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La technique ne produit-elle que les effets qu'on en attend ?

Publié le 15/10/2005

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technique
En fait, cette contradiction inhérente à la culture provient de l'ambiguïté des idées relatives à l'automatisme, en lesquelles se cache une véritable faute logique. Les idolâtres de la machine présentent en général le degré de perfection d'une machine comme proportionnel au degré d'automatisme. Dépassant ce que l'expérience montre, ils supposent que, par un accroissement et un perfectionnement de l'automatisme, on arriverait à réunir et à interconnecter toutes les machines entre elles, de manière à constituer une machine de toutes les machines. Or, en fait, l'automatisme est un assez bas degré de perfection technique. Pour rendre une machine automatique, il faut sacrifier bien des possibilités de fonctionnement, bien des usages possibles. L'automatisme, et son utilisation sous forme d'organisation industrielle que l'on nomme automation, possède une signification économique ou sociale plus qu'une signification technique. Le véritable perfectionnement des machines, celui dont on peut dire qu'il élève le degré de technicité, correspond non pas à un accroissement de l'automatisme, mais au contraire au fait que le fonctionnement d'une machine recèle une certaine marge d'indétermination. C'est cette marge qui permet à la machine d'être sensible à une information extérieure. C'est par cette sensibilité des machines à de l'information qu'un ensemble technique peut se réaliser, bien plus que par une augmentation de l'automatisme. Une machine purement automatique, complètement fermée sur elle-même, dans un fonctionnement prédéterminé, ne pourrait donner que des résultats sommaires.

La technique est cet ensemble de savoir-faire qui vise à produire des effets précis, des objectifs et des réalisations attendus. L’instrument, l’outil servent à faire un bricolage,  une réparation ou une production attendue. Or la technique peut-elle produire les effets autres que ceux qui sont attendues ? En un sens on s’interroge ici sur  la maîtrise de l’homme sur les objets techniques. La technique peut-elle nous dépasser ? La technique, censée nous procurer un certain confort, peut-elle aussi produire des effets pervers ?

technique

« "L'opposition dressée entre la culture et la technique, entre l'homme et la machine, est fausse et sans fondement ;elle ne recouvre qu'ignorance ou ressentiment.

Elle masque derrière un facile humanisme une réalité riche en effortshumains et en forces naturelles, et qui constitue le monde des objets techniques, médiateurs entre la nature etl'homme.La culture se conduit envers l'objet technique comme l'homme envers l'étranger quand il se laisse emporter par laxénophobie primitive.

Le misonéisme orienté contre les machines n'est pas tant haine du nouveau que refus de laréalité étrangère.

Or, cet être étranger est encore humain, et la culture complète est ce qui permet de découvrirl'étranger comme humain.

De même, la machine est l'étrangère ; c'est l'étrangère en laquelle est enfermé del'humain, méconnu, matérialisé, asservi, mais restant pourtant de l'humain.

La plus forte cause d'aliénation dans lemonde contemporain réside dans cette méconnaissance de la machine, qui n'est pas une aliénation causée par lamachine, mais par la non connaissance de sa nature et de son essence, par son absence du monde dessignifications, et par son omission dans la table des valeurs et des concepts faisant partie de la culture.

[...]En fait, cette contradiction inhérente à la culture provient de l'ambiguïté des idées relatives à l'automatisme, enlesquelles se cache une véritable faute logique.

Les idolâtres de la machine présentent en général le degré deperfection d'une machine comme proportionnel au degré d'automatisme.

Dépassant ce que l'expérience montre, ilssupposent que, par un accroissement et un perfectionnement de l'automatisme, on arriverait à réunir et àinterconnecter toutes les machines entre elles, de manière à constituer une machine de toutes les machines.

Or, enfait, l'automatisme est un assez bas degré de perfection technique.

Pour rendre une machine automatique, il fautsacrifier bien des possibilités de fonctionnement, bien des usages possibles.

L'automatisme, et son utilisation sousforme d'organisation industrielle que l'on nomme automation, possède une signification économique ou sociale plusqu'une signification technique.

Le véritable perfectionnement des machines, celui dont on peut dire qu'il élève ledegré de technicité, correspond non pas à un accroissement de l'automatisme, mais au contraire au fait que lefonctionnement d'une machine recèle une certaine marge d'indétermination.

C'est cette marge qui permet à lamachine d'être sensible à une information extérieure.

C'est par cette sensibilité des machines à de l'information qu'unensemble technique peut se réaliser, bien plus que par une augmentation de l'automatisme.

Une machine purementautomatique, complètement fermée sur elle-même, dans un fonctionnement prédéterminé, ne pourrait donner quedes résultats sommaires.

La machine qui est douée d'une haute technicité est une machine ouverte, et l'ensembledes machines ouvertes suppose l'homme comme organisateur permanent, comme interprète vivant des machines lesunes par rapport aux autres.

Loin d'être le surveillant d'une troupe d'esclaves, l'homme est l'organisateur permanentd'une société des objets techniques qui ont besoin de lui comme les musiciens ont besoin du chef d'orchestre".

2.

Technique et automatisation : la condition de l'homme moderne TEXTE Hannah ARENDT, La condition de l'homme moderne .

I - LES TERMES DU SUJET A - AUTOMATISATION Effet du progrès technique : des machines automatiques ont été inventées poureffectuer des tâches jusque-là dévolues à l'homme. B- TRAVAIL ET OEUVRE Dans le texte, ces termes sont mis en opposition.

Le travail est toute tâcherémunératrice, toute opération par laquelle nous produisons quelque chose, en toutou en partie, contre salaire.

L'oeuvre est un mot plus noble, qui indique uninvestissement personnel, patient.

Elle s'inscrit dans un temps plus lent. C - NÉCESSITE ET LIBERTÉ Ces mots s'opposent également.

La nécessité impose à l'homme ses exigencesincontournables (il faut manger pour vivre).

La liberté est la puissance de celui quiagit par lui-même, sous l'effet d'aucune contrainte étrangère à sa volonté propre.. »

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