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L'ART EST-IL AU SERVICE DU BEAU ?

Publié le 28/03/2004

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Corrigé envoyé par:  Laure Lauriston Classe: TS3 Année: 2002-2003 Corrigé demandé en échange: Quelle conception de l'homme l'hypothèse de l'inconscient remet-elle en cause ? L'ART EST-IL AU SERVICE DU BEAU ? Longtemps, le même homme s'est proclamé artisan, artiste, technicien, parfois même ingénieur ou entrepreneur. Longtemps, les qualités techniques de production, la nature des matériaux ont été les critères premiers de la valeur esthétique d'un objet. Un temple, une cathédrale, un château rassemblaient l'ensemble des savoir-faire technologiques d'une époque. C'est dire que la séparation que nous établissons aujourd'hui entre technique, artisanat, industrie, beaux-arts est un fait récent. Est-ce un fait définitivement acquis ? LA CONCEPTION ANTIQUE: L'ART COMME SIMPLE TECHNIQUE Longtemps, l'art et le beau ont formé deux sphères distinctes, ne se recoupant que sur une frange étroite. L'art, pendant des millénaires, c'est essentiellement la technique, c'est-à-dire l'ensemble des moyens artificiels utilisés par l'homme pour produire des objets. Dans cette perspective, le métier de peintre ou de sculpteur est un métier parmi d'autres : produire du beau n'est pas essentiellement différent que fabriquer des chaises, ou faire du pain.

« L'ART, COMME EXPÉRIENCE ESTHÉTIQUE La prise de conscience d'une beauté enracinée dans la subjectivité humaine se fait jour progressivement jusqu'auXVIIIe siècle.

Le problème n'est pas simple; il s'agit de montrer que le beau peut relever d'une sensibilité individuelle,tout en affirmant qu'il ne se réduit pas au caprice ni à l'arbitraire d'une émotion individuelle.

Le beau relève del'exercice d'une faculté que le XVIIIe siècle nommera le goût.

Ainsi naît ce qu'on appelle l'esthétique, terme créé parle philosophe allemand Baumgarten (1714-1762).

Un mouvement s'amorce, qui va progressivement resserrer les deuxsphères de l'art et du beau, au point, pour un court moment de l'histoire, de les faire coïncider : 1) il n'y a de beau que par l'art;2) l'art est le seul habilité à produire du beau, quand bien même ce beau ne serait pas agréable. Pour Kant, le beau se laisse définir par un paradoxe : le beau est ce qui plaîtuniversellement sans concept.

Sans concept signifie qu'aucune règle,qu'aucun calcul mathématique ne peut définir le beau.

Non pas que ces règlessoient inexistantes (toute école artistique en contient inévitablement, toutstyle en vit) ; mais aucune de ces règles n'est suffisante pour justifier lebeau.

Universellement signifie : nous devons pouvoir, sinon en fait, du moinsen droit, réclamer que toutes les autres subjectivités nous accompagnentdans notre expérience du beau.

Réclamer ne veut dire ni supplier ni ordonner,mais : attendre, espérer, avoir foi dans le jugement de l'autre.

Démentie millefois par l'expérience, cette exigence demeure au fondement de la révélationdu beau : pour les choses agréables, je veux bien qu'elles le soient pour moiet non pour toi ; mais concernant les choses que je trouve belles, je penseque tu devrais, toi aussi, les trouver belles.

Comment faire se rencontrer desjugements de goût, alors que rien d'objectif ne les lie ? L'objet qu'on jugebeau, c'est l'objet qui fait jouer en nous nos facultés, et qui les fait jouer,comme par miracle, à l'unisson.

Le beau, c'est une harmonie en nous, quis'offre comme une harmonie dans l'objet.

Ce jeu des facultés humaines[sensibilité, imagination, entendement, raison) mime à la fois la nécessité dela nature (quand une oeuvre est réussie, elle semble nécessaire, on doit avoirl'impression que pas un seul détail ne peut être changé), et la liberté de lavolonté humaine (on doit avoir l'impression d'un jeu, d'une liberté créatrice).Il revient à Hegel de franchir le deuxième pas : c'est dans la production de l'art qu'il faut placer le beau.

Aucune beauté naturelle ne peut valoir la beauté d'un clou, ou du moindre marteau.L'une est involontaire, l'autre est réfléchie.

Le beau ne peut être qu'une production humaine. L'ART CONTRE LE BEAU L'artiste moderne revendique l'art de métamorphoser n'importe quel objet trivial en beauté.

Manet peint des hommesen redingote noire, Van Gogh peint des godillots de paysans, Toulouse-Lautrec peint des prostituées...

Peindre, cen'est plus servir un Beau qui existerait devant soi, c'est essayer de sauver le monde tel qu'il est, pour lemétamorphoser.

Mais la crise contemporaine refuse cette solution : c'est la métamorphose elle-même qu'elleconteste.

On voit apparaître, du côté de l'art, comme une « haine du beau ».

On peut avancer deux raisons : La première concerne l'utilisation bourgeoise du beau : le beau y est conçu comme façade destinée à nier la réalité ;la forme est destinée à masquer le fond.

La volonté de cacher les poutres d'acier derrière des façadesnéogothiques, néoclassiques..., relève de la même conception. Cette tendance s'affirme au plus haut point dans les expériences totalitaires du XXe siècle.

Les réalismes fasciste,nazi, stalinien, mettent en avant des beautés classiques, dont s'est nourri l'humanisme, dans des buts anti-humanitaires.L'art s'est-il définitivement ou provisoirement détaché du beau ? Cette crise est-elle passagère ? Et si le beau n'estplus la préoccupation principale de l'art, de quoi l'activité artistique doit-elle témoigner?. »

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