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La vérité s'apprend-elle ?

Publié le 07/04/2005

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Autrement dit, la droiture de l'opinion, sur le plan pratique, n'est pas autre chose que la vérité de l'affirmation. Ce n'est que la pratique elle-même, c'est-à-dire le fait de se rendre à Larisse par la route conseillée par celui qui a une opinion, qui permet de vérifier la vérité de cette opinion. Dans notre perspective, le critère de vérité est la pratique elle-même, et non pas la simple considération des faits.     Transition : Si la vérité se vérifie par la pratique qui est son seul critère, alors chacun peut encore posséder sa vérité propre, si bien que celle-ci n'est plus universelle. Elle n'est donc plus une vérité, puisqu'elle ne se distingue pas  de l'opinion droite, comme le montre l'exemple du Ménon. Il nous faut alors examiner une autre conception que celle qui décrit la vérité en termes de correspondance.       III - La vérité s'enseigne mais ne s'apprend pas    Référence : Nietzsche   « A force de devoir désigner une chose comme "rouge", une autre comme " froide", une troisième comme "muette", s'éveille une proportion morale à la vérité : de l'opposition au menteur, à qui personne ne fait confiance, que tous excluent, l'homme tire pour lui-même la démonstration du caractère respectable, rassurant et utile de la vérité. Il place maintenant son action en tant qu'être "raisonnable" sous la domination des abstractions ; il ne souffre plus de se laisser emporter par les impressions soudaines, par les intuitions ; il invente de généraliser toutes ces impressions en des concepts plus pâles et plus froids, afin d'y accrocher le wagon de la vie et de son action. Tout ce qui distingue l'homme de l'animal dépend de cette capacité à subtiliser en un schéma les métaphores intuitives, donc à dissoudre une image dans un concept. Dans le domaine des ces schémas quelque chose en effet est possible qui ne pourrait jamais réussir au milieu des premières impressions intuitives : édifier un ordre pyramidal selon des castes et des grades, créer un monde nouveau de lois, de privilèges, de subordinations, de délimitations, qui fait face désormais à l'autre monde, intuitif, des premières impressions comme étant ce qu'il y a de plus stable, de plus général, de mieux connu, de plus humain, et donc en tant qu'instance régulatrice et impérative.

Analyse du sujet :

  • Le sujet prend la forme d'une question fermée, à laquelle il s'agira de répondre par « oui « ou « non « en conclusion, au terme d'une argumentation documentée.
  • La vérité s'oppose premièrement à la fausseté. Elle est universelle et ne se limite donc pas à une opinion.
  • Elle est avant tout une caractéristique du discours. Elle se distingue donc du fait qui n'est par lui-même ni vrai, ni faux. Une proposition, par exemple : « il pleut « peut être dite vraie ou fausse, selon que dans les faits, il pleuve ou non. La proposition n'est cependant pas vraie par elle-même : c'est son adéquation avec le fait dont elle rend compte qui constitue le critère de sa vérité. Elle pourra très bien être fausse demain, si pour reprendre notre exemple, il ne pleut pas demain.
  • On pourrait se demander si la proposition « 2 + 2 = 4 « n'est pas vraie par elle-même, contrairement à ce qu'on vient de dire. Elle n'est en fait vraie que sous certaines conditions : en base 3 par exemple, 2 + 2 = 1 donc la proposition « 2 + 2 = 4 « est fausse. Dans ce cas, c'est le contexte qui permet de déterminer s'il y a adéquation ou non.
  • Dans son emploi courant, la vérité semble également être une propriété des objets : elle est alors synonyme d'authenticité, par exemple lorsque nous parlons d'un vrai tableau, pour manifester le fait qu'il n'est pas une copie.
  • La vérité s'oppose enfin au mensonge. Elle est une valeur positive.
  • Le champ d'application de la notion n'est donc pas seulement la théorie de la connaissance mais aussi l'éthique. Le sujet peut donc se comprendre : peut-on apprendre à dire la vérité ?
  • On pourrait distinguer deux types d'apprentissage : l'apprentissage pratique qui consiste justement à pratiquer telle ou telle activité pour la maîtriser ; et l'apprentissage théorique, par exemple celui d'un théorème de mathématique, qui met en jeu la mémoire et la compréhension.

Problématisation :

Le premier problème concerne la possibilité d'un apprentissage de la vérité : si elle est une adéquation du discours à la réalité, apprendre la vérité revient alors à s'assurer que chaque proposition que nous émettons s'applique bien à la réalité. Mais comment s'assurer de cette correspondance ? Quel est le critère qu'il nous faudra apprendre si nous voulons apprendre la vérité ?

I - Quel critère apprendre pour s'assurer que nos propositions sont en accord avec la réalité ?

Même si nous possédions ce critère, un second problème se poserait :

II - posséder la vérité peut-il ou non se réduire au simple apprentissage par coeur d'un critère ?

