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La Technique ne produit-elle que les effets qu'on peut en attendre ?

Publié le 27/02/2008

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technique

La Technique ne produit-elle que les effets qu'on peut en attendre ?

 

La technique peut se définir comme usage ou l’emploi d’une habileté particulière : d’un certain art de faire en vue de produire quelque chose de façon plus efficace et plus rapide. En ce sens, la notion de technique a principalement un aspect économique : économie de temps, de moyens etc. La technique est effectivement l’ensemble des procédés ou méthodes d’un art, d’une activité ; mais aussi l’ensemble des applications de la science dans le domaine de la production. On peut donc dégager deux compréhensions globales de ce qu’est la technique : soit un savoir-faire, une habilité soit une application de la science. Mais le point essentiel est ici que comprendre que la technique a pour but la maîtrise d’un élément donné, c’est-à-dire de nous offrir la possibilité d’optimiser un geste, une production, mais surtout de pouvoir la répéter autant de fois que nous en aurons besoin comme cela peut être le cas pour le cordonnier. Dès lors cela suppose que la technique produise les effets que l’on soit en mesure d’attendre et de prévoir. Cela suppose alors une certaine nécessité voire régularité dans la nature et dans les effets de la technique. Or c’est bien cela qu’il convient de questionner.

            En effet, si la technique a pour but de produire de manière répéter une même chose (1ère partie), le monde n’étant pas entièrement déterminer, il est possible que la technique produise autre chose que ce soit en bien ou pas (2nd partie) : il convient alors de s’interroger sur les risques encourus pour l’homme par son usage de la technique (3ème partie).

 

I – Technique et méthode : l’attendu

II – La technique risque et hasard

III – Le risque d’une technique non maîtrisée

technique

« b) Bien plus, comme le remarque Kojève dans l'Idée du déterminisme dans les sciences classiques et dans les sciences modernes, l'idée de la reproduction possible des phénomènes par la technique, à l'identique, est un idéaldes sciences classiques qui se révèle absolument impossible à réaliser.

La technique ne reproduit pas toujours leschoses à l'identique, cela est même devenu impossible avec les techniques scientifiques dans les cas de théoriesquantiques.

Dès lors, les techniques ne produisent pas toujours les effets que l'on peut en attendre.

Et c'est parailleurs bien cela aussi qui fait tout l'intérêt de la technique comme on peut le voir le cas des accélérateurs departicules du CERN.

S'il est possible de maîtriser la technique afin de produire différentes particules il n'en reste pasmoins que cette technique a justement pour but de produire des découvertes notamment à la recherche du bosonde Higgs.c) En ce sens, le technique en tant que découverte peut produire des effets que l'on attendait justement au risquede conduire sinon le raisonnement scientifique à une pure pétition de principe.

Et c'est en ce sens alors que l'onpeut comprendre la notion de « technique pure » propre à Alain : Mais il faut juger la technique pure, et dire quel genre d'esprit elle promet.

Or il est clair que rien ne peut garder de la précipitation, dès que l'habileté technique estacquise; l'action va devant, et l'esprit ne travaille que sur les résultats, les mains sont prudentes mais l'esprit nel'est point, assuré d'être redressé toujours par la chose.

«On va bien voir», voilà un mot de mécanicien ou d'expertchimiste.

Ce que je veux faire remarquer, c'est que la Mathématique, contemplative en ses premiers essais, deviensdécidément technique par l'usage du Calcul, et d'autant plus que ses problèmes sont plus compliqués; je distechnique, même dans la découverte, comme on voit en Leibniz ou Eider, qui sont habiles à essayer, et réellementtransforment une manière d'écrire comme d'autres arrivent à faire marcher un mécanisme rebelle.

L'espritmathématicien s'explique assez bien par des remarques de ce genre.

On pourrait dire que le Mathématicien estplutôt un travailleur qu'un penseur.

En tout technicien, de mathématique ou bien de chimie, on retrouvera toujourscette impatience qui exige l'action et ne sait point penser avant que l'objet réponde; et comme conséquencenaturelle ce vide de l'esprit résultant de ce que l'idée est toujours ramenée au procédé, ce qui efface la notionmême du vrai et du faux.

