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l'amour donne-t-il accès a la compréhension d'autrui ou constitue-t-il un obstacle ?

Publié le 21/10/2005

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amour

Si l'on examine la question du point de vue de la raison et non de celui de l'intuition, il semble qu'autrui se trouve toujours à une certaine distance de nous, et que la compréhension totale que l'on pense posséder à son égard ne soit qu'une intuition fausse, gommant son altérité. Si l'on pousse plus loin cela, l'amour nous semble donner accès à la compréhension d'autrui, mais en réalité la compréhension d'autrui que nous croyons atteindre grâce à l'amour est illusoire, si bien que l'amour joue finalement un rôle d'obstacle - dont nous n'avons pas nécessairement conscience.   * La notion de compréhension d'autrui n'est peut-être pas pertinente pour qualifier la relation d'amour à l'autre.   Sartre, L'Être et le Néant   « En soi Autrui-objet n'a jamais assez de force pour occasionner l'amour. Si l'amour a pour idéal l'appropriation d'autrui en tant qu'autrui, c'est-à-dire en tant que subjectivité regardante, cet idéal ne peut être projeté qu'à partir de ma rencontre avec autrui-sujet, non avec autrui-objet. La séduction ne peut parer autrui-objet qui tente de me séduire que du caractère d'objet précieux « à posséder «; elle me déterminera peut-être à risquer gros pour le conquérir; mais ce désir d'appropriation d'un objet au milieu du monde ne saurait être confondu avec l'amour. L'amour ne saurait donc naître chez l'aimé que de l'épreuve qu'il fait de son aliénation et de sa fuite vers l'autre. Mais, de nouveau, l'aimé, s'il en est ainsi, ne se transformera en amant que s'il projette d'être aimé, c'est-à-dire si ce qu'il veut conquérir n'est point un corps mais la subjectivité de l'autre en tant que telle. Le seul moyen, en effet, qu'il puisse concevoir pour réaliser cette appropriation, c'est de se faire aimer. Ainsi nous apparaît-il qu'aimer est, dans son essence, le projet de se faire aimer.

Donner à accès à quelque chose, c'est permettre de trouver cette chose, l'amour est donc ici interrogé en tant que cause probable d'une autre chose, qui est la compréhension d'autrui.

La notion de compréhension renferme une certaine rationalité : comprendre n'est pas saisir par l'intuition mais saisir par la raison. Cela contrevient peut-être à l'aspect intuitif et passionnel de l'amour, qui inhibe peut-être la raison au profit d'autres modes – peut-être d'ailleurs illusoires – de saisie de l'autre. Autrui est ici l'être aimé, mais peut-être aussi l'ensemble des autres personnes, comme si l'amour permettait une plus grande compréhension de tout être.

Constituer un obstacle enfin, c'est empêcher l'accès à une chose : les deux branches de l'alternative posée par le sujet sont donc clairement antithétiques.

Si on définit l'amour comme une affection réciproque (en principe) entre deux personnes incluant aussi bien la tendresse que l'attirance physique, alors vous voyez que l'amour est du domaine de la passion. La passion amoureuse consiste alors à consacrer tout son intérêt, toute son attention et tout son temps à l'objet de sa passion, celle-ci semble à même de favoriser notre compréhension de l'autre. Cependant, la compréhension ne consiste pas simplement à porter son attention vers un objet, montrez en effet que la compréhension vise la connaissance et exige une démarche rationnelle et méthodique. Or la passion n'est-elle pas précisément l'absence de raison ? Montrez donc que la passion devient alors un obstacle à une telle connaissance, être exempt de passion serait donc bien la meilleure voie pour comprendre autrui. Remarquez alors qu'autrui n'est pourtant pas tout à fait un objet comme les autres, en distinguant la compréhension d'une connaissance désintéressée et rationnelle (sans doute impossible pour autrui...), demandez-vous ainsi si l'idéal de compréhension, n'exige pas au contraire de l'affectivité, de l'intuition et plutôt qu'un désintérêt une certaine forme de désir. Ne faudrait-il donc pas être passionné pour vraiment comprendre autrui ? Autrement dit, il faut aimer autrui, mais cet amour n'est pas l'amour fou qui nous aveugle, mais l'amour bienveillant qui permet d'accueillir autrui en le laissant être.

