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L'art doit-il être plaisant ?

Publié le 06/12/2015

Extrait du document

L artiste, tout en créant une réalité spirituelle, doit s'efforcer de plaire, à travers

le cheminement qui l'entraîne j usqu'à l'Idée du Beau. Quand nous contemplons

un tableau de Klimt, la forme japonisante et les mosaïques dorées nous

charment et nous conduisent, progressivement, j usqu'à ce Beau fondateur de

l'humain. De même, Des Esseintes, dans À Rebours, de Huysmans, chemine de

l'esthétique de la séduction jusqu'à une profonde réalité spirituelle, quasi mystique

en son fond.

Ne méprisons donc en aucun cas la fête des sens et de la séduction, quand il

s'agit de l'art : << Le premier mérite d'un tableau est d'être une fête pour l'oeil

[ . . .] . Beaucoup ont l'oeil faux ou inerte ; ils voient littéralement les objets, mais

l'exquis, non. » (Eugène Delacroix, << Réflexion du 22 juin 1863 », in Delacroix,

les dernières années, Petit journal n° 298, p. 1 4)

« 1) Introduction Celui qui produit une œuvre en exprimant un idéal de beauté est-il dans l'obli­ gation d'agir agréablement sur les sens, de charmer ces derniers, de séduire l'au­ diteur ou le spectateur ? Les fascinera-t-il par la production de formes agréab les ? Est-il nécessaire de passer par la médiation de cette séduction sensible? Te l est le sens de l'intitulé du sujet.

Qu elle est l'essence de l'art? Visée d'un beau transcendant ou immersion dans le sensible ? Joie désintéressée et pure ou expérience phénoménale ? Le pro­ blème est de savoir si une idéalité meut la sphère artistique, si l'art est création d'une réalité spirituelle.

D'où un gain de pensée puisque l'artiste est interprété et saisi, en son projet dynamique.

l) Discussion A.

L'artiste doit chercher à plaire (thèse) Pourquoi l'artiste devrait-il chercher à plaire ? Pourquoi cette obligation ? Pris dans l'univers tragique qui est sien, confronté à la dureté de l'expérience, modelé par la finitude, le temps et la mort, l'homme cherche, en quelque sorte, une soupape de sûreté.

Ne lui faut-il pas écarter -ne fût-ce que provi soirem ent­ la contemplation du fond du réel ? Si la quotidienneté est tissée de violence, de conflits, structurée par la temporalité finie, si la finitude angoisse l'homme, alors un univers d'illusions sensibles peut charmer, séduire, attirer celui qui so uffre.

Ici se précise la tâche de l'artiste.

Il doit plaire, divertir, créer des illu­ sions agréables.

Dans quel but ? Pour illuminer le réel et mettre à distance le · négatif , la violence, la mort, en bref tous les aspects tragiques de la condition humaine.

Cette esthétique de la séduction est présente dans la peintu re ou la musique.

En peinture, les petits maîtres du XVIII' siècle nous entraînent dans les figures élégantes du charme.

Au XX' siècle, Raoul Dufy et ses représentations plaisantes, Va n Dongen et ses portraits de mondains 1930 rentrent en partie dans ce type d'esthétique.

Et la musique ? Le jeune Mozart cherche à plaire, mais le vrai Mo­ zart nous fait pénétrer bien au-delà.

Au XX' siècle, Richard Strauss n'échappe pas à l'esthétique de la séduction et ses lieder, parfois, nous charment à travers la voix de telle soprano.

Et Rossini ? Son Stabat mater est enroulement volup­ tueux, où le tragique se transmute en permanence en séduction.

De ce point de vue, il rappelle l'esthétique baroque du Bernin, où le savoir-f aire artistique se veut séduction et enchevêtrement des formes, pour que la Contr e-Réforme religieuse l'emporte sur la Réf orme, et ce grâce à la volonté de plaire.

Tr ansition :Cartiste n'est-il vraiment qu'un simple fabricant d'ill�sions sensibles ? S'il n'est que ce charmeur, pourquoi l'art tiendrait-il une telle place dans notre vie? Pour­ quoi l'art se présenterait-il comme un itiné raire de salut ? App ales bas 99 1 Phj!osophje La pratique et les fins 89. »

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