Le technicien est sceptique avant d'avoir essayé; mais ce qui est remarquable, c'estqu'après l'essai il l'est encore plus, et après une longue suite de succès encore plus ».

D'un autre manière, nouspourrions aussi faire référence à Feuerbach dans son ouvrage Contre la méthode . Transition : Ainsi la technique ne produit-elle pas toujours les effets que l'on peut en attendre et cela dans la mesure où nousvivons dans « un monde incertain ».

Mais bien plus la répétition que suppose la technique est une idée, une vue del'esprit, c'est-à-dire une thèse métaphysique sur le monde, comme monde ordonné et nécessaire.

Or c'est justementpar cet écart entre le but de la technique et sa réalisation que la technique peut être dangeureuse.

III – Le risque d'une technique non maîtrisée a) En effet, le paradigme de cette technique pouvant produire des effets que l'on attendait pas peut être le cas duFrankenstein de Shelley .

Le docteur rassemblant les différents morceaux d'un cadavre cherche a insuffler la vie à cet amas de chaire.

Or l'ensemble de l'ouvrage, qui se comprend comme une critique de la technique, montre bien lamaîtrise de la technique par l'homme jouant souvent à l'apprenti sorcier.

Or c'est bien contre un tel développementde la technique que Ellul dans l'Ere technicien nous met en garde.

En effet, nous croyons pouvoir maîtriser latechnique mais nous ne savons pas l'ensemble des effets de la technique à longue échéance.

Ainsi, en tant quetechnicien nous supposons souvent plus que nous ne savons les effets de la technique faisant de nous desapprentis Frankenstein.b) Et c'est bien ce que l'on peut voir à travers la mise en garde que produit Hans Jonas contre le pouvoir technicien dans le Principe de responsabilité .

Dès lors la notion de respect qui se fait jour.

Il s'agit donc d'une reformulation de l'éthique autour de l'idée de responsabilité.

Et c'est bien ce qu'il affirme dans Pour une éthique du futur , puisque Jonas montre que l'espèce humaine se trouve à un carrefour ; dotée d'une puissance en constante extension, où il lui faut désormais faire des choix et prendre des décisions, assumer ses hésitations qui lui éviterontle « sort de l'apprenti sorcier ».

Et cet enjeu se trouve particulièrement saisissant du point de vue de l'économie etde la technicité.

Cette éthique n'est donc là pour brimer la vie mais au contraire pour l'aider à parer les dangers,donc d'une certaine manière, ne pas penser la technique comme technique pure, c'est-à-dire indépendante de touteéthique, ou moralité.c) Le problème est que la technique ainsi comprise, c'est-à-dire dans son essence fait de l'homme sur le terre ceque Michel Serres dans le Contrat naturel nomme un parasite.

La technique serait l'art qu'à l'homme de parasiter la terre.

Or de ce point de vue, seule la symbiose est envisageable : « Or à force de la maîtriser, nous sommesdevenus tant et si peu maître de la Terre, qu'elle menace de nous maîtriser à son tour.

Par elle, avec elle et en elle,nous partageons un même destin temporel […] Ainsi les anciens parasites, mis en danger de mort par les excèscommis sur leurs hôtes, qui, morts, ne les nourrissent plus ni ne les logent, deviennent obligatoirement dessymbiotes.

[…] Voici la bifurcation de l'histoire : ou la mort ou la symbiose.

» Conclusion : La technique bien qu'ayant pour but de maîtriser la nature et de faire de l'homme son possesseur ne peut pas entièrement maîtriser les effets de ce qu'elle produit.

Dès lors s'explique la nécessité de développer unevigilance à l'égard de la technique voire une éthique notamment à l'aune d'une ère technicienne.

Si la technique neproduit pas toujours les effets que l'on peut attendre c'est dire que l'idée même d'un déterminisme intégral de lanature n'est pas adéquat pour rendre compte véritablement de la nature.

Y a-t-il de la place pour la contingence,. »

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