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La vérité peut-elle être choisie ?

Publié le 27/02/2008

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a. Analyse : La vérité désigne la conformité de ce qu’on dit (l’énoncé) avec ce qui est (la réalité). Aussi met-elle toujours en jeu deux instances : d’une part, le sujet qui l’énonce, et d’autre part, l’objet énoncé. En un sens moral, on la comprend par opposition au mensonge, de même qu’en un sens épistémique elle s’oppose à la fausseté ou à l’erreur. Considérer que la vérité est l’objet d’un choix, c’est affirmer que le sujet peut se déterminer en faveur d’un énoncé vrai plutôt que d’un mensonge ou d’un énoncé faux. Nous dirons alors qu’il a choisi la vérité, c’est-à-dire ce qui correspond à la réalité. Mais cet acte de l’esprit, pour simple qu’il paraisse, suppose en réalité plusieurs moments : tout d’abord, l’esprit doit se représenter l’objet du choix sous la forme d’une alternative avec d’autres objets, ensuite, les soumettre à une délibération, enfin, décider de donner son assentiment à l’un d’eux. Ce dernier moment définit ce que l’on entend couramment par « choisir « : il s’agit de sélectionner délibérément un objet déterminé parmi une multiplicité d’objets représentés, et par conséquent d’écarter les autres.

b. Problématique : S’interroger sur la possibilité de choisir la vérité, c’est donc déterminer si elle est l’objet d’un acte délibéré du sujet, consistant à lui accorder sa préférence plutôt qu’au mensonge ou à la fausseté. Or, deux difficultés fondamentales surgissent lorsque l’on envisage ce problème :

1/ Au niveau épistémique : la vérité est la conformité d’un énoncé et d’une réalité. Ne doit-on pas considérer que cette réalité s’impose au jugement, sans possibilité de choix?

2/ Au niveau moral : la vérité n’est pas axiologiquement neutre, car elle est sous-tendue par un intérêt essentiel qui échappe à l’homme. Dès lors, comment pourrait-elle être l’objet d’un choix délibéré ?

 

« Cependant, ce choix est-il délibéré ? Ne suis-je pas contraint par la loi morale à dire la vérité, de même que par lacrainte de voir mon ami assassiné à dire le mensonge ? c.

La loi morale m'ordonne certes de choisir la vérité, plutôt que le mensonge, mais cet impératif ne doit pas êtreinterprété comme une contrainte.

En effet, cette dernière est toujours externe au sujet, comme dans le système dudroit par exemple.

Dans la législation morale, au contraire, c'est le sujet lui-même qui érige librement une loi enmaxime de son action.

Si le sujet peut choisir la vérité, c'est donc grâce à la liberté de déterminer son agir suivantsa propre loi. d.

Cependant, Kant ne soutient pas qu'il existe un droit objectif à la vérité, car elle ne dépend pas de la volonté du sujet, mais un droit à la véracité comme commandement inconditionnel de la raison.

C'est donc la véracité que le sujet moral choisit librement, en se donnant sa propre loi. III.

La vérité n'est pas l'objet d'un choix rationnel, mais d'un intérêt inconscient a.

Nos deux premières parties semblent recéler un présupposé sur la vérité, car celle-ci nous est apparue jusqu'àprésent comme donnée.

C'est ce présupposé qu'il nous faut maintenant questionner, car la vérité peut aussi bienêtre considérée comme résultant d'un processus d'élaboration, d'une construction sous-tendue par des intérêts oudes besoins qui nous échappent.

C'est à Nietzsche que l'on doit d'avoir porté le premier un regard suspicieux sur lavérité.

En effet, la vérité n'est pas axiologiquement neutre, mais elle incarne une valeur produite par l'homme.

Dèslors, savoir s'il est possible de choisir la vérité revient à se demander pourquoi cette valeur fait l'objet d'un choix, etquelle est la nature de ce choix. b.

Dans Par-delà bien et mal (§1-3), Nietzsche définit la vérité comme une erreur rattachée à un besoin, autrement dit l'évaluation nécessaire à la survie d'un certain type d'organisme. Puis, dans le Gai Savoir (§344), il montre que la morale est au fondement de la valorisation de la vérité ( GS, §344 ).

Il soumet deux hypothèses sur l'origine de la volonté de vérité : 1/ « je ne veux pas qu'on me trompe » , qui apparaît comme une hypothèse erronée reposant sur l'idée que l'erreur est dangereuse, alors que l'expérience montre qu'elle peut être bénéfique, 2/ « je ne veux pas tromper, pas même moi-même » , qui constitue la bonne hypothèse, car la dévalorisation de la tromperie par rapport à la vérité repose sur un choix de nature morale, et non épistémique. c.

La vérité apparaît donc comme l'objet d'un choix, qui recouvre deux aspects fondamentaux.

Tout d'abord, c'estun choix moral, alors que toute la tradition philosophique en faisait un choix de nature épistémique.

Ensuite, ce choixn'est pas le résultat d'une délibération rationnelle, mais d'un besoin du vivant à une certaine époque de sonévolution. Conclusion Au terme de notre réflexion, la vérité apparaît bien comme l'objet d'un choix, mais celui-ci semble échapper à ce quenous entendons couramment sous ce terme.

En effet, la vérité constitue fondamentalement une valeur, qui estchoisie comme telle par l'homme parce qu'il en éprouve le besoin.

On choisit la vérité en raison d'un intérêt vital, etnon de manière purement désintéressée comme le comprend la morale.

Dès lors, la vérité n'apparaît plus commequelque chose de choisi parmi une multiplicité de possibles faux ou mensongers, mais comme une élaboration choisiepar l'instinct.. »

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