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La société et la répression des instincts

Publié le 15/01/2004

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« Tout est bien sortant des mains de l'Auteur des choses », écrit Rousseau au début de l'Émile ; « tout dégénère entre les mains de l'homme ». B. La répression sociale des pulsionsPour Freud au contraire, l'agressivité est constitutive de la nature humaine, et la société, loin de corrompre les hommes, prend soin d'étouffer toutes les pulsions susceptibles de menacer la cohésion du groupe. C'est du moins ce qu'il montre dans Malaise dans la civilisation (1929). Ici, le terme de civilisation (Kultur en allemand) « désigne la totalité des oeuvres et des organisations dont l'institution nous éloigne de l'état animal [...] et qui servent à deux fins : la protection de l'homme contre la nature et la réglementation des relations des hommes entre eux ». Or, bien que la civilisation vise à long terme le bonheur des hommes, « elle repose sur le renoncement aux pulsions instinctives ». L'édifice de la civilisation exige le travail, donc le sacrifice ou en tous cas le report des désirs immédiats. En particulier, les pulsions sexuelles (ce que Freud appelle la libido) subissent, du fait de l'organisation sociale, de graves dommages. Et même si l'on peut imaginer une organisation sociale où la libido serait moins réprimée que dans la culture occidentale moderne, il reste que les pulsions agressives naturelles devront toujours être contrôlées et endiguées par l'organisation sociale.

« Pour Freud au contraire, l'agressivité est constitutive de la nature humaine,et la société, loin de corrompre les hommes, prend soin d'étouffer toutes lespulsions susceptibles de menacer la cohésion du groupe.

C'est du moins cequ'il montre dans Malaise dans la civilisation (1929).

Ici, le terme decivilisation (Kultur en allemand) « désigne la totalité des oeuvres et desorganisations dont l'institution nous éloigne de l'état animal [...] et quiservent à deux fins : la protection de l'homme contre la nature et laréglementation des relations des hommes entre eux ».

Or, bien que lacivilisation vise à long terme le bonheur des hommes, « elle repose sur lerenoncement aux pulsions instinctives ».

L'édifice de la civilisation exige letravail, donc le sacrifice ou en tous cas le report des désirs immédiats.

Enparticulier, les pulsions sexuelles (ce que Freud appelle la libido) subissent, dufait de l'organisation sociale, de graves dommages.

Et même si l'on peutimaginer une organisation sociale où la libido serait moins réprimée que dans laculture occidentale moderne, il reste que les pulsions agressives naturellesdevront toujours être contrôlées et endiguées par l'organisation sociale.

PourFreud en effet, l'homme n'est pas naturellement bon : « L'homme n'est pointcet être débonnaire, au coeur assoiffé d'amour, dont on dit qu'il se défendquand on l'attaque, mais un être, au contraire, qui doit porter au compte deses données instinctives une bonne somme d'agressivité », écrit-il.

Cetteagressivité naturelle doit donc et devra sans relâche être réprimée par lasociété. "L'homme n'est point cet être débonnaire, au coeur assoiffé d'amour, dont on dit qu'il se défend quand onl'attaque, mais un être, au contraire, qui doit porter au compte de ses données instinctives une bonnesomme d'agressivité.

Pour lui, par conséquent, le prochain n'est pas seulement un auxiliaire et un objetsexuel possibles, mais aussi un objet de tentation.

L'homme est, en effet, tenté de satisfaire son besoind'agression aux dépens de son prochain, d'exploiter son travail sans dédommagements, de l'utilisersexuellement sans son consentement, de s'approprier ses biens, de l'humilier, de lui infliger dessouffrances, de le martyriser et de le tuer.

Homo homini lupus : qui aurait le courage, en face de tousles enseignements de la vie et de l'histoire, de s'inscrire en faux contre cet adage ?Cette tendance à l'agression, que nous pouvons déceler en nous-mêmes et dont nous supposons à bondroit l'existence chez autrui, constitue le principal facteur de perturbation dans nos rapports avec notreprochain.

C'est elle qui impose à la civilisation tant d'efforts.

Par suite de cette hostilité primaire quidresse les hommes les uns contre les autres, la société civilisée est constamment menacée de ruine."Sigmund Freud, Malaise dans la civilisation (1929), P.U.F. Ces lignes, extraites de Malaise dans la civilisation, tentent de répondre aux questions suivantes : quelle est lasource de la violence que l'homme, dans sa vie ordinaire comme dans son histoire, n'a cessé de manifester ? Cetteviolence lui est-elle naturelle ou provient-elle de causes purement culturelles, clairement identifiables et contraires àsa nature ?Ce questionnement doit être replacé dans son contexte.

Freud affirme avoir été frappé par le déchaînement deviolence qui s'est produit, au niveau mondial, pendant la guerre de 1914-1918, et c'est le choc que causa en luil'ampleur de cette guerre qui l'amena à s'interroger sur la source de l'agressivité humaine.

La thèse qu'il défend icicherche à dénoncer un mythe, celui de l'homme naturellement bon, de ce prétendu « être débonnaire, au coeurassoiffé d'amour », idée que répandit en particulier Rousseau au XVIII siècle.Pour Freud, la violence est une donnée naturelle et «première», active et non réactive, une conduite qui puise sasource dans les instincts de l'homme.

C'est pourquoi elle peut être rangée au rang de ses besoins, comme l'attestel'expression « besoin d'agression ».

Quelles preuves peut-on donner de cela ? Il suffit de constater ce que nousenseignent les crimes entre individus, comme ceux commis entre les peuples.Le « prochain », c'est-à-dire l'autre qui partage avec moi la vie en société, n'est pas seulement celui dont l'entraideet la coopération permettent, grâce à la division du travail, l'émergence d'une société complexe et organiséesuscitant l'éclosion de tous les fruits de la vie civilisée.

La philosophie a trop insisté sur la valeur d'« auxiliaire »,c'est-à-dire d'aide, que chaque homme représente pour tous les autres.

Elle a trop insisté aussi sur le fait que leshommes et les femmes, comme objets sexuels possibles, sont la condition de la reproduction de l'espèce.En réalité, la principale fonction ou signification d'autrui est d'être un objet de tentation, une cible sur laquelle jevais être tenté de « défouler » mes pulsions agressives.

C'est donc bien autrui qui me permettra d'avoir cette formede jouissance qui naît lorsqu'un besoin est satisfait, et ce besoin particulier, Freud l'a nommé «besoin d'agression».C'est pourquoi la thèse soutenue par ce texte tient principalement en ces lignes : «l'homme est, en effet, tenté desatisfaire son besoin d'agression aux dépens de son prochain».

De cet enseignement, la sagesse antique a mêmetiré un proverbe que le philosophe anglais Thomas Hobbes rappela au XVII siècle dans son ouvrage Du citoyen : «Homo homini lupus » (l'homme est un loup pour l'homme).. »

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