La vérité est-elle toujours moralement exigible ? de KANT
Publié le 08/01/2020
                             
                        
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                                Dans le recueil : La France en l’an 1797 (...) : Des réactions politiques, par BENJAMIN CONSTANT (...), on lit ce qui suit :
‘ ‘Le principe moral que dire la vérité est un devoir, s’il était pris de manière absolue et isolée, rendrait toute société impossible. Nous en avons la preuve dans les conséquences directes qu’a tirées de ce (...) principe un philosophe allemand2 qui va jusqu’à prétendre qu’envers des assassins qui vous demanderaient si votre ami qu’ils poursuivent n’est pas réfugié dans votre maison, le mensonge serait un crime.”
Le philosophe français réfute ce principe de la manière suivante :
“Dire la vérité est un devoir. Qu’est-ce qu’un devoir ? L’idée de devoir est inséparable de celle de droits : un devoir est ce qui, dans un être, correspond aux droits d’un autre. Là où il n’y a pas de droit, il n’y a pas de devoirs. Dire la vérité n’est donc un devoir qu’envers ceux qui ont droit à la vérité. Or nul homme n’a droit à la vérité qui nuit à autrui.”
Il faut d’abord remarquer que l’expression : avoir droit à la vérité, est dépourvue de sens. Il faut dire plutôt que l’homme a droit à sa propre VÉRACITÉ, c’est-à-dire à la vérité subjective dans sa personne (...).
La véracité dans les déclarations qu’on ne peut éluder est le devoir formel de l’homme envers chacun, si grave soit le préjudice qui puisse en résulter pour lui ; et encore que je ne commette aucune injustice à l’égard de celui qui, de façon injuste, me force à faire des déclarations, en les falsifiant, je n’en commets pas moins une injustice certaine à l’endroit de la partie la plus essentielle du devoir EN GÉNÉRAL par une telle falsification qui, de ce fait, peut également être appelée mensonge (...) : c’est-à-dire que je fais, autant qu’il dépend de moi, que des déclarations de façon générale ne trouvent aucune créance et que par suite aussi tous les droits qui sont fondés sur des contrats deviennent caducs et perdent vigueur : ce qui est une injustice commise à l’égard de l’humanité en général.
Ainsi, il suffit de définir le mensonge comme une déclaration intentionnellement fausse et point n’est besoin d’ajouter cette clause qu’il faut qu’elle nuise à autrui (...) Car il nuit
2. Il s’agit de Kant lui-même, qui avait déjà soutenu sa position sur le mensonge dans la Doctrine de la Vertu, chap. I.
Si l'illusion est la réalisation hallucinée d'un désir, on comprend qu'elle puisse aider à vivre : une espérance illusoire ne vaut-elle pas mieux qu'une vérité désespérante ? Plus : n 'existe-t-il pas des vérités nuisibles ? Ces interrogations posent un problème moral : n'y a-t-il pas des circonstances qui légitiment le droit de mentir ? En répondant à cette question, Kant s'oppose au philosophe français Benjamin Constant.
toujours à autrui : même si ce n’est pas à un autre homme, c’est à l’humanité en général, puisqu’il disqualifie la source du droit. »
Emmanuel Kant, «Sur le prétendu droit de mentir» (1797), in Théorie et Pratique, trad. L. Guillermit, Vrin, 1967.
 
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politiques, 	par 	BENJAMIN 	CONSTANT 	( ...
                                                            
                                                                                
                                                                    ), on 	lit 	ce 	qui 	suit: 	
''Le 	principe 	moral 	que 	dire 	la vérité 	est 	un 	devoir, 	s'il 	était 	
pris 	de 	manière 	absolue 	et isolée, 	rendrait 	toute 	société 	impos	
sible.
                                                            
                                                                                
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qu'a 	tirées 	de 	ce 	( ...
                                                            
                                                                                
                                                                    ) principe 	un 	philosophe 	allemand2 	qui 	va 	
jusqu'.à 	prétendre 	qu'envers 	des 	assassins 	qui 	vous 	demande	
raient 	si votre 	ami 	qu'ils 	poursuivent 	n'est 	pas 	réfugié 	dans 	votre 	
maison, 	le 	mensonge 	serait 	un 	crime." 	
Le 	philosophe 	français 	réfute 	ce 	principe 	de 	la 	manière 	
suivante: 	
"Dire 	la vérité 	est 	un 	devoir.
                                                            
                                                                                
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de 	devoir 	est 	inséparable 	de 	celle 	de 	droits 	: un 	devoir 	est 	ce 	
qui, 	dans 	un 	être, 	correspond 	aux 	droits 	d'un 	autre.
                                                            
                                                                                
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n'y 	a pas 	de 	droit, 	il n'y 	a pas 	de 	devoirs.
                                                            
                                                                                
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donc 	un 	devoir 	qu'envers 	ceux 	qui 	ont 	droit 	à la vérité.
                                                            
                                                                                
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homme 	n'a 	droit 	à la 	vérité 	qui 	nuit 	à autrui." 	
Il faut 	d'abord 	remarquer 	que 	l'expression: 	avoir 	droit 	à la 	
vérité, 	est 	dépourvue 	de 	sens.
                                                            
                                                                                
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a droit 	à sa 	propre 	VÉRACITÉ, 	c'est-à-dire 	à la 	vérité 	subjec	
tive 	dans 	sa 	personne 	( ...
                                                            
                                                                        
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La 	véracité 	dans 	les 	déclarations 	qu'on 	ne 	peut 	éluder 	est 	
le 	devoir 	formel 	de 	l'homme 	envers 	chacun, 	si grave 	soit 	le 	
préjudice 	qui 	puisse 	en 	résulter 	pour 	lui 	; et encore 	que 	je 	ne 	
commette 	aucune 	injustice 	à l'égard 	de 	celui 	qui, 	de 	façon 	
injuste, 	me 	force 	à faire 	des 	déclarations, 	en 	les 	falsifiant, 	je 	
n'en 	commets 	pas 	moins 	une 	injustice 	certaine 	à l'endroit 	de 	
la partie 	la plus 	essentielle 	du 	devoir 	EN 	GÉNÉRAL 	par 	une 	telle 	
falsification 	qui, 	de 	ce 	fait, 	peut 	également 	être 	appelée 	men	
songe( 	...
                                                            
                                                                                
                                                                    ): 	c'est-à-dire 	que 	je fais, 	autant 	qu'il 	dépend 	de 	moi, 	
que 	des 	déclarations 	de 	façon 	générale 	ne 	trouvent 	aucune 	
créance 	et 	que 	par 	suite 	aussi 	tous 	les 	droits 	qui 	sont 	fondés 	
sur 	des 	contrats 	deviennent 	caducs 	et perdent 	vigueur 	: ce 	qui 	
est 	une 	injustice 	commise 	à l'égard 	de 	l'humanité 	en 	général.
                                                            
                                                                                
                                                                    	
Ainsi, 	il suffit 	de 	définir 	le mensonge 	comme 	une 	déclara	
tion 	intentionnellement 	fausse 	et point 	n'est 	besoin 	d'ajouter 	
cette 	clause 	qu'il 	faut 	qu'elle 	nuise 	à autrui 	( ...
                                                            
                                                                                
                                                                    ) Car 	il nuit 	
2.
                                                            
                                                                                
                                                                    	Il s'agit 	de 	Kant 	lui-même, 	qui 	avait 	déjà 	soutenu 	sa position 	sur 	le mensonge 	dans 	la Doctrine 	de 	la Vertu, 	chap.
                                                            
                                                                                
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