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La vieille est ses servantes

Publié le 22/05/2013

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Jean de la Fontaine est connu pour ses fables bien qu’il s’illustre dans plusieurs genres littéraires prisés du Classicisme auquel il appartient : théâtre et poésie notamment. Le public retient surtout ses Fables, dont la publication s’étale sur près d’un quart de siècle, et qui s’inscrivent dans l’art de l’apologue. La fable « la vieille et ses deux servantes « à la fin du premier des trois recueils de Fables consiste bien en une leçon déguisée, séduisant le lecteur pour mieux le persuader. Il s’agit en effet dans cette fable de montrer les stratégies et les arrangements conduisent souvent à des maux bien plus grands et à des conséquences plus terribles encore, et la sagesse est encore d’accepter son sort. Déterminons en quoi cette fable vérifie bien son projet éducatif. Pour cela voyons d’abord qu’elle assume un côté didactique et volontiers donneur de leçon, mais aussi qu’elle ne se dispense pas d’être plaisante et divertissante en se donnant tous les moyens de séduire son lecteur.                                 Etudions d’abord la vocation didactique de cette fable. Cet...

« l'emploi de l'alexandrin et ce, dès le vers liminaire (« Il était une vieille/ ayant deux chambrières ») mais aussi le recours à des références savantes : le fabuliste n'est pas qu'un simple amuseur, il est avant tout un érudit et un professeur, maniant aussi bien les références historiques (avec l'Antiquité de Phébus et Thétis) que géographiques (« Charybde », « Sylla » au vers de clôture). Enfin, la fable prétend à l'universalité : les personnages n'ont aucune personnalité propre et ne sont que des catégories désignées par caractéristiques vagues, générationnelles ou sociales (« la vieille », « les servantes »). Quant à la portée du récit, elle se veut universelle ce que prouve l'énonciation, qui englobe la communauté des lecteurs au moyen du pronom indéfini neutre « on » et du présent de vérité générale auquel personne n'échappe : « quand on pense [... ]» .                                 Pour autant, faire « la leçon » ne se passe pas de divertissement dans le cadre d'un apologue, notamment à des fins stratégiques.

Instruire au 17e siècle, cela signifie aussi  plaire au lecteur qu'il faut amadouer ou bien toucher ou bien distraire pour mieux l'infléchir.

Ce texte est donc avant tout persuasif,  grâce à un rythme entrainant, grâce à un art de la mise en scène et grâce à un aspect affectif donné à ce texte où le locuteur ne se prive pas de juger ce qu'il raconte, donnant ainsi à l'anecdote un aspect familier. Tout est fait pour que le lecteur ne s'ennuie pas et soit donc d'autant mieux persuadé.

L'alternance mètre court/ mètre long (vers liminaire: alexandrin le mètre noble, mais vers final en octosyllabe, mètre épique par excellence), l'alternance rimes suivies (« par là/Scylla ») et rimes croisées (« affaire »/ « salaire » et « souvent »/ « avant » en fin de fable) rendent la fable moins monotone.

En outre des effets de parallélisme (« de tout leur pouvoir/de tout leur appétit) ou d'anaphore (« Dès que Thétis/ dès que l'Aurore) relancent le rythme et habituent l'oreille du lecteur qui entre ainsi sans s'en rendre compte dans l'histoire. La leçon est mise en scène, rendue vivante bien que le récit ne passe jamais au présent de narration ; le poète reste bien au duo passé simple-imparfait pour son récit, mais entrecoupe ce dernier de moments de discours, directs, plus vivants ; le verbe de parole ouvre même le vers où le discours direct fait irruption dans le récit : « Disaient entre leurs dents : [...] » comme pour souligner encore plus l'animation soudaine de ce récit. Pour finir, ce texte ne reste pas une leçon sacrée qui pèserait, désincarnée et froide, sentencieuse et lointaine sur le lecteur.

Bien au contraire, cette fable se veut proche du lecteur et notamment parce que l'implication de. »

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