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L'art modifie-t-il notre rapport à la réalité ?

Publié le 17/01/2022

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Dans Balzac et la petite tailleuse chinoise, Dai Sijie met en scène deux adolescents déportés durant la révolution culturelle chinoise. L'un des deux adolescents, Luo tombe amoureux de la fille du tailleur de la ville la plus proche. Alors que leur relation s'approfondit, le narrateur et Luo découvrent une malle remplie de livres interdits. Les livres leur permettent de s'évader vers l'Europe du XIXe siècle. Luo voulant faire partager son secret avec la petite tailleuse fait alors le serment qu'avec ces livres, « je transformerai la petite tailleuse. Elle ne sera plus jamais une simple montagnarde «. À la fin du récit, la petite tailleuse, métamorphosée, s'enfuit à la recherche d'hommes meilleurs. Elle s'expliquera en disant que Balzac lui a fait comprendre une chose : « la beauté d'une femme est un trésor qui n'a pas de prix «. Si l'oeuvre de Balzac a bouleversé la petite tailleuse, la question se pose de savoir si l'art est un vecteur de changement  et s'il peut ainsi modifier notre rapport à la réalité ? Pour y répondre, nous partirons du principe que l'homme est un être esthétique, sensible au beau. Il est à l'origine d'une pensée créatrice qu'il matérialise en produisant de l'art. Ici nous nous intéresserons aux Beaux-arts, ceux qui visent à transformer la nature ou la matière à des fins esthétiques. Ainsi, « Art « désigne l'ensemble des productions humaines destinées à plaire. La « Réalité « est définie comme l'ensemble des faits et des choses qui ont une existence concrète, sans illusion. Il s'agit d'étudier les effets de ces productions humaines sur notre perception de l'ensemble de « ce qui est «. Nous verrons, tout d'abord, que l'influence de l'Art semblerait secondaire, vis-à-vis de notre rapport au réel pour ensuite montrer qu'elle est effective et essentielle. Enfin nous examinerons la frontière entre art et réalité.

Voyons, tout d'abord, que c'est la connaissance du réel qui rend possible l'Art. 

 

On dit souvent, en guise de gage de qualité, que tel roman ou tel film nous a permis de nous évader. L’art, par les sentiments qu’il éveille en nous, semble ici modifier notre rapport à la réalité, puisqu’il nous la fait oublier. Pourtant, l’émotion esthétique ne relève pas de la pure distraction ou du simple amusement : l’œuvre d’art fait aussi appel à notre esprit, à notre réflexion. C’est bien là le signe que l’art n’est pas qu’un jeu d’illusionnistes. L’expérience esthétique nous modifie, nous enrichit en nous dévoilant une certaine vérité jusque-là masquée par notre rapport à la réalité quotidienne.
 D’où le problème : l’art, en tant que production humaine, modifie-t-il réellement la qualité de notre rapport à la réalité concrète ? Autrement dit, permet-il de changer la vie, ou bien est-ce le jugement, l’état d’âme que suscite en nous l’œuvre d’art qui modifie notre manière d’appréhender et de comprendre le monde, l’œuvre d’art devenant dans ce cas inutile et donc sans “ efficacité ” ?
 

« L'art pour l'art - La lutte contre la fin en l'art est toujours une luttecontre les tendances moralisatrices dans l'art, contre la subordinationde l'art à la morale.

L'art pour l'art veut dire : « Que le diable emportela morale ! » - Mais cette inimitié même dénonce encore la puissanceprépondérante du préjugé.

Lorsque l'on a exclu de l'art le but demoraliser et d'améliorer les hommes, il ne s'ensuit pas encore que l'artdoive être absolument sans fin, sans but et dépourvu de sens, en unmot, l'art pour l'art - un serpent qui se mord la queue.

"Être plutôt sansbut, que d'avoir un but moral!" : ainsi parle la passion pure.

Unpsychologue demande au contraire: que fait toute espèce d'art ? Neloue-t-elle point ? Ne glorifie-t-elle point ? N'isole-t-elle point ? Avectout cela l'art fortifie ou affaiblit certaines évaluations...

N'est-ce làqu'un accessoire, un hasard? Quelque chose à quoi l'instinct de l'artistene participerait pas du tout ? Ou bien la faculté de pouvoir de l'artisten'est-elle pas la condition première de l'art ?L'instinct le plus profond de l'artiste va-t-il à l'art, ou bien n'est-ce pasplutôt au sens de l'art, à la vie, à un désir de vie ? - L'art est le grandstimulant de la vie: comment pourrait-on l'appeler sans fin, sans but,comment pourrait-on l'appeler l'art pour l'art ? Situation. Nietzsche s'est toujours intéressé aux questions de l'art: aussi bien dans son interrogation sur la « Naissance de latragédie » (1872) que sur l'oeuvre musicale de Wagner qui l'a tant fasciné et dont il a tant de mal, dans LeCrépuscule des idoles (1889) à se déprendre.En fait, la tournure aphoristique de ses oeuvres lui fait rencontrer sans cesse, sous forme de notations brèves etsouvent provocantes la question de l'art, quitte à se reprendre d'un texte à l'autre, et pourquoi pas à se contredire.De toute façon, il excelle à épouser la thèse de son adversaire imaginaire, puis à se retourner brusquement, et à enmontrer l'inanité.

C'est le cas de ce texte où il se montre d'abord partisan de la notion de l'art pour l'art, pourmontrer par la suite que l'art est toujours l'expression du désir. Remarques pédagogiques. L'erreur serait ici d'interpréter à la lettre ce texte et de croire que Nietzsche s'oppose totalement à l'art pour l'art.Au contraire, il fait sienne la nécessité de débarrasser l'art de toute fonction moralisatrice.

Cependant, il affirme quela théorie de l'art pour l'art laisse échapper la signification véritable de l'art. Introduction Nietzsche s'interroge sur la fonction de l'art en avançant la thèse : l'art est le stimulant de la vie. 1.

Ceci en partant de la notion d'« art pour l'art » conçuecomme mise en question d'une fin « moralisatrice » de l'art. 2.

Mais débarrasser l'art d'une finalité moralisatrice n'empêche pas l'art de remplir une fonction. 3.

L'art a un sens : c'est l'exaltation du désir de vie. Développement. 1.

La notion d'« art pour l'art » est posée d'emblée par Nietzsche comme thème de sa « considération ».

C'est unthème qui renvoie à l'actualité des débats de l'histoire littéraire de son temps qui oppose dans la littérature lestenants du réalisme à la Zola, aux partisans de l'art pour l'art, Comme Mallarmé. Mais, plus que témoin, Nietzsche dégage la signification d'une telle théorie, comme prise de position contre: affirmer« l'art pour l'art », c'est non seulement dire que l'art a sa fin en lui-même, c'est encore plus soutenir qu'il n'y a pasde finalité moralisatrice de l'art.

Nietzsche le fait en soulignant fortement la présence de luttes dans le champ desthéories artistiques: une théorie n'est pas seulement une affirmation, elle est aussi négation, une pièce de guerrecontre « la lutte contre la fin de l'art », « la lutte contre les tendances moralisatrices ». Cette revendication de « l'art pour l'art » est donc, selon Nietzsche, positive.

A double titre: comme purificatrice parrapport à des orientations extérieures à l'art (« les tendances moralisatrices », où l'ordre social tented'instrumentaliser l'art); comme libératrice par rapport à une soumission (« une subordination de l'art à la morale »).La force du propos de Nietzsche est de traduire l'expression relativement neutre de « l'art pour l'art » en un mot. »

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