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La présence d'autrui nous évite-t-elle la solitude ?

Publié le 21/03/2005

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Le dialogue avec autrui peut déboucher sur l'expérience de la solitude s'il est interrompu par un désaccord qui semble briser la relation, nous rendre étrangers l'un à l'autre. Parfois aussi, sans qu'il y ait conflit, la timidité, la réserve, des arrière-pensées ou le manque de discernement appauvrissent le dialogue qui installe l'indifférence et non une relation véritable.

* La rupture entre les consciences. La présence d'autrui peut également être une présence hostile et agressive : Sartre, dans Huis clos, suggère par la célèbre formule « L'enfer, c'est les autres « que le regard d'autrui, lorsqu'il me méprise ou me condamne sans pitié, peut m'enfermer comme en une prison dans une image atrophiée et déshumanisée de moi-même. Si Sartre nous fait sentir toute cette « part du diable « qu'il peut y avoir dans nos rapports avec autrui - qui, comme sa pièce de théâtre « Huis clos « tend à montrer, sont souvent « tordus « - notons cependant que la vision sartrienne n'est pas entièrement négative. Sartre, à la suite de Hegel, reconnaît que j'ai besoin de la médiation d'autrui pour obtenir quelque vérité sur moi. Des sentiments comme la honte ou la pudeur ne me découvrent-ils pas des aspects essentiels de mon être que j'ignorais sans autrui ? Avoir honte, n'est-ce pas reconnaître que je suis tel qu'autrui me voit ? Que cette image qu'autrui me tend de moi-même n'est pas une vaine image ? Autrui est, ainsi, un médiateur indispensable entre moi & moi-même.

Il peut être bon, pour ce type de sujet, de donner rapidement quelques exemples, quelques expériences que l'on pourra analyser et qui permettront de vérifier la justesse des arguments choisis pour développer le sujet Pour comprendre le sujet, il faut à l'évidence se demander comment il peut arriver que nous fassions l'expérience de la solitude alors même que nous ne sommes pas seuls. Plusieurs situations peuvent être envisagées. Je peux faire l'expérience de la solitude lorsque je me trouve au milieu d'une foule anonyme : dans ce cas les autres remplissent l'espace mais aucune relation ne s'établit entre eux et moi. je peux également me trouver face à des personnes qui me jugent ou ont tout simplement un point de vue opposé au mien, sans que personne ne vienne prendre ma défense. La sollicitude d'un ami peut aussi, paradoxalement, renforcer mon sentiment de solitude dans la mesure où il ne peut véritablement prendre ma place face aux difficultés que j'affronte.

« La présence d'autrui peut également être une présence hostile et agressive :Sartre, dans Huis clos, suggère par la célèbre formule « L'enfer, c'est lesautres » que le regard d'autrui, lorsqu'il me méprise ou me condamne sanspitié, peut m'enfermer comme en une prison dans une image atrophiée etdéshumanisée de moi-même. Si Sartre nous fait sentir toute cette « part du diable » qu'il peut y avoir dansnos rapports avec autrui – qui, comme sa pièce de théâtre « Huis clos » tendà montrer, sont souvent « tordus » - notons cependant que la visionsartrienne n'est pas entièrement négative.

Sartre, à la suite de Hegel,reconnaît que j'ai besoin de la médiation d'autrui pour obtenir quelque véritésur moi.

Des sentiments comme la honte ou la pudeur ne me découvrent-ilspas des aspects essentiels de mon être que j'ignorais sans autrui ? Avoirhonte, n'est-ce pas reconnaître que je suis tel qu'autrui me voit ? Que cetteimage qu'autrui me tend de moi-même n'est pas une vaine image ? Autrui est,ainsi, un médiateur indispensable entre moi & moi-même.

Il me fait passerd'une « conscience non-positionnelle de soi » à « une conscience réflexive ».Autrement dit il me fait accéder à une véritable conscience de moi-même.D'où la formule : « Je suis un être Pour-soi, qui n'est Pour-soi que par unautre.

» Enfin si la relation à autrui est conflictuelle, c'est parce que le projet originel de tout être humain, c'est d'être cause de soi, de coïncider totalement avec lui-même, tel Dieu.

Or, ce projet d'êtreDieu est, comme le dit Sartre, une passion inutile.

La peinture du vécu concret de l'altérité dans « L'être & le néant» ne peut, sans doute, se comprendre qu'en référence à ce projet de l'homme.

Si l'homme pouvait renoncer à cela,peut-être pourrait-il alors accéder à une vie plus authentique en assumant sa liberté et en reconnaissant la libertéd'autrui comme autre.

La rupture et l'isolement réciproque interviennent quand chacun considère l'autre comme seulement autre,c'est-à-dire lorsqu'il n'y a plus de reconnaissance mutuelle. • La solitude du moi. Un tempérament plus optimiste pourrait affirmer que le plus souvent le dialogue avec autrui est plus constructif quedestructeur; mais le conseil et la sollicitude d'un ami font parfois ressortir de façon plus criante encore la solitudeirréductible qui est la mienne en tant que sujet conscient qui doit conduire son existence : en fin de compte c'esttoujours moi et moi seul qui décide de faire ou de ne pas faire telle ou telle chose.

Nul ne peut vivre ma situation, entant que sujet je dois assumer un parcours unique. III.

L'épreuve de la solitude. Les moments de proximité ou de solitude ne sont cependant pas définitifs et s'articulent dans l'histoire de laconscience et des relations intersubjectives.

La solitude est alors une épreuve qui doit être traversée pour enrichirles relations avec autrui. • Le deuil de la fusion Lorsque je découvre que la présence d'autrui ne m'évite pas automatiquement la solitude, je prends conscience demon autonomie de personne.

Freud a montré que l'épreuve de la séparation d'avec la mère est une des étapesfondamentales de la construction de l'identité personnelle : je découvre que je ne peux plus fusionner totalementavec les êtres que j'aime; mais cette distance crée la liberté dans les relations : si je me sens seul sous prétextequ'autrui ne m'appartient pas totalement, il importe d'apprendre à le laisser être lui-même.• Le don de la présenceL'expérience de la solitude fait également découvrir que la présence d'autrui n'est pas un simple fait matériel mais unévénement, un don qu'il nous appartient de faire fructifier.

C'est parce que la présence d'autrui ne m'évite pastoujours la solitude que je peux et dois être reconnaissant à autrui lorsqu'il me témoigne une véritable amitié. • La contingence Cette qualité de relation ne peut pourtant pas se commander ou faire l'objet d'un contrat : les relations entre lesconsciences demeurent toujours fragiles et marquées par la contingence.

C'est ce qui fait le prix et la difficulté de laconfiance. Conclusion La réflexion sur le rapport entre la présence d'autrui et la solitude nous permet ainsi de passer de la simplereprésentation d'une présence dans l'espace qui nous entoure à la pensée d'une relation vivante entre deuxconsciences à travers la durée : c'est bien dans le temps que se construit la présence qui seule peut me délivrer de. »

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