Devoir de Philosophie

La science peut-elle nous apprendre nos devoirs ?

Publié le 03/08/2005

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Ce que devait être l'homme, ce que devait être une société, était directement dictée par une science triomphante. En ce sens, la race aryenne symbolise l'avènement d'une « race supérieure », la race des plus aptes, tandis que les faibles périssaient sous les chenilles des chars victorieux portant quelques élus. Nous pourrions cependant objecter que ce n'est pas tant la science qui est à incriminée ici que l'usage détourné et radicalement faux qu'on en fait. Darwin lui-même s'est toujours défendu de découvrir une théorie qui ne valait selon lui que dans l'espace naturel, et non dans l'espace culturel et social qui se caractérisait précisément par le soin qu'on y accorde aux plus faibles et mal lotis. Mais, nous dit Arendt, ce serait là avoir une vision bien naïve de ce qu'est la science aujourd'hui. La science n'est pas une entreprise qui recueillerait la vérité déposée dans la nature objectivement, attendant son prélèvement. Quelque chose a changé dans la conception de la science moderne, et ce en partie à cause de la mécanique quantique et la découverte par Heisenberg du principe d'incertitude. Ce principe énonce qu'on ne peut connaître à la fois la vitesse et la position d'une particule: ne pouvant avoir les deux, il faut choisir soit l'un soit l'autre. La science ne nous donne pas une vérité toute faite, nous sélectionnons, mettons en perspective, construisons les données sur lesquelles nous enquêtons. Ce n'est donc jamais une saisie réellement objective, mais bien plutôt une vision en quelque sorte partielle et donc partiale de la réalité.

La science peut se caractériser comme un mode d'investigation du réel basé sur une méthode déterminée. On y aborde l'objet selon certains protocoles afin d'advenir à une connaissance de ses propriétés. Mais, parce qu'il n'y a de science que générale, cette saisie particulière du réelle vise à faire avant tout émerger des lois sous lesquelles peuvent être subsumer le plus grand nombre de cas possibles. On ajoutera un double critère essentiel à la démarche scientifique quant aux énoncés qu'elle génère: leur aspect contre-factuel et falsifiable. En effet, il ne s'agit pas seulement d'effectuer une liste exhaustive de ce que l'on a devant les yeux (cet objet a cette propriété, puis celle-ci, mais aussi celle-là...), sous quel cas sinon, nous n'aurions de science que sous la forme d'un catalogue descriptif, utile certes, mais non suffisant. Non, un énoncé scientifique est avant tout contre-factuel, i-e qu'il ne se contente pas d'effectuer une description purement factuelle d'un événement: la science est en effet une entreprise prédictive, elle prévoit ce qui peut se passer à partir d'un certain nombre de conditions initiales. L'énoncé contre-factuel prend la forme: Si A alors B ( A→ B): si nous avons les conditions A, alors, nous savons qu'adviendra B. Deuxièmement, un énoncé scientifique est falsifiable, ce qui signifie qu'il peut être potentiellement réfuté par l'expérience ou des énoncés découlant directement de l'expérience: si l'on prend un énoncé de l'astrologie par exemple, il est souvent trop général ou trop vague pour pouvoir être réfuté de quelque manière que ce soit par l'expérience; il échappe totalement à son contrôle, preuve qu'il n'est pas scientifique. Quel rapport donc a cette entreprise avec nos devoirs? Par sa fidélité au réel (falsification), et sa capacité prévisionnelle (contre-factualité), l'information qu'elle nous délivre sur ce qu'est le monde peut-elle nous guider dans notre action? Nous dit-elle ce que nous devons être, ce que nous devons faire? Comment mettre côte à côte d'une part une entreprise scientifique comme affirmation du réel, un voilà-ce-qui-est, et d'autre part une entreprise morale qui n'est pas satisfaite du réel, qui clame précisément un devoir-être parce que l'être n'est pas tel qu'il doit être? A moins qu'une morale issue des énoncés scientifiques ne nous rappelle que ce que nous avons oublié, soit la réalité telle qu'elle est et non telle que nous l'imaginons faussement?

« qui procurent une certaine et durable paix en l'âme de ceux qui n'ouvrent que sur un plaisir certes séduisant mais decourt terme. Nous avons ici structurellement deux démarches typiquement scientifiques.