« La connaissance de ce critère suffira-t-elle à m'apprendre des vérités particulières.

Si la vérité est adéquation,qu'est ce que me prouve que je peux produire un discours qui justement est en adéquation ? Référence : Platon, Le Ménon « SOCRATE – Je vais [te le] dire.

Si quelqu'un, connaissant la route de Larissa, ou d'où tu veux autre part, s'y rendait et y conduisait d'autres [personnes], que dire d'autre sinon qu'il conduirait droitement (orthôs) etheureusement ?MÉNON – Absolument. SOCRATE – Mais qu'en serait-il de quelqu'un se formant droitement (orthôs) une opinion sur quelle est cette route, bien que n'y étant jamais allé et n'en ayant nulle connaissance ? Celui-ci ne conduirait-il pas droitement (orthôs)aussi ?MÉNON – Absolument. SOCRATE – Et aussi longtemps donc, je suppose, qu'il aura une opinion droite sur ce dont l'autre [a] une epistèmèn, il ne sera en rien un guide inférieur, croyant vrai bien que n'usant pas de phronèsis, à celui qui use de phronèsis là-dessus ?MÉNON – En rien, certes. SOCRATE – Donc une opinion vraie, à l'égard de la rectitude de l'action, n'est en rien un guide inférieur à phronèseôs ; et c'est cela que nous avons tout à l'heure laissé de côté, dans l'examen, à propos de l'aretès, dugenre de chose qu'elle pourrait bien être, en disant que seule phronèsis conduit à agir droitement (orthôs) ; il yavait donc aussi une opinion vraie.MÉNON – Il semble bien. SOCRATE – En rien donc n'est moins bénéfique opinion droite qu'epistèmès.

» Platon montre que l'opinion droite est d'égale valeur pratique qu'une connaissance vraie : l'homme que sait quelleroute mène à Larisse mais est incapable d'expliquer pourquoi peut aussi bien conduire quelqu'un à Larisse quequelqu'un qui peut fournir des raisons.

Autrement dit, la droiture de l'opinion, sur le plan pratique, n'est pas autrechose que la vérité de l'affirmation.

Ce n'est que la pratique elle-même, c'est-à-dire le fait de se rendre à Larissepar la route conseillée par celui qui a une opinion, qui permet de vérifier la vérité de cette opinion.Dans notre perspective, le critère de vérité est la pratique elle-même, et non pas la simple considération des faits.

Transition :Si la vérité se vérifie par la pratique qui est son seul critère, alors chacun peut encore posséder sa vérité propre, sibien que celle-ci n'est plus universelle.

Elle n'est donc plus une vérité, puisqu'elle ne se distingue pas de l'opiniondroite, comme le montre l'exemple du Ménon .

Il nous faut alors examiner une autre conception que celle qui décrit la vérité en termes de correspondance.

III – La vérité s'enseigne mais ne s'apprend pas Référence : Nietzsche « A force de devoir désigner une chose comme "rouge", une autre comme " froide", une troisième comme "muette",s'éveille une proportion morale à la vérité : de l'opposition au menteur, à qui personne ne fait confiance, que tousexcluent, l'homme tire pour lui-même la démonstration du caractère respectable, rassurant et utile de la vérité.

Ilplace maintenant son action en tant qu'être "raisonnable" sous la domination des abstractions ; il ne souffre plus dese laisser emporter par les impressions soudaines, par les intuitions ; il invente de généraliser toutes ces impressionsen des concepts plus pâles et plus froids, afin d'y accrocher le wagon de la vie et de son action.

Tout ce quidistingue l'homme de l'animal dépend de cette capacité à subtiliser en un schéma les métaphores intuitives, donc àdissoudre une image dans un concept.

Dans le domaine des ces schémas quelque chose en effet est possible qui nepourrait jamais réussir au milieu des premières impressions intuitives : édifier un ordre pyramidal selon des castes etdes grades, créer un monde nouveau de lois, de privilèges, de subordinations, de délimitations, qui fait facedésormais à l'autre monde, intuitif, des premières impressions comme étant ce qu'il y a de plus stable, de plusgénéral, de mieux connu, de plus humain, et donc en tant qu'instance régulatrice et impérative.

» Selon Nietzsche, la vérité ne peut s'opposer qu'au mensonge et en aucune manière à la fausseté.

Il n'y a pas devérité en-soi.

Il ne s'agit donc jamais d'atteindre la vérité en recherchant une quelconque correspondance.

Aucontraire, la vérité peut seulement être imposée à autrui.

Comment ? En en faisant une valeur, c'est-à-dire enl'opposant au mensonge.

Imposer une vérité, cela revient alors à dire : ce que je dis est vrai, vous seriez unmenteur de prétendre le contraire.

Et c'est parce que le mensonge est une valeur négative que la vérité peuts'imposer.

Conclusion :. »

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