LA RAISON

« SUJETS DE REFLEXION 11 Etudier la structure du texte. 2 / Expliquer : « avertissement impressionniste ». 3 / Montrer la diversitg des points d'application de la raison. 4 / Analyser les caractgres de la raison tees qu'ils apparaissent dans ce texte. En quoi est-elle une ouverture sur le monde et sur autrui? La raison est, pour DESCARTES, la « faculte de bien juger, de discerner is bien et is mal, is vrai et is faux (...) par un sentiment interieur, spontane et immediat Elle tend a substituer aux donnees trompeuses des sens et aux fantaisies de rimagination, l'ordre de la pensee reflechie appuyee sur une methode rigoureuse. 73.

cc LE BON SENS n (Le bon sense est la chose du monde la mieux partag6e2 : car chacun pense en etre si bien pourvu, que ceux meme qui sont les plus difficiles a contenter en toute autre chose, n'ont point coutume d'en desirer plus qu'ils n'en ont. En quoi it n'est pas vraisemblable que tous se trompent; mais plutet cela temoigne que la puissance de bien juger, et distinguer le vrai d'avec le faux, qui est proprement ce qu'on nomme le bon sens ou la raison, est naturelle- ment egale en tous les hommes; et ainsi que la diversite de nos opinions ne vient pas de ce que les uns sont plus raisonnables que les autres, mais seule- ment de ce que nous conduisons nos pensees par diverses voies, et ne consi- derons pas les memes choses.

Car ce n'est pas assez d'avoir l'esprit bon, male le principal est de l'appliquer bien.

Les plus grandes Ames sont capables des plus grands vices, aussi bien que des plus grandes vertus; et ceux qui ne marchent que fort lentement, peuvent avancer beaucoup davantage, s'ils suivent toujours le droit chemin, que ne font ceux qui courent, et qui s'en eloigneni) Pour moi, je n'ai jamais presume que mon esprits fut en rien plus parfait que ceux du commun; meme j'ai souvent souhaite d'avoir la pensee aussi prompte, ou l'imagination aussi nette et distincte, ou la memoire aussi ample, ou aussi presente, que quelques autres.

Et je ne sache point de qualites que celles-ci, qui servent a la perfection de l'esprit : car pour la raison, ou le sons, d'autant qu'elle est la seule chose qui nous rend hoinmes et nous distingue des hetes, je veux croire qu'elle est tout entiere en un chacun.

(...) Rene DESCARTES, Discours de la methods (1637.) SUJETS DE RÉFLEXION 1 1 Étudier la structure du texte.

2 1 Expliquer : « avertissement impressionniste ».

31 Montrer la diversité des points d'application de la raison.

4.

1 Analyser les caractères de la raison tels qu'ils apparaissent dans ce texte.

En quoi est-elle une ouverture sur le monde et sur autrui? La raison est, pour DESCARTES, la «faculté de bien juger, de discerner le bien et le mal, le vrai et le faux ( ...

)par un sentiment intérieur, spontané et immédiat ».

Elle tend à substituer aux données trompeuses des sens et aux fantaisies de rimagination, l'ordre de la pensée réfléchie appuyée sur une méthode rigoureuse.

73.

« LE BON SENS » ~ (_Le hon sens 1 est la chose du monde la mieux partagée2: car chacun pense en être si hien pourvu, que ceux même qui sont les plus difficiles à contenter en toute autre chose, n'ont point coutume d'en désirer plus qu'ils n'en ont.

En quoi il n'est pas vraisemblable que tous se trompent; mais plutôt cela témoigne que la puissance de hien juger, et distinguer le vrai d'avec le faux, qui est proprement ce qu'on nomme le lhon sens ou la raison, est naturelle­ ment égale en tous les hommes; et ainsi que la diversité de nos opinions ne vient pas de ce que les uns sont plus raisonnables que les autres, mais seule- .

ment de ce que nous conduisons nos pensées par diverses voies, et ne consi­ dérons pas les mêmes choses.

Car ce n'est pas assez d'avoir l'esprit hon, mais le principal est de l'appliquer hien.

Les plus grandes âmes sont capables des plus grands vices, aussi hien que des plus grandes vertus; et ceux qui n!' marchent que fort lentement, peuvent avancer beaucoup davantage, s'ils suivent toujours le droit chemin, que ne font ceux qui courent, et qui s'en éloignent) Pour moi, je n'ai jamais présumé que mon esprit 3 fut en rien plus parfait que ceux du commun; même j'ai souvent souhaité d'avoir la pensée aussi prompte, ou l'imagination aussi nette et distincte, ou la mémoire aussi ample, ou aussi présente, que quelques autres.

Et je ne sache poiht de qualités que celles-ci, qui servent à la perfection de l'esprit : car pour la raison, ou le sens, d'autant qu'elle est la seule chose qui nous rend hômmes et nous distingue des bêtes, je veux croire qu'elle est tout entière en un chacun.

( ...

) René DESCARTES, Discours de la méthode (1637.). »