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La raison peut-elle atteindre le réel ?

Publié le 20/01/2004

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Mais un observateur sur un pont verra la pierre tomber suivant une parabole. Ou encore si je suis dans un train, j'ai l'impression d'être immobile et que les objets hors du train se meuvent ; Ø    On peut exprimer le mouvement des corps et prévoir leur chute grâce à une formulation mathématique. Les mathématiques peuvent servir de « langage » pour décrire la réalité concrète des corps physiques.   Enfin, Galilée en vient à soutenir que Copernic avait raison : la Terre n'est pas au centre du monde ; elle n'est pas immobile. C'est le soleil qui est au centre du monde, et la Terre tourne autour de lui et sur elle-même. De plus, le monde n'est certainement pas fini, mais infini.          Avec toutes ces découvertes, c'en est terminé du monde tel que l'Antiquité puis le Moyen-Age se le représentaient. Galilée ouvre une crise extrêmement grave : toute une vision du monde s'écroule. L'homme perd sa place au centre du monde. Il n'a plus de fonction définie au sein du monde hiérarchisé et fini : il est sur une planète comme une autre, perdu dans une infinité.

La raison est elle notre lien au réel ? D’un côté, elle saisit les lois de la nature, elle découvre ainsi ce qui est réel sous les apparences, mais d’un autre côté, les théories abstraites sont souvent contredites par l’expérience et elles ne traduisent souvent que nos fantasmes. Les théories se contredisent sans cesse, les vérités scientifiques ne sont pas stables, elles sont toujours supplantées par de nouvelles théories. La raison semble bâtir des châteaux de cartes  qui s’écroulent devant le réel. Cependant, sans la raison que connaîtrions-nous du réel ? Nous croirions encore que la terre est le centre de l’univers, notre imagination serait reine, nous aurions peur des fantômes. La raison cherche la vérité, elle cherche à découvrir le réel contre l’imagination qui le recouvre de fantasmes. Mais peut-elle atteindre la réalité même des choses ?

« En fait, ce qui intéresse Descartes , n'est pas cette égalité de la raison.

Ce thème est déjà à l'époque un lieu commun.

Ce n'est pas avec cette thèse que commence le cartésianisme, mais avec le problème suivant : « La diversité de nos opinions ne vient pas de ce que les uns sont plus raisonnables que les autres » ; ou encore, si la raison est égale en chacun, comment se fait-il que « autant de têtes autant d'avis », que certains se trompent et d'autres pas ? La vraie question est là, la véritable thèse de Descartes suit : « Ce n'est pas assez d'avoir l'esprit bon, mais le principal est de l'appliquer bien. » L'essentiel réside donc dans la méthode.

« Méthode » est un mot qui vient du grec et qui signifie à l'origine « chemin » : c'est la voie qu'on emprunte pour mener sa pensée, pour ne pas s'égarer.

Si tous les hommes ont une raison égale, savent également marcher, il semble clair à Descartes que certains s'égarent, se perdent, dissipent leurs forces.

Il y a une sorte d'obsession cartésienne à ne pas se perdre.

Pour un savant ou un philosophe qui,comme lui, sort des sentiers battus et balisés de la tradition, rien ne saurait être plus important que de ne pass'égarer dans les terres inconnues à découvrir. Aussi trouve-t-on chez Descartes une magnifique définition de la méthode : « Par méthode, j'entends des règles certaines et faciles, grâce auxquelles tous ceux qui les observent exactementne supposeront jamais vrai ce qui est faux, et parviendront sans se fatiguer en efforts inutiles, mais en accroissantprogressivement leur science, à la connaissance vraie de tout ce qu'ils peuvent atteindre.

»« Règles pour la direction de l'esprit » (IV). La méthode garantit donc : q La certitude (l'élimination de l'erreur) ; q La facilité et l'économie d'efforts ; q La fécondité et l'augmentation progressive des connaissances ; q La sagesse, en ce sens que l'homme qui s'y soumet atteindra la connaissance de tout ce qu'on peut humainement savoir. Resterait à dire pourquoi Descartes ressent le besoin de créer une méthode, applicable à tous les objets de connaissance, après vingt-trois siècle de science et de philosophie.

La première partie du « Discours » en fournit l'explication, qui se présente comme une biographie intellectuelle.

Descartes y expose ce qui l'a poussé à sortir des sentiers battus, c'est une véritable crise de l'éducation qui est le signe d'une crise de civilisation.

Bon élève dans unexcellent collège, Descartes découvre avec consternation que tout ce qu'on lui propose, quelles que soient son utilité et sa richesse, n'est bâti « que sur du sable et de la boue ».

Le doute s'immisce dans son esprit : alors qu'il a été éduqué par les meilleurs maîtres, sa recherche d'une certitude échoue.

Il cherchait, et l'éducation lui promettait« la connaissance claire et assurée de tout ce qui est utile à la vie », mais il se trouve « embarrassé de tant de doutes et d'erreurs, qu'il me semblait n'avoir fait aucun profit, en tâchant de m'instruire, sinon que j'avais découvertde plus en plus mon ignorance ». L'échec de la tradition pousse donc Descartes à trouver par lui-même et une connaissance vraie, et la méthode qui y conduit.

Ce faisant, Descartes réduit à néant les autorités traditionnelles, ce système de pensée qu'on nomme la scolastique et qui est l'héritage d' Aristote repensé par le christianisme.

Le cartésianisme récuse donc une autorité fondée sur le respect de la tradition, pour y substituer les droits de la raison.

En ce sens, Descartes est le père fondateur de la pensée moderne. 2.

La tentation du scepticisme Si c'est la raison qui doit garantir l'adéquation de la raison au réel, nous sommes face à un cercle vicieux. « Pour juger des apparences que nous recevons des sujets, il nous faudrait un instrument judicatoire; pour vérifiercet instrument, il nous y faut de la démonstration; pour vérifier la démonstration, un instrument: nous voilà aurouet.

Puisque les sens ne peuvent arrêter notre dispute, étant pleins eux-mêmes d'incertitude, il faut que ce soit laraison; aucune raison ne s'établira sans une autre raison: nous voilà à reculons jusques à l'infini.

[...] Finalement, iln'y a aucune constante existence, ni de notre être, ni de celui des objets.

Et nous, et notre jugement, et touteschoses mortelles vont coulant et roulant sans cesse.

Ainsi il ne se peut établir rien de certain de l'un à l'autre, et lejugeant et le jugé étant en continuelle mutation et branle.

Nous n'avons aucune communication à l'être, parce quetoute humaine nature est toujours au milieu entre le naître et le mourir, ne baillant de soi qu'une obscure apparenceet ombre, et une incertaine et débile opinion.

Et si, de fortune, vous fichez votre pensée à vouloir prendre son être,ce sera ni plus ni moins que qui voudrait empoigner l'eau : car plus il serrera et pressera ce qui de sa nature coulepartout, plus il perdra ce qu'il voulait tenir et empoigner.

Ainsi, vu que toutes choses sont sujettes à passer d'unchangement en autre, la raison qui y cherche une réelle subsistance se trouve déçue, ne pouvant rien appréhenderde subsistant et permanent, parce que tout ou vient en être et n'est pas encore du tout, ou commence à mourir. »

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