraie figure de l'homme, l'enfant-roi d'Héraclite.

Mais quand l'homme théorique se prend àconsidérer le jeu tragique, le drame en disparaît pour lui dans le spectacle.

C'est alors qu'il apparaît que le paraîtren'est qu'une apparence.

Ceux qui font figure se révèlent être ceux qui portent des masques tout geste devientattitude, tout acteur hypocrite, toute gloire théâtre.

La tragédie est de se laisser prendre au jeu souverain, laphilosophie de le tenir à distance de soi comme un pur spectacle, de n'y plus voir qu'un piège à déjouer, et donc dele nommer jeu encore, mais en latin seulement : illusion. Le jeu suprême, c'est le chœur d'Antigone qui le nomme :Sans combattre se joue la déesse Aphrodite. Mais qu'Arès succombe aux jeux d'Aphrodite, cela ne signifie pas la douceur d'aimer, mais son pouvoir, et sa libertésouveraine.

" Amour invincible au combat ", dit le chœur : mais il en parle en termes si terribles, qu'il est seulement. »

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