L'amitié et la connaissance de soi
Publié le 07/11/2012
Extrait du document
«
Aristote commence sa réflexion sur la question de la connaissance de soi en rappelant deux choses : la
difficulté et le plaisir qu'on éprouve à parvenir à une réelle connaissance de soi.
Cela semble plutôt
paradoxal.
Première caractéristique de la connaissance de soi : sa difficulté.
Si l'on en croit Aristote, « apprendre à se
connaître est très difficile ».
En disant cela, il ne part pas d'une vérité du sens commun : spontanément,
n'aurions-nous pas tendance à dire que la connaissance de soi est ce qu'il y a de plus aisé, qu'on se connaît
sans avoir besoin d'apprendre à se connaître ? - depuis le temps qu'on se fréquente, ne savons-nous pas
parfaitement quels sont nos goûts, nos qualités et nos défauts, nos convictions ? Ne savons-nous pas
parfaitement de quoi nous sommes capables ? Mais ce que dit Aristote se défend : si l'on se connaissait si
bien que cela, comment se ferait-il que nous ayons parfois des comportements complètement inattendus,
dont nous ne nous serions jamais crus capables ? Et comment se ferait-il que nos goûts et nos convictions
changent, sans que nous ayons pensé un seul instant que nous deviendrions ainsi avec le temps ? Ce que dit
Aristote se défend d'autant plus si l'on se rappelle que la connaissance de soi signifie plus qu'être
simplement capable de faire l'inventaire de nos goûts, de nos qualités et nos défauts... ; au sens plein, la
connaissance de soi désigne la maîtrise de soi et la sagesse, c'est le but que se proposait Socrate.
Il voulait
dire : être capable de s'examiner tel qu'on est, de se juger en fonction de nos valeurs, puis de réfléchir sur nos
valeurs et de nous perfectionner.
Une telle démarche n'a rien de facile.
C'est le travail de toute une vie.
Deuxième caractéristique de la connaissance de soi : son plaisir.
« Quel plaisir de se connaître ! », affirme
Aristote.
Quel plaisir éprouve-t-on à progresser dans la connaissance de soi ? Aristote pense sans doute à la
satisfaction qu'éprouve celui qui découvre peu à peu le sens de ses réactions, qui apprend à se maîtriser.
Satisfaction de mieux s'appartenir.
Partir à la découverte de nous-mêmes, c'est peut-être ce qu'il y a de plus
intéressant à faire, car c'est tout de même nous qui menons notre existence, car c'est tout de même à nous
que nous nous intéressons le plus.
Nous sommes à nous-mêmes notre centre d'intérêt privilégié.
Connaître
l'histoire, les mathématiques, la formation de l'univers, la nature de la lumière et bien d'autres choses, cela
peut nous procurer un réel plaisir intellectuel ; mais il y a toujours un côté gratuit dans la connaissance des
ces choses qui restent extérieures à nous.
Tandis que connaître notre intériorité, c'est connaître ce qui a.
»
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