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La raison doit-elle toujours se défier des sens ?

Publié le 17/01/2022

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Les auteurs sont convoqués lorsqu'ils fournissent des réponses aux questions que notre réflexion rencontre chemin faisant. Ils permettent d'avancer dans le raisonnement jusqu'à un certain point, limite qu'il faut identifier, au-delà de laquelle d'autres problèmes se posent, auxquelles il s'agira de répondre, ou bien par soi-même, ou bien en convoquant d'autres philosophes. I - Pourquoi affirmer le primat de la raison sur les sens ? Platon - Timée :  « Il faut convenir qu'il existe premièrement ce qui reste identique à soi-même en tant qu'idée, qui ne naît ni ne meurt, ni ne reçoit rien venu d'ailleurs, ni non plus ne se rend nulle part, qui n'est accessible ni à la vue ni à un autre sens et que donc l'intellection a pour rôle d'examiner ; qu'il y a deuxièmement ce qui a même nom et qui est semblable, mais qui est sensible, qui naît, qui est toujours en mouvement, qui surgit en quelque lieu pour en disparaître ensuite et qui est accessible à l'opinion accompagnée de sensation. » Les sens ne permettent pas d'accéder aux idées, et par conséquent à la vérité, mais seulement de se forger des opinions. La contemplation des idées ne peut se faire que par la raison (« intellection » dans notre extrait). Dans le champ de la connaissance, Platon nous fournit une bonne raison d'accepter le primat de la raison sur les sens. Il fait donc progresser notre réflexion en nous permettant d'affirmer : oui, si nous voulons nous ménager un accès à la vérité et ne pas demeurer dans l'opinion non fondée, alors, notre raison doit toujours se défier des sens. Restent à évaluer les limites de la thèse de Platon. Elle est assise sur un ensemble de présupposés à identifier et à critiquer pour poursuivre la réflexion.

Se défier de quelqu’un ou de quelque chose, c’est ne pas faire confiance à cette personne ou à cette chose, pourtant chacun sait plus ou moins bien que certaines des croyances nous sont imposées plus ou moins par notre société ou culture de sorte que ce n’est que lorsque la raison critique a fait son travail d’analyse des préjugés que l’on peut raisonnablement nous prononcer sur la validité de ces croyances culturelles ou sociétales, la raison aurait donc un rôle critique essentiel pour pouvoir acquérir des connaissances certaines. Pourtant est-ce que la raison suffit à elle seule, plutôt, est-elle la condition essentielle de toute connaissance de sorte que les sens , c’est-à-dire un autre moyen de connaître s’en trouve dévalorisé. D’où la question posée : la raison doit-elle se défier des sens ? 
La première question sera de se dmander quelles sont justement les cractéristiques de la raison et des sens pour analyser par la suite si la défiance de la raison face au sens est légitime,e nfin et surtout nous verrons  que les sens ont aussi une légitimité et que parfois c’est à la défiance de la raison même qu’il faut porter toute notre attention.

« Platon – Timée : « Il faut convenir qu'il existe premièrement ce qui reste identique à soi-mêmeen tant qu'idée, qui ne naît ni ne meurt, ni ne reçoit rien venu d'ailleurs, ninon plus ne se rend nulle part, qui n'est accessible ni à la vue ni à un autresens et que donc l'intellection a pour rôle d'examiner ; qu'il y a deuxièmementce qui a même nom et qui est semblable, mais qui est sensible, qui naît, quiest toujours en mouvement, qui surgit en quelque lieu pour en disparaîtreensuite et qui est accessible à l'opinion accompagnée de sensation.

» Les sens ne permettent pas d'accéder aux idées, et par conséquent à lavérité, mais seulement de se forger des opinions.

La contemplation des idéesne peut se faire que par la raison (« intellection » dans notre extrait).

Dans lechamp de la connaissance, Platon nous fournit une bonne raison d'accepter leprimat de la raison sur les sens.

Il fait donc progresser notre réflexion en nouspermettant d'affirmer : oui, si nous voulons nous ménager un accès à la véritéet ne pas demeurer dans l'opinion non fondée, alors, notre raison doit toujoursse défier des sens. Restent à évaluer les limites de la thèse de Platon.

