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La vérité est-elle l'accord de la pensée et de l'objet ?

Publié le 21/03/2004

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3. - Le but qu'on se propose d'atteindre (cf. un objectif). Vérité: La vérité concerne l'ordre du discours, et il faut en cela la distinguer de la réalité. Elle se définit traditionnellement comme l'adéquation entre le réel et le discours.Qualité d'une proposition en accord avec son objet. La vérité formelle, en logique, en mathématiques c'est l'accord de l'esprit avec ses propres conventions. La vérité expérimentale c'est la non-contradiction de mes jugements, l'accord et l'identification de mes énoncés à propos d'un donné matériel.

► La question de la définition de la vérité est une des questions philosophiques les plus classiques. Cela ne veut pas dire qu'elle puisse trouver des réponses toutes faites. Loin de là, la réponse la plus classique, la plus attendue, la plus naturelle, est éminemment problématique. La difficulté qui se présente immédiatement est celle de la possibilité même de vérifier cet accord supposé entre la pensée et l'objet. Pour comparer effectivement une pensée et un objet, il faudrait pouvoir se situer à la fois au-dessus de notre esprit et au-dessus de la nature. Y a-t-il donc une façon effective, nécessairement interne à notre mode de pensée, de mettre en évidence une forme d'«accord« entre nos pensées et leurs objets?

Introduction

  • Comment concevoir l'accord entre la pensée et l'objet?

A-L'accord comme ressemblance. B-L'accord comme correspondance. C-L'accord comme exactitude d'un «tableau de faits«.

  • Insuffisance de la définition.

A-La définition proposée est purement nominale. B - Elle exprime en fait une exigence interne au langage. C-On ne peut tester une idée indépendamment des autres.

  • Conception globale de l'accord.

A-Le pragmatisme fournit-il un critère de vérité? B-Le succès comme accord objectif de la science et du réel. C-Penser un objet, c'est accorder la théorie et l'expérience.

Conclusion

« 3.

Conception globale de l'accord. A.

Le pragmatisme fournit-il un critère de vérité? Il reste que la difficulté, résolue dans ce contexte par la disparition même de l'idée de vérité propre à une penséeextraite de son contexte, reste entière lorsqu'on essaie de comprendre l'évolution du système de nosconnaissances.

L'idée que la vérité se réduit à la cohérence interne d'un système est impuissante lorsqu'il s'agit dedépartager deux systèmes de pensée opposés.

Duhem suggère de s'en remettre à un critère pragmatique, et dechoisir tout bonnement la théorie la plus commode, la plus conforme aux habitudes de pensée du savant qui choisit. "Une théorie physique est un système de propositions mathématiques, déduite d'un petit nombre de principes, quiont pour but de représenter aussi simplement, aussi complètement que possible, un ensemble de loisexpérimentales." Duhem, La Théorie physique, 1906 Dans la physique contemporaine, l'expérimentation elle-même est de plus en plus théorique, à tel point que Duhemparle de "lois expérimentales".

Les mathématiques en sont l'instrument essentiel, du fait même de la complexité del'objet physique, les particules élémentaires.

Ce caractère de plus en plus abstrait de la physique contemporaineconduit à se poser la question de la nature de ses connaissances.

Dans quelle mesure l'application d'un systèmepour comprendre la nature ne nous voile-t-il pas le réel ? Cette réflexion des scientifiques eux-mêmes conduit àreposer sous un nouveau jour le problème métaphysique de la nature de l'Être. Sommes-nous voués à adopter une telle attitude, qui permet de justifier tous les conservatismes scientifiques(Duhem se fait ainsi l'avocat des Inquisiteurs qui condamnèrent Galilée), et ne semble plus rien conserver ducontenu intuitif de l'idée de vérité, tel qu'il s'exprimait dans notre définition naïve? B.

Le succès comme accord objectif de la science et du réel. Il semble que l'on puisse retrouver en partie cette intuition en refusant d'adopter le critère pragmatique subjectif decommodité que proposait Duhem, et en lui préférant le critère pragmatique empirique de succès.

Plutôt que deretenir les théories qui demandent au scientifique le moins d'effort intellectuel, on peut privilégier, comme Popperdans La Logique de la découverte scientifique, celles qui résistent avec succès à la confrontation la plus largepossible avec l'expérience, et rejeter celles qui voient leurs prévisions échouer, sans chercher à les sauver par desartifices techniques (clauses d'exception, supposition d'objets inobservables, etc.).

On peut ainsi concevoir que,malgré l'impossibilité où nous sommes d'accéder directement aux faits en vue d'une vérification, le corps complet denos connaissances s'adapte ainsi sans cesse au monde réel.La définition de la vérité par l'accord, reconnue impossible pour une pensée isolée, retrouve un sens dans laconfrontation globale de nos connaissances au monde. C.

Penser un objet, c'est accorder la théorie et l'expérience. L'objet scientifique, dans ces conditions, n'est plus à distinguer de sa pensée, comme le montre par exempleBachelard : en même temps qu'est aboli le dualisme naïf séparant pensée et objet, s'évanouit le paradoxe de lavérification.

Car, dès lors, la vérification n'est plus une pensée sur le rapport de la pensée et de l'objet, qui ne peutque nous entraîner dans une régression infinie, mais une tâche concrète, jamais achevée, de rectification del'accord, au sein du monde et du langage, entre deux types d'énoncés : les prévisions théoriques et les résultatsexpérimentaux. Conclusion. L'idée naïve de la vérité comme accord de la pensée et de l'objet, même si elle ne permet pas, en elle-même, defonder une définition efficace de la vérité, n'est pas pour autant vide de sens.

Même fautive, une définition de cegenre concrétise notre pensée intuitive de la vérité, et constitue un matériau dont l'on peut dégager aussi bienl'exigence d'adéquation matérielle du langage que les moyens nécessaires pour échapper au relativisme sceptiqueissu du holisme duhémien.

Contre toute attente, elle survit peut-être intimement, obscurément, au coeur de l'idéecontemporaine de vérité scientifique. « Un système faisant partie de la science empirique doit pouvoir être réfuté par l'expérience.

» POPPER. »

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