LA PROBLÉMATIQUE DE L’UNIVERSEL ET DU NÉCESSAIRE LA RAISON
Publié le 18/01/2020
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Le Loup et l’Agneau est une fable admirable. Elle fait pendant à l’épisode du sacrifice d’Abraham, qui hante toute l’œuvre de Kierkegaard. D’ailleurs, l’épisode biblique et la fable de La Fontaine sont également formidables, au sens étymologique, c’est-à-dire également propres à inspirer la crainte. Mais la fable est bien plus terrible. Pourquoi ?
Certes, dans les deux cas, il y a préméditation. Dira-t-on que l’une des histoires finit bien, tandis que l’autre finit mal ? Mais il est essentiel à la signification profonde de la décision d’Abraham que celui-ci ignore absolument la fin de l’histoire, comme l’a puissamment montré Kierkegaard dans Crainte et Tremblement (cf. «Kierkegaard», in Les Philosophes/2, de Hume à Sartre). De même, il est indifférent à la « moralité » de la fable que le Loup, finalement, mange ou ne mange pas F Agneau. Ce qui compte, en revanche, c’est l’intention proclamée de le châtier, c’est la décision argumentée de lui infliger un châtiment et c’est la démonstration infligée, en attendant, à l’Agneau, qu’il ne peut rien contre le Loup, ni physiquement ni intellectuellement. C’est pourquoi si le couteau avait frappé Isaac, «l’enfant de la promesse», celui-ci l’aurait reçu sans crainte ni tremblement, comme le coup le plus inattendu, le plus improbable, le plus inconcevable, le plus irrationnel et par conséquent le plus imprévisible - de la part d’un père attentionné. Isaac ne voyait rien venir.
Au contraire, l’Agneau voit venir le Loup. Il n’ignore rien des intentions du Loup à son égard, puisque ce dernier, en lé voyant, a déjà posé la conclusion de son raisonnement : «Tu seras châtié. » Et d’ailleurs, le Loup étant notablement le plus fort, il pourrait manger l’Agneau sur-le-champ. Mais ce qu’il y a de formidable dans la conduite du Loup, c’est qu’il raisonne; il oppose aux timides objections de l’Agneau un redoutable syllogisme : Puisque tu troubles ma boisson tu seras châtié, dont la « majeure »
I»
est implicite : Tout individu qui trouble la boisson d’un autre doit être châtié. L’Agneau a beau objecter avec humilité qu’étant en aval il ne peut présentement troubler l’eau de Sa Majesté, le Loup lui rappelle alors la médisance dont il s’est rendu coupable l’an passé. Devant l’argument, en apparence solide (en réalité quelque peu insolent) de l’Agneau : «Impossible, je n’étais pas né», la logique du Loup se fait implacable : «Si ce n’est toi, c’est donc ton frère; et si tu n’en as point, c’est donc quelqu’un des tiens.» Le Loup est le Maître de l’inférence formellement valide : « si p, alors q ; or p, donc q ». A-t-il donc raison ?
LE LOUP ET L’AGNEAU Raison et logos Raison, langage et folie Raison et fondement de la méthode Intuitions et discours La raison, les principes et l’expérience La raison et le paradoxe de la condition humaine LE « RATIONNEL » ET LE « RAISONNABLE » Connaissance et sagesse Les antinomies de la raison pure Raison et déraison La raison d’être
L’impossible catalogue
Sur les rayons des bibliothèques, on trouve deux sortes de catalogues : les uns mentionnent tous les livres de la bibliothèque, y compris le catalogue ; les autres mentionnent tous les livres de la bibliothèque, sans se mentionner eux-mêmes. Supposons à présent qu’un statisticien zélé veuille établir le « Catalogue de tous les catalogues qui ne se mentionnent pas eux-mêmes». Devra-t-il mentionner dans ce super-catalogue le catalogue lui-même? S’il le mentionne, ce sera là un catalogue qui se mentionne. Or, comme son catalogue énumère seulement les catalogues qui ne se mentionnent pas, il serait faux de le mentionner. Mais, s’il ne le mentionne pas, son catalogue devient un catalogue qui ne se mentionne pas, et, par conséquent, il doit alors le mentionner. Or, s’il le mentionne, etc.
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LE LOUP ET L'AGNEAU
Le Loup et l'Agneau est une fable admirable.
Elle fait
pendant à l'épisode du sacrifice d'Abraham, qui hante toute
l'œuvre de Kierkegaard.
D'ailleurs, l'épisode biblique et la
fable de La Fontaine sont également formidables, au sens
étymologique, c'est-à-dire également propres à inspirer la
crainte.
Mais la fable est bien plus terrible'.
Pourquoi ?
Certes, dans les deux cas, il y a préméditation.
Dira-t-on
que l'une des histoires finit bien, tandis que J'autre finit
mal ? Mais il est essentiel à la signification profonde de la
décision d'Abraham que celui-ci ignore absolument la fin
de l'histoire, comme l'a puissamment montré Kierkegaard
dans Crainte et Tremblement (cf.
« Kierkegaàrd », in Les
Philosophes/2, de Hume à Sartre).
De même, il est indiffé
rent à la « moralité » de la fable que le Loup, finalement,
mange ou ne mange pas !'Agneau.
·Ce qui compte, en
revanche, c'est l'intention proclamée de le châtier, c'est la
décision argumentée de lui infliger un châtiment et c'est la
démonstration infligée, en attendant, à l' Agneau, qu'il ne
peut rien contre le Loup, ni physiquement ni intellectuelle
ment.
C'est pourquoi si le couteau avait frappé Isaac,
«l'enfant de la promesse», celui-ci l'aurait reçu sans
crainte ni tremblement, comme le coup le plus inattendu, le
plus improbable, le plus inconcevable,.le plus irrationnel et
par conséquent le plus imprévisible -de la part d'un père.
attentionné.
Isaac ne voyait rien venir.
Au contraire, l' Agneau voit venir le Loup.
Il n'ignore
rien des intentions du Loup à son égard, puisque ce dernier,
en le voyant, a déjà posé la conclusion de son raisonne-.
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