 

 

  • I) L’amour Agapè comme condition nécessaire à la compréhension de l’autre:

 

  • II) la clôture des consciences ne peut être brisée: l’amour comme obstacle:

 

  • III) L’amour donne accès à la compréhension d’autrui, à condition d’entendre la « compréhension « non plus comme la saisie d’une intériorité, mais comme la construction d’un projet commun.

 

 

 

amour

« rien faire l'une sans l'autre.

Quand l'une des deux moitiés périssait, celle qui subsistait en cherchait une autre, àlaquelle elle s'unissait de nouveau, soit que ce fût la moitié d'une femme entière, ce que nous appelons maintenantune femme, soit que ce fût une moitié d'homme : et ainsi la race allait s'éteignant.

Jupiter, ému de pitié, imagine unautre expédient : il met par-devant les organes de la génération, car auparavant ils étaient par derrière : onconcevait et l'on répandait la semence, non l'un dans l'autre, mais à terre, comme les cigales.

Jupiter mit donc lesorganes par-devant, et, de cette manière, la conception se fit par la conjonction du mâle et de la femelle.

Alors sil'union se trouvait avoir lieu entre l'homme et la femme, des enfants en étaient le fruit, et, si le mâle venait à s'unirau mâle, la satiété les séparait bientôt, et les renvoyait à leurs travaux et aux autres soins de la vie.

De là vientl'amour que nous avons naturellement les uns pour les autres : il nous ramène à notre nature primitive, il fait toutpour réunir les deux moitiés et pour nous rétablir dans notre ancienne perfection.

Chacun de nous n'est donc qu'unemoitié d'homme qui a été séparée de son tout de la même manière qu'on coupe une sole en deux.

Ces moitiéscherchent toujours leurs moitiés.

Les hommes qui proviennent de la séparation de ces êtres composés qu'on appelaitandrogynes aiment les femmes ; et la plupart des adultères appartiennent à cette espèce, à laquelle appartiennentaussi les femmes qui aiment les hommes et violent les lois de l'hymen.

Mais les femmes qui proviennent de laséparation des femmes primitives ne font pas grande attention aux hommes, et sont plus portées vers les femmes :à cette espèce appartiennent les tribades.

De même, les hommes qui proviennent de la séparation des hommesprimitifs recherchent le sexe masculin.

Tant qu'ils sont jeunes, ils aiment les hommes : ils se plaisent à coucher aveceux et à être dans leurs bras : ils sont les premiers parmi les adolescents et les adultes, comme étant d'une naturebeaucoup plus mâle.

C'est bien à tort qu'on les accuse d'être sans pudeur, car ce n'est pas faute de pudeur qu'ilsagissent ainsi ; c'est parce qu'ils ont une âme forte, un courage mâle et un caractère viril qu'ils recherchent leurssemblables : et ce qui le prouve, c'est qu'avec l'âge ils se montrent plus propres que les autres à servir l'État.Devenus hommes, à leur tour ils aiment les jeunes gens ; et s'ils se marient, s'ils ont des enfants, ce n'est pas quela nature les y porte, c'est que la loi les y contraint.

Ce qu'ils aiment, c'est de passer leur vie les uns avec lesautres dans le célibat.

Que les hommes de ce caractère aiment ou soient aimés, leur unique but est de se réunir àqui leur ressemble.

Lorsqu'il arrive à celui qui aime les jeunes gens ou à tout autre de rencontrer sa moitié, lasympathie, l'amitié, l'amour les saisit l'un et l'autre d'une manière si merveilleuse qu'ils ne veulent plus en quelquesorte se séparer, fût-ce pour un moment.

Ces mêmes hommes, qui passent toute la vie ensemble, ils ne sauraientdire ce qu'ils veulent l'un de l'autre ; car, s'ils trouvent tant de douceur à vivre de la sorte, il ne paraît pas que lesplaisirs des sens en soient la cause.

Évidemment leur âme désire quelque autre chose qu'elle ne peut exprimer, maisqu'elle devine et qu'elle donne à entendre.