Elle est assise sur unensemble de présupposés à identifier et à critiquer pour poursuivre laréflexion.

Par exemple : cet accès au monde des idées est-il réellementpossible, autrement dit, peut-on se dégager complètement des sens ? On peut en douter si on pense à l'exempledes sciences expérimentales (cf.

plus haut) qui, pour accéder à la connaissance (donc à une forme de vérité), ontbesoin des sens.

Nous voici conduit au deuxième problème que nous avions identifié. II – la raison peut-elle se passer des sens ? Kant affirmera dans La critique de la raison pure qu'aucune connaissance ne peut être construite au-delà de l'expérience, c'est-à-dire, au-delà de ce quela sensibilité reçoit.

La « raison » que nous évoquions précédemment, et quicorrespond chez Kant au couple entendement, raison ne prime plus sur lesautres facultés humaines.

Au contraire, la connaissance ne s'atteint que parune mise en forme par l'entendement du divers fournit par la sensibilité : danscette nouvelle perspective, les sens et la raison (au sens large) travaillent deconcert.

Impossible alors d'affirmer que la raison doit se défier des sens, àmoins de soutenir qu'il vaut mieux se mouvoir dans l'illusion que dans laconnaissance. A nouveau, il faut évaluer jusqu'à quel point la réponse de Kant permet defaire progresser notre réflexion : elle souligne que dans le champ de laconnaissance, la raison ne peut pas se passer des sens, donc encore moinsles défier.

Mais rappelons l'intitulé de notre question : « la raison doit-elletoujours se défier des sens ? ».

Pour l'instant, nous avons montré que laraison ne devait pas toujours se défier des sens puisqu'il existe au moins un cas, celui de la connaissance, dans lesquels la raison ne peut pas se défierdes sens.

Peut-on pour autant radicaliser notre thèse et affirmer que la raisonne doit jamais se défier des sens ? Il y a bien un cas dans lequel il semble que la raison doit se défier des sens : celui de l'action morale.

Kant écrit dans la 1 ère partie de la Critique de la raison pratique que « la raison pure est pratique par elle seule ».

Si la raison seule ne suffit pas à accéder à la connaissance, elle fournit pourtant sans l'intervention des sens (ou de l'expérience) un critère pour l'action morale.

Voilà bien le seul cas où les sens doiventêtre oubliés, ce moment où nous nous demandons « Que dois-je faire ? ».

L'action sera morale seulement si notreraison se défie de nos sens qui nous pousseraient irrémédiablement à poursuivre notre intérêt particulier.

C'est ceque Kant appelle 'AUTONOMIE': Le principe de la moralité réside dans l'autonomie, soit la faculté de se déterminer soi-même de par une législationrationnelle.

L'homme est lié à son devoir par une loi qui ne lui est pas extérieure.

Aucun intérêt ne vient le forcer àfaire son devoir, aucune force étrangère à sa propre volonté ne vient le contraindre.Si le devoir procédait d'une contrainte, l'homme ne serait pas libre mais hétéronome, c'est-à-dire sous ladépendance d'une loi qui ne procède pas de lui-même.

Le devoir ne se définit que par l'autonomie de la volonté.

Êtrelibre et moral, c'est agir conformément à sa propre volonté législatrice universelle.Cette loi du devoir, bien qu'en nous, vise l'universalité.

Le principe suprême du devoir est inconditionné et absolu.

Lavolonté n'y est pas intéressée, et elle n'est pas non plus motivée par la crainte d'un châtiment ou d'une sanction s'ily a désobéissance.

Dans l'accomplissement du devoir, la volonté est fondée sur un principe d'autonomie :"L'autonomie de la volonté est cette propriété qu'a la volonté d'être à elle-même sa loi (indépendamment de toutepropriété des objets du vouloir).

Le principe de l'autonomie est donc : de choisir de telle sorte que les maximes denotre choix soient comprises en même temps comme lois universelles dans ce même acte de vouloir.". »

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