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La question "qui suis-je?" admet-elle une réponse certaine ?

Publié le 24/05/2010

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Intro: Si l'on demande à un enfant qui il est, il n'hésite pas, du moins à partir d'un certain âge, à énumérer son nom, son prénom, son âge, la liste de ses frères et soeurs... des informations "primaires" car il est "innocent", il ne perçoit pas encore ce que peut être la complexité de ce "je". Pour l'adulte, et plus encore pour le philosophe, répondre à la question "Qui suis-je" est autrement difficile, et devient sans doute de plus en plus difficile si l'on attend une réponse exacte.

  • I. Apports de l'auto-analyse
  • II. Cogito et sciences humaines
  • III. Psychologie et Ontologie

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« On objectiverait volontiers à la question, puisqu'il paraît décidément difficile d'y répondre avec exactitude, qu'elleest peut fréquente.

Dans le quotidien, le "qui suis-je?" se manifeste rarement : un sujet se contente d'agir, derépondre aux situations et problèmes quotidiens, d'agir comme il peut, et supposer que son "je" est bien une réalité -ne serait-ce qu'en raison de l'usage du pronom personnel -, dont la connaissance ne paraît pas être de premièrenécessité.

Qui suis-je peut alors être compris comme : voici ce que je fais, ce que j'aime, ce que j'ai..

où certainesformes d'avoir sont substituées à l'être subjectif.Savoir qui l'on est, si on en croit Pascal et si on a quelque intérêt pour la métaphysique, n'est peut-être pas de toutrepos.

Losque Pascal constate que les hommes n'en finissent pas de se disperser en occupations mondaines, endistractions et en "divertissements", il ajoute que s'ils se trouvaient brutalement mis face à ce qu'ils sont, cela feraitleur malheur.

Si, pour savoir qui je suis, je dois me dépouiller de tout ce qui me rattache au monde, je risque fort eneffet de me trouver face à un néant, ou à une existence inquiète, remplie de crainte car consciente de sa finitudeet de sa vanité radicale.

Le "je" est cette fois situé dans sa confrontation métaphysique avec deux infinis, quil'effraient également.

Ce cogito existentiel saisit l'individu dans sa condition, et cela annule toute prétention àcerner plus exactement sa subjectivité, qui ne constitue qu'une réalité dérisoire, si on la compare aux abîmes qu'ellerecrouve.

Dans un tel contexte, la question "Qui suis-je ?" ne mérite pas qu'on s'y attarde, parce qu'il est desquestions plus fondamentales.Mais cela concerne avant tout le croyant ou le mystique : faut-il admettre que l'homme du commun, aujourd'hui,doit se contenter, en l'absence de réponse exacte, à vivre dans l'obscurité ? Peut-être faut-il d'abord cernerautrement la nature de la subjectivité.

Il ne suffit pas de reconnaître que le sujet dépend aussi bien d'un héritagesocio-familial que de ses relations (conscientes ou non) avec les autres ; encore faut-il considérer qu'il se déploiedans la temporalité ; et transposer en termes philosophiques le constat effectué par les diaristes.

Certes, le "je"n'en finit pas de changer, mais c'est parce qu'il est dans sa nature de ne pas se figer, d'être toujours en cours deconstitution, par une interminable série de projets, d'ajustements, d'erreurs et de recompositions.

En termessartriens, le pour-soi qui chercherait une réponse exacte à la question "Qui suis-je?" ne peut que s'objectiver en unen-soi trompeur : il ne fait qu'adopter le point de vue d'un autre sur lui-même, et prétend interrompre sa propreaventure sous prétexte de se connaître.

Autant dire qu'il nie sa liberté, et que ce qu'il peut alors répéter et définircomme "je" ne correspond qu'à un moment de son histoire ; adhérer à ce moment en l'acceptant comme versiondéfinitive ne mène qu'à la mauvaise foi. Conclusion : Si toute biographie est ainsi constituée par l'évolution ou les contradictions éventuelles du sujet, il faut avouer quetout effort pour se connaître soi-même avec exactitude est voué à l'échec, ou ne livre qu'un état temporaire.

Seulsd'autres pourront dire, une fois que je serai mort, non pas qui je suis, mais qui j'aurai été...

Ce sera alors à leur tourde se tromper éventuellement, puisqu'ils auront peu de chances de pouvoir me connaître intégralement, dans mondevenir. Sujet désiré en échange : Pour être heureux, faut-il être indifférent à tout ce qui arrive ?. »

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