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l'art doit-il s'intéresser à la laideur ?

Publié le 22/10/2005

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En examinant de près le contenu du beau naturel, le Soleil, par exemple, on constate qu'il constitue un moment absolu, essentiel, dans l'existence, dans l'organisation de la nature, tandis qu'une mauvaise idée est quelque chose de passager et de fugitif. Mais, en considérant ainsi le Soleil du point de vue de sa nécessité et du rôle nécessaire qu'il joue dans l'ensemble de la nature, nous perdons de vue sa beauté, nous en faisons pour ainsi dire abstraction, pour ne tenir compte que de sa nécessaire existence. Or, le beau artistique n'est engendré que par l'esprit, et c'est en tant que produit de l'esprit qu'il est supérieur à la nature. Il est vrai que «supérieur» est un qualificatif vague. Aussi bien, en disant que le beau artistique est supérieur au beau naturel convient-il de préciser ce que nous entendons par là ; le comparatif « supérieur» ne désigne qu'une différence quantitative ; autant dire qu'il ne signifie rien. Ce qui est au-dessus d'une autre chose ne diffère de cette autre chose qu'au point de vue spatial et peut lui être égal par ailleurs. Or, la différence entre le beau artistique et le beau naturel n'est pas une simple différence quantitative. Le beau artistique tient sa supériorité du fait qu'il participe de l'esprit et, par conséquent, de la vérité, si bien que ce qui existe n'existe que dans la mesure où il doit son existence à ce qui lui est supérieur et n'est ce qu'il est et ne possède ce qu'il possède que grâce à ce supérieur. Le spirituel seul est vrai. Ce qui existe n'existe que dans la mesure où il est spiritualité.

« Quelle vanité que la peinture qui attire notreadmiration par laressemblance des chosesdont on n'admire point lesoriginaux.

(Pensées) Pascal reprend ici l'idée antique, contestéeaujourd'hui, que l'art imite la nature.

Or si on imitede mauvais modèles, doit-on admirer la copie sousle simple prétexte que l'imitation est fidèle àl'original ? La critique pascalienne se situe surtoutau plan moral.

L'artiste doit-il représenter dessujets immoraux ? Cette critique de l'art, classique,est d'inspiration platonicienne. L'art ne doit pas imiter la laideur de la natureHegel rompt avec Kant, pour qui la beauté naturelle tient une largepart.

La contemplation de la belle nature accordemystérieusement l'imagination et l'entendement.

Hegel rejette la beauténaturelle, car la beauté artistique étant un produit de l'esprit lui estnécessairement supérieure.

C'est pour nous et non en soi et pour soiqu'un être naturel peut être beau.

L'imitation de la nature n'est doncpas de l'art, tout au plus un exercice d'habileté, par lequel on imite leCréateur.

Il y a plus de plaisir à fabriquer des outils ou des machinesqu'à peindre un coucher de soleil.

La valeur de l'art est tout autre :c'est l'esprit à l'oeuvre, qui s'arrache de la nature en la niant.

Au moyende l'art, l'homme se sépare de la nature et se pose comme distinct.L'art peut donc faire l'objet d'une science, pense Hegel, il suffit d'enmontrer la nécessité rationnelle dans l'histoire de l'humanité.

L'oeuvred'art ne décrit pas une réalité donnée, elle n'est pas faite pour notreplaisir, mais l'art est en son essence une intériorité qui cherche às'exprimer, à se manifester ; c'est un contenu qui cherche une forme,un sens qui veut se rendre matériel.

On ne peut le condamner pour sonapparence, car il faut bien à la vérité une manière de se montrer.

L'artétant historiquement la première incarnation de l'esprit, il se confondd'abord à la religion : la religion grecque est l'art grec lui-même.

Ce sontHomère et Hésiode qui ont inventé les dieux grecs.

Cet âge d'or de l'art, que Hegel définit comme "classique", sera dépassé par l'art romantique avec l'apparition du christianisme.

Lareligion chrétienne est essentiellement anthropomorphique : le divin est le Christ, soit une pure individualitécharnelle, qui a souffert et qui est morte en croix.

Seul l'art peut ici donner une représentation charnelle de cedivin, dont le passage historique a été fugitif, et si l'art est mort dans notre société moderne, c'estprobablement pour la raison que la spiritualité chrétienne ne suffit plus tout à fait aux besoins de l'esprit. Le beau est une idée, soit l'unité d'un concept et de la réalité.

Le concept est l'âme tandis que la réalité enest l'enveloppe charnelle.

Le beau est donc la manifestation sensible de cette unité ; il exprime uneréconciliation.

Il est naturel qu'il échappe à l'entendement qui sépare et qui divise, de même qu'à la volontéqui cherche à soumettre l'objet à ses propres intérêts.

Tout ce qui est libre, indépendant, infini, conforme à laseule nécessité de son concept, peut être dit beau.

De plus, un bel objet est vrai, puisqu'il est conforme àson être.

Cela implique qu'aucun organisme vivant ne pourra être beau, parce que soumis au besoin, il n'a pasde véritable liberté.

Seule la beauté artistique peut être accomplie : elle représente l'idéal.

L'idéal est soustraitde la vie quotidienne imparfaite et inauthentique.

Il incarne l'universel dans l'individualité absolument libre etsereine : le symbole en est l'individualité apollinienne, perfection d'harmonie et de forme, sérénité conquise surla douleur.

En un sens, cette beauté idéale est hors du temps et de l'histoire, symbole de l'éternité.

Si cetidéal de beauté est désormais révolu, alors qu'il culminait dans l'art grec, c'est que l'organisation sociale et laproduction économique sont devenues prévalentes, soudant les individus dans des rapports de besoin,d'échange et de travail complexes et étroits.

L'Idéal ne peut plus s'incarner dans l'art, il s'est incarné dansl'État et la politique à la fin du XIXe siècle et au cours du XXe siècle.

On peut toutefois remarquer qu'à notreépoque présente, ces deux formations ne semblent plus animées par les aspirations spirituelles les plus hautesdes individus et de la collectivité.

Nous vivons dans l'ère du nihilisme que Nietzsche avait diagnostiquée à lafin du XIXe siècle.

Art et beautéLes canons esthétiques classiques interdisent à une oeuvre de représenter la laideur. C'est à partir du XVIe sous l'impulsion de la redécouverte de la culture gréco-latine et de l'esthétique grecqueimitée par les Romains et surtout au XVIIe que la question du beau fait l'objet d'un examen particulier, de lapart des artistes et des philosophes.

Il revient donc à l'esthétique de la Renaissance et du XVIle, appeléeclassique, d'avoir dégagé les règles de production du bel objet.

L'inspiration en est platonicienne.

S'inspirantde la théorie platonicienne du beau ( attention: absolument pas de sa critique de l'art bien que celle-ci enraison de son ambiguïté ait permis la réconciliation de l'art et du beau opérée par l'esthétique classique),l'esthétique classique considère le beau comme une réalité qui existe par soi.

Le beau existe et une fleur ouune oeuvre d'art sont belles parce que la beauté est présente en elles.

Elles ne sont pas belles pour nous maisen elles-mêmes.

Elles ne sont pas belles parce que nous les trouvons belles; nous les trouvons belles parce. »

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