Devoir de Philosophie

La volonté est-elle complice ou maîtresse du désir?

Publié le 10/03/2005

Extrait du document

Il semble alors normal de concevoir une hiérarchie entre les deux, et de penser la volonté comme supérieure au désir puisqu'elle nous permet de le contrôler, de le maîtriser. La volonté émane de la raison, tandis que le désir est le produit du corps. Or la philosophie, depuis Platon, a tendance à considérer la raison comme plus noble que le corps. Pour Kant, la raison doit guider toute action de l'homme et donc être maître de tout désir. [Kant, Métaphysique des Moeurs.]

B)    Pour Hume, la volonté n'est qu'une complice du désir dans le sens où je désire d'abord, puis je veux les moyens pour parvenir à répondre au désir. La raison ne permet donc que de calculer de manière la plus efficace les moyens nécessaires à une fin posée par le désir. [Hume, Traité de la nature humaine.]  

III) Peut-on sortir de la hiérarchie entre le désir et la volonté ?  

A)    Sortir de cette hiérarchie équivaudrait à renouer le désir et la volonté ; sortir du rapport de maîtrise ou de complicité mais les mettre sur un pied d'égalité et faire de l'un l'amant de l'autre ; faire de la volonté la maîtresse du désir.

Désir et volonté forment un tout: fuir la douleur, obtenir le plus de satisfactions. Pour cela, le désir a besoin de cette force agissante que représente la volonté.

MAIS...

La volonté n'est ni libre ni morale tant qu'elle demeure la complice du désir. Elle doit en être la maîtresse, cad qu'elle doit le dominer, mais si c'est bien lui qui, en tout premier lieu, la motive.

« que les motifs de l'action sont parfaitement extérieurs à la raison. « Premièrement (que) la raison ne peut être à elle seule un motif pour un acte volontaire et deuxièmement(qu') elle ne peut jamais combattre la passion sans la direction de la volonté.

»Car « le domaine propre (de la raison) est le monde des idées et la volonté nous place toujours dans lemonde des réalités.

»La raison porte sur des idées, c'est-à-dire pour Hume des copies, des images des choses, desreprésentations inertes.

La raison calcule, cherche les « causes » et les « effets », mais ne possède aucundynamisme propre à en faire un motif d'action : nous ne sommes pas avec elle dans « le monde des réalités».Par contre, notre action peut être guidée par le souci d'éviter une douleur ou d'éprouver un plaisir.

Nouséprouvons alors désir ou aversion, c'est-à-dire des passions, qui, elles, nous poussent à chercher l'objet ou àle fuir.

La raison peut alors intervenir pour rechercher comment (par exemple) fuir ou chercher.

« Maisévidemment, dans ce cas, l'impulsion ne naît pas de la raison qui la dirige seulement.

» La thèse est très forte puisqu'elle va jusqu'à affirmer que notre volonté de savoir ne prend source que dansla passion, dans l'intérêt affectif que nous pouvons avoir.

La raison est toujours seconde.

C'est parce que lesobjets nous affectent (nous touchent, nous font éprouver plaisir ou peine) que nous désirons, ensuite, lesconnaître. « Cela ne pourrait nous intéresser le moins du monde de savoir que tels objets sont des causes et tels autresdes effets, si les causes et les effets nous étaient égale¬ment indifférents.

»La raison appartenant au monde des idées, des représentations, etc.

est un monde « inerte » et quasiindifférent, qui ne reçoit son intérêt que d'ailleurs : des passions.

Par suite, ce n'est pas la raison qui me dirasi je dois: «préférer la destruction du monde à une égratignure de mon doigt » ou choisir « de me ruinertotalement pour prévenir le moindre malaise d'un Indien ou d'une autre personne complètement inconnue demoi ». Hume l'énonce avec la plus grande clarté : « Puisque la raison à elleseule ne peut jamais produire une action, ni engendrer une volition, jeconclus que la même faculté est aussi incapable d'empêcher unevolition ou de disputer la préférence à une passion ou à une émotion[...] Rien ne peut s'opposer à une impulsion passionnelle, rien ne peutretarder une impulsion passionnelle qu'une impulsion contraire [...]Nous ne parlons ni avec rigueur ni philosophiquement lorsque nousparlons du combat de la passion et de la raison.

»Il est donc clair que : « La raison est, et ne peut être que l'esclavedes passions; elle ne peut prétendre à d'autre rôle au 'à les servir et àleur obéir.

»D'où vient la conception inverse ? L'illusion que la raison peutcombattre la passion, la vaincre ? D'une part on peut redouter ou espérer une chose qui en fait n'existepas.

Nos passions peuvent donc être fondées sur de faussessuppositions, lin ce sens, la raison peut effectivement dévoiler l'erreur,et la passion cesse.

Si je désire un fruit croyant qu'il est bon et qu'onm'assure qu'il a un goût exécrable, je cesse de le désirer.

D'autre partune passion peut choisir des moyens erronés pour se satisfaire, et laraison le dévoiler.

Mais c'est en ces deux sens seulement qu'on pourradire qu'une passion est déraisonnable.

Encore faut-il reconnaître quel'erreur n'est pas dans la passion, mais dans le jugement qui l'accompagne (ce fruit est bon, ces moyens sontadéquats).L'intérêt de la thèse de Hume n'est pas seulement de nous débarrasser d'un préjugé commun.

Il réside dansune opposition que Kant gardera en mémoire : la raison théorique est extérieure à la morale.

Ce n'est pas laconnaissance pure qui peut nous pousser à agir.

L'action a des motifs propres.

Pour Hume, il s'agit de direque ce qui me pousse à agir est toujours un intérêt, une situation qui m'affecte.

C'est parce que les chosesne nous sont pas indifférentes, et ici affectivement indifférentes, qu'ensuite nous cherchons à les connaître,L'action prend sa source dans les situations vécues, la porte sur la représentation « indifférente » deschoses. Hume est connu comme celui qui a réveillé Kant de son «sommeil dogmatique ».

Lorsque Kant dira que « le"fait d'être connu ne confère au monde aucune valeur », il se souviendra de la leçon humienne.

La raisonthéorique est extérieure à la morale et ne donne aucun motif suffisant d'action.

Mais Kant découvrira unusage pratique de la raison, qui nous «intéresse» au premier chef, et un motif rationnel de l'action : lerespect de la loi morale. Quand Hume déclare : « Il n 'est vas contraire à la raison de préférer la destruction du monde à uneégratignure de mon doigt», il veut montrer que ce qui nouspousse à agir n'est pas de l'ordre de la pure connaissance, mais relève des choix que j'opère dans une. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles