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La science implique-t-elle la sagesse ?

Publié le 07/03/2004

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Et, par un juste retour, la moralité donne plus de pénétration à l'esprit, non certes dans le domaine de la pure spéculation, mais dans celui de « la connaissance contemplative et infuse, concrète et synthétique, amoureuse et savoureuse (sapit), dont ni l'entendement abstrait ni la pensée discursive ne peuvent jamais atteindre la plénitude, ni égaler la lumière, l'unité, l'efficacité «. (Vocabulaire de LALANDE, article « Sagesse «; note de M. BLONDEL.) La sagesse ainsi définie est sans doute bien éloignée par sa nature de la science moderne. Le savant s'intéresse au monde et pénètre dans la nature par effraction. Le sage vit d'une vérité qui lui est donnée et qu'il chérit respectueusement. Cela veut-il dire qu'il y ait nécessairement de nos jours un abîme infranchissable entre la sagesse et la science ?

II. - LES RAPPORTS MUTUELS

En aucune manière. Si la sagesse et la science sont de nature différente, elles se rejoignent par leur sommet, c'est-à-dire que le bien et le vrai, qui sont leurs buts respectifs, ne sauraient s'opposer l'un à l'autre.

Pour Platon, la connaissance aboutit à la sagesse. Pour lui, il est impossible d'être savant sans être sage. La rigueur de l'esprit scientifique est la même à l'oeuvre dans la morale. C'est le même désir de vérité et de vertu qui est présent dans les science ou en philosophie.

MAIS...

La science vise l'utilité, la rentabilité alors que la sagesse aspire à la modération et à la justice. Science et philosophie sont opposées dans leur objet d'étude et dans leur finalité respective.

« 2.

La science appelle la sagesse.

— Il n'est pas question en retour de demander au savant de prendre des leçons de sagesse.

On suppose bien, qu'il s'en préoccupe dans sa vie personnelle.

Mais c'est tout de même lafonction du sage d'être le prophète de son temps, de rappeler, avec véhémence parfois, aux peuples et à leursdirigeants, qu'il y a une hiérarchie des valeurs à respecter, que la place de la sagesse est au-dessus de cellede la science.

Car, ainsi que le dit PASCAL, « la science des choses extérieures ne nous consolera pas del'ignorance de la morale au temps de l'affliction ».

(Pensées.)La vie vertueuse que préconise le sage — et dont il donne l'exemple —est d'ailleurs la meilleure garantie de la survie du monde contemporain, etpartant de la science.

Bien des penseurs ont fait écho au cri célèbre deVALÉRY se lamentant sur la précarité de notre civilisation.

« A présent,nous sommes envahis, constatait le docteur CARREL, par la multitude desbarbares engendrés par les nations civilisées elles-mêmes » (Réflexionssur la conduite de la vie, 233.) Il faut donc sonner le réveil de lasagesse, si l'on ne veut pas entendre le glas du suicide cosmique.Mais l'humanité n'aura peut-être pas la folie d'aller jusque-là.

Elle voudra,nous le souhaitons, donner ce « supplément d'âme" dont parlaitBERGSON, supplément si irrésistiblement appelé par le développement dessciences et des techniques.

Que l'humanité entende donc les appelsrépétés des sages, les avertissements de Gabriel MARCEL, de TRIBON, deDUHAMEL, pour ne citer que des Français et des contemporains.

Ons'étonne sans doute parfois de l'outrance de certains sages, et l'onpense, pas toujours à tort, qu'ils sont des contempteurs de la science.Mais il est bien nécessaire au mouvement dialectique de la vérité quel'outrance de l'antithèse souligne l'outrance de la thèse, jusqu'au momentoù la synthèse fera l'accord des bonnes volontés. CONCLUSION.

- Il paraît bien clairement qu'il n'y a aucune opposition de nature entre la science et la sagesse, s'il est certain que le vrai et le bien sont deux visages d'une même réalité.

Mais comme l'accordpratique de la sagesse et de la science tarde à se faire ! Il est vrai que la condition humaine ne permet qu'unerecherche tâtonnante de la vérité, mais combien nous souffrons des douleurs de cet enfantement! Quand doncles sages admettront-ils tous la valeur d'humanisme que détient la science ? Quand donc, surtout, ceux qui ontdans leurs mains les leviers de l'économie et de la politique, et que servent les savants, écouteront-ils lasagesse ? Il ne s'agit pas ici d'un débat scolastique : la réconciliation de la sagesse et de la science est unequestion de vie ou de mort.. »

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