Et quand ils sont couchés dans les bras l'un de l'autre, si Vulcain, leurapparaissant avec les instruments de son art, leur disait : « O hommes, qu'est-ce que vous demandezréciproquement ? » et que, les voyant hésiter, il continuât à les interroger ainsi : « Ce que vous voulez, n'est-cepas d'être tellement unis ensemble que ni jour ni nuit vous ne soyez jamais l'un sans l'autre ? Si c'est là ce que vousdésirez, je vais vous fondre et vous mêler de telle façon que vous ne serez plus deux personnes, mais une seule, etque, tant que vous vivrez, vous vivrez d'une vie commune, comme une seule personne, et que, quand vous serezmorts, là aussi, dans la mort, vous serez réunis de manière à ne pas faire deux personnes, mais une seule.

Voyezdonc encore une fois si c'est là ce que vous désirez, et ce qui peut vous rendre parfaitement heureux ? » oui, siVulcain leur tenait ce discours, il est certain qu'aucun d'eux ne refuserait ni ne répondrait qu'il désire autre chose,persuadé qu'il vient d'entendre exprimer ce qui de tout temps était au fond de son âme : le désir d'être uni etconfondu avec l'objet aimé de manière à ne plus former qu'un seul être avec lui.

La cause en est que notre natureprimitive était une, et que nous étions un tout complet.

On donne le nom d'amour au désir et à la poursuite de cetancien état.

Primitivement, comme je l'ai déjà dit, nous étions un ; mais depuis, en punition de notre iniquité, nousavons été séparés par Jupiter, comme les Arcadiens par les Lacédémoniens (12).

Nous devons donc prendre garde àne commettre aucune faute contre les dieux, de peur d'être exposés à une seconde division et de devenir commeces figures représentées de profil dans les bas-reliefs, qui n'ont qu'une moitié de visage, ou comme des dés coupésen deux (13).

Il faut donc que tous tant que nous sommes nous nous exhortions mutuellement à honorer les dieux,afin d'éviter un nouveau châtiment et de revenir à notre unité primitive, sous les auspices et la conduite de l'Amour.Que personne ne se mette en guerre avec l'Amour ; or, c'est se mettre en guerre avec lui que de s'attirer la hainedes dieux.

Tâchons donc de mériter la bienveillance et la faveur de ce dieu, et il nous fera retrouver l'autre partie denous-mêmes, bonheur qui n'arrive aujourd'hui qu'à très-peu de gens.

Qu'Éryximaque ne s'avise pas de critiquer cesdernières paroles, comme si elles faisaient allusion à Pausanias et à Agathon ; car peut-être sont-ils de ce petitnombre, et appartiennent-ils l'un et l'autre à la nature masculine.

Quoi qu'il en soit, je suis certain que nous seronstous heureux, hommes et femmes, si, grâce à l'Amour, nous retrouvons chacun notre moitié, et si nous retournons àl'unité de notre nature primitive.

Or, si cet ancien état est le meilleur, nécessairement celui qui en approche le plusest, dans ce monde, le meilleur : c'est de posséder un bien-aimé selon ses désirs.

Si donc nous devons louer le dieuqui nous procure ce bonheur, louons l'Amour, qui non-seulement nous sert beaucoup en cette vie en nousconduisant à ce qui nous est propre, mais encore nous donne les plus puissants motifs d'espérer que, si nousrendons fidèlement aux dieux ce qui leur est dû, il nous rétablira dans notre première nature après cette vie, guériranos infirmités et nous donnera un bonheur sans mélange.

» On retrouve là l'idée courante que l'amour nous permet enfin d'abolir la distance avec l'autre, de fusionner avecl'intime de son être.

L'autre n'est plus un inconnu, un ennemi potentiel.

Il devient mon semblable, un autre-moi.

Lesamoureux ne rêvent que de l'unité enfin possible, ce que la sexualité semble leur confirmer.

L'amour est aussiconnaissance de l'autre : c'est une connaissance concrète et affective, ce n'est pas une connaissanceintellectuelle.

Mais cette connaissance concrète et affective ne correspond peut-être pas à une compréhension,notion qui suppose une certaine rationalité, à moins de former le concept d'une compréhension intuitive.

* L'impossibilité de la fusion réelle et le problème de l'altérité, qui constitue un obstacle à lacompréhension d'autrui. »

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