D'abord l'aspect contre-factuel: prévoirce dont un désir est porteur.

La médecine nous guide de manière évidente aujourd'hui quant à la nocivité decertains plaisirs: la cigarette par exemple.

Elle nous informe aussi de ce que provoque l'excès de certains plaisirs,nous menant ainsi vers une diététique des désirs qui livre l'accomplissement de certains à la modération.L'épicurisme nous propose de prendre garde aux conséquences de certains plaisirs.

Le profit doit donc êtreintelligent, guidé par la raison.

Je sais ce que provoquera l'abus de certains produits, la dépendance même qu'ilspeuvent impliqués aussi bien d'un point de vue physiologique que psychologique.

L'épicurisme se nourrit donc dudiscours des sciences (médecine, psychologie...) afin de saisir la réalité qui se cache derrière certains désirs, ce quila rapproche d'autant plus de la science de par cette écoute attentive de son discours du le réel. La science: entre égologie et écologie III. La science nous apprend dans un premier temps les conséquences que certains plaisirs impliquent d'un point de vuephysiologique (leur nocivité qualitative ou quantitative), et psychologique (combien leur consommation risque dedevenir aliénante pour moi, combien derrière un plaisir de courte durée, se cache un mal de longue durée).

Elle ouvresur une égologie, une étude du sujet du point de vue physiologique et psychique.

Sa compréhension nous permetd'accueillir le réel d'une manière plus sereine et raisonnable.

Ce que je suis-je biologiquement, ce que je suispsychologiquement, m'offre une base dont je dois préserver l'intégrité pour assurer mon bonheur.

Nous sommes enproie à l'erreur bien souvent quant à ce qui nous convient: la science nous rappelle les conséquences de certainscomportement. Mais cette science n'est pas seulement tourner vers moi: elle m'informe, me rappelle que je m'insère dans unenvironnement dont je dépends étroitement et avec lequel je dois maintenir une relation d'équilibre.

Je dois êtreattentif au discours écologique qu'elle me propose: mes actions ont des conséquences sur mon entourage (fumerpar exemple), sur mon environnement (utilisation à outrance de ma voiture par exemple.

M'empêchant d'être sourd,la science me rappelle que je m'insère dans un champ de causalité.

En amont pour commencer: j'agis ainsi parce queje suis dépendant, aliéné.

Ainsi, la psychologie, la sociologie, l'ethnologie, l'anthropologie, me rappelle à quel pointl'environnement dans lequel je m'insère entache d'une certaine relativité tout mes discours; combien j'exprime unecertaine dépendance dans certains de mes désirs.

En aval: je me rends compte à quel point mes actions sontporteuses de conséquences sur la nature (climatologie, écologie...), sur mes proches (médecine, psychologie...). Pour bien agir, pour avoir conscience des devoirs dont je suis porteur, il me faut connaître.

Seule une lucidité sur cequi m'entoure aussi bien que sur ma propre personne me permet de saisir ce qui est bon et ce qui ne l'est pas.

Lascience n'est pas porteuse d'une morale, mais de certains éléments à partir desquels il est possible de penser unemorale.

Il ne s'agit jamais d'ériger des principes scientifique comme principes universels et impératifs, mais comme unréservoir à partir duquel on s'inspire pour construire une conduite renseignée de ce que je suis et de ce quim'entoure; Conclusion La science me permet de prévoir les conséquences (contre-factualité) qu'auront véritablement mes actions sur mapersonne et mon entourage de par sa fidélité au réel (falsifiabilité).

On gardera en tête cependant qu'elle est faillibleet n'avance qu'à se tromper, et qu'ainsi, on ne pourra jamais y trouver des principes immuables et universels.

Lascience n'épuise pas la morale, mais elle nous entraîne à circonstancier de manière lucide notre action du point devue de la personne et du milieu.

On s'inspirera de la science pour construire une morale de l'attention.

Il ne s'agirajamais de l'utiliser pour nous dire ce que doit être l'homme ou la réalité, mais de faire d'elle un point cardinal nousrappelons les conséquences de nos actes, et le fait que nous ne sommes pas seuls.